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Sud Quotidien | Sénégal | 17/05/2017 | Lire l'article original
L’évacuation sanitaire constitue, à côté de la formation du personnel médical et paramédical, les principaux axes de la coopération avec l’Afrique. Mais certainement pas le plus aisé, ayant des exigences extra médicales, particulièrement, sur les plans psychologique et humain.
Ces exigences, inhérentes à la nature même de l’évacuation sanitaire ou médicale, signifiant le transport par une unité aérienne terrestre ou navale d’une personne souffrant d’un problème de santé sont à prendre en compte par la Tunisie qui, selon les termes employés par Smira Merii, ministre de la Santé, « constitue, plus que jamais, sur le plan continental, un site d’évacuation sanitaire », tout en œuvrant à rayonner chapitre formation du personnel médical, paramédical et pharmaceutique.
D’ailleurs, aussi bien la partie tunisienne que les futurs partenaires africains sont conscients des difficultés liées à l’évacuation sanitaire. Comme l’a clairement exprimé Dr Nicolas Méda : « Les difficultés en la matière demeurent encore, mais à la suite de l’annonce de la ministre ce matin, je suis rassuré quant au fait que les difficultés seront aplanies. L’engagement de la partie tunisienne à encadrer mieux le circuit de l’évacuation nous encourage et nous conforte donc dans notre position de cibler la Tunisie comme axe prioritaire des évacuations sanitaires. Je souhaite vivement que ce colloque soit le point de départ d’une riche collaboration entre les différents acteurs mais aussi de dégager une opportunité des perspectives nouvelles pour une meilleure prise en charge des malades et pour une meilleure formation de nos spécialistes et des acteurs de la santé dans notre pays grâce à la plate-forme qu’offre la Tunisie en la matière ».
Force, cependant, est de reconnaître que l’évacuation sanitaire est une activité assez délicate qui exige un apprentissage continu mais également la prise en compte des spécificités humaines de l’Afrique où « les choses se construisent doucement et où la relation humaine et la chaleur humaine sont des choses importantes », comme il ressort de la communication du docteur Néjib Soussia, intitulée : « Evacuation sanitaire en Afrique, une expérience tunisienne ».
Présenté par le docteur Ahmed Rekik, comme étant « Le leader africain de l’évacuation sanitaire, puisqu’il est installé à Douala au Cameroun depuis 36 ans », Dr Soussia a enrichi les travaux du colloque tuniso-africain « Sfax, pôle de santé », par un exposé fort édifiant dans lequel il a présenté sa longue expérience de pionnier dans le domaine de la médecine extra hospitalière au Cameroun et en Afrique Centrale : « Je pense qu’il y a une véritable complémentarité entre la Tunisie et l’Afrique. Nous avons des choses à enseigner. Notre expérience peut être utile. Nos frères africains, cependant, n’ont pas besoin de leçons mais simplement de notre expérience pour faire la leur. Notre expérience aujourd’hui peut se résumer à plus de 450.000 opérations réussies durant cette période de 30 ans, en dépit des difficultés les plus diverses. L’évacuation est un métier, un savoir-faire complémentaire mais différent de la médecine. Les maîtres mots de cette expérience sont au nombre de trois : la conviction, l’exigence et la persévérance. Si on veut aller vite en Afrique, on trébuche et on tombe. La seule leçon de vie que j’aie, peut-être, apprise en Afrique, c’est le mépris du temps ».
Dr Soussia a surtout mis en garde contre toute forme de négligence ou de carence, insistant sur l’exigence de qualité : « Nous n’avons pas le droit d’exporter la médiocrité. La Tunisie a une expertise réelle à exporter vers l’Afrique, c’est l’excellence de ses compétences médicales et de son plateau technique. Nous devons exporter ce que nous avons de meilleur. Et c’est comme ça qu’on est perçu et c’est pour ça qu’on est apprécié et qu’on peut se démarquer de tout ce qui se passe, c’est-à-dire des courtiers de malades qui se succèdent en Afrique ».
Après avoir exhorté les investisseurs à se départir du manque d’initiative et de l’attitude attentiste qui leur font perdre des opportunités intéressantes, en dépit des risques encourus, le docteur Nejib Soussia a mis l’accent sur la nécessité de traiter avec les partenaires africains sur un pied d’égalité.
D’un autre côté, il a n’a pas manqué de mettre les points sur les i et d’avertir : « Il faut avoir aussi conscience que l’évacuation sanitaire n’est pas la panacée, c’est la solution des années 70. Il faut déjà la comprendre. Vue de l’Afrique, c’est un constat d’échec, pour plusieurs raisons. En effet, socialement, un malade évacué est quelqu’un de déstabilisé. Malgré la qualité de l’accueil, il se sent toujours étranger, car il n’est pas chez lui. Economiquement c’est une charge malgré les coûts compétitifs que la Tunisie peut présenter, étant donné que cela constitue une hémorragie financière pour le payeur. Médicalement parlant, c’est une frustration, c’est un constat d’échec sachant que le médecin en Afrique ne demande pas l’évacuation sanitaire de gaieté de cœur et c’est à cette frustration qu’il faut apporter des réponses durables. Enfin intellectuellement, c’est une succession d’opérations qui se renouvellent avec chacun des malades. Donc il faut être plus imaginatif et comprendre qu’une simple évacuation sanitaire est incontournable mais qu’elle demeure incomplète ».
Le communicateur a enfin clos son intervention par un message rassurant : « Il ne faut pas avoir peur de l’Afrique où nous sommes capables de faire valoir nos compétences, imprimer notre griffe de qualité, entre autres, au niveau de l’accueil, qui est une tradition culturelle, et agir dans un esprit d’osmose avec nos partenaires ».
Il s’est dit lui-même rassuré par l’effort qui est en train d’être entrepris pour créer et améliorer le cadre qui garantit à toutes les parties prenantes que ce soit les opérateurs en Tunisie, les partenaires en Afrique, les malades eux-mêmes, « Pour que tout le monde soit protégé par un système qui ne soit plus un petit peu sauvage ou débridé ».
Taieb LAJILI
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