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Lutter contre la faim et toutes les formes de malnutrition : faire le plein d’optimisme et réaffirmer son engagement dans la lutte contre la faim en Afrique

lejecos | Sénégal | 19/02/2018 | Lire l'article original

« La sagesse est telle un baobab - personne ne peut l'embrasser. » Ce proverbe africain peut aussi s’appliquer à la lutte contre la faim en Afrique. Agir de manière collective est essentiel si l’on veut faire de la Déclaration de Malabo (mettre un terme à la faim d’ici 2025) et de l’Objectif de développement durable numéro 2 (éradiquer la faim et la malnutrition sous toutes formes et promouvoir l’agriculture durable) une réalité.

Du 19 au 23 février 2018, la FAO organise la 30eme conférence régionale pour l’Afrique à Khartoum, au Soudan, où plusieurs ministres africains et autres parties prenantes se réuniront afin de passer en revue les réussites, défis et priorités associés au développement durable de l’agriculture et des systèmes alimentaires. Il est encourageant de constater que certaines régions du continent ont réalisé des progrès remarquables, néanmoins des défis importants demeurent.

L’édition 2017 du rapport sur l’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde révèle que le nombre de personnes sous-alimentées en Afrique subsaharienne en 2016 s’élevait à près de 224 millions, soit une hausse de 24 millions par rapport à 2015. Cela signifie que 23% de la population en Afrique subsaharienne, soit près d’un africain sur quatre, souffrait de sous-alimentation. Cependant, si l’on compare ces chiffres avec le pourcentage de cas de sous-alimentation enregistrés en 2000 (28%), cela démontre néanmoins une baisse relative.

La hausse des souffrances liées à la faim en Afrique subsaharienne en 2016 s’explique en grande partie par les conflits et les impacts du changement climatique comme par exemple la sécheresse prolongée qui a touché les zones rurales de plusieurs pays. Les faibles niveaux de productivité, la faiblesse des chaînes de valeur et une grande vulnérabilité face aux crises ont également contribué à affecter de manière négative les systèmes alimentaires et agricoles ainsi que les moyens d’existence ruraux, et en particulier les personnes les plus pauvres.

Il est également important de noter que l’objectif de l’ODD 2 est d’éradiquer toutes les formes de malnutrition. Cet objectif n’est pas anodin. Nous sommes aujourd’hui confrontés à une épidémie mondiale de surpoids et d’obésité.

La situation est également préoccupante en Afrique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 30% des adultes en Afrique sont en surpoids. Les taux d’obésité atteignent 10% dans certains pays tels que la Sierra Leone et le Libéria. De plus, près de 41 millions d’enfants à travers le monde âgés de moins de cinq ans sont en surpoids. Un quart de ces enfants vivent en Afrique.

Une urbanisation rapide et la consommation d’aliments fortement transformés ont énormément contribué à cette augmentation des cas de surpoids et d’obésité. Souvent, les gens ne sont pas conscients que certains aliments sont malsains et ne considèrent pas le surpoids comme un problème.

Le défi est maintenant de promouvoir des régimes alimentaires sains face à une urbanisation qui tend à favoriser une transition alimentaire orientée vers des aliments de plus en plus transformés. Chaque pays doit se concentrer sur deux fronts en particulier : la production et la consommation d’aliments sains. Il s’agira notamment de faire la publicité des bons produits alimentaires et de donner plus informations à ce sujet. Les gens doivent être conscients des points positifs et négatifs liés à leur alimentation et doivent être encouragés à opter pour une alimentation plus saine.

Mettre la jeunesse africaine en première ligne

L’emploi des jeunes demeure l’un des plus grands défis de la région. Selon les estimations, le nombre de personnes âgées de 15 à 24 ans en Afrique subsaharienne augmentera fortement pour dépasser les 90 millions d’ici 2030, et la plupart d’entre eux vivra en zone rurale. Donner à ces jeunes un emploi décent est non seulement crucial pour leur futur mais aussi pour le futur du continent.

La majorité des jeunes africains vivant en milieu rural exercent au sein de l’économie informelle en tant que travailleurs familiaux, agriculteurs de subsistance, micro-entrepreneurs à domicile ou encore travailleurs non qualifiés. Leurs revenus est généralement très faible, ils travaillent dans le cadre d’arrangement occasionnels ou saisonniers et font souvent face à des conditions de travail risquées et abusives qui poussent nombre d’entre eux à migrer vers les zones urbaines.

Les activités agricoles et non-agricoles possèdent un potentiel énorme pour résoudre le problème du chômage chez les jeunes en Afrique. Davantage d’efforts sont pourtant nécessaires afin de transformer les économies rurales. Des transformations réussies et inclusives permettront de favoriser la productivité agricole, la transition des personnes et des ressources issues du domaine agricole vers le domaine industriel, la fabrication et les services et facilitera une forte hausse du revenu par habitant tout en contribuant nettement à réduire la pauvreté et les souffrances liées à la faim.

Continuer à travailler pour atteindre l’objectif faim Zéro

Nous avons toujours de bonnes raisons d’être optimistes et de croire que l’éradication de la faim d’ici 2030 est encore possible.
La volonté politique est toujours d’actualité. Elle a même été renforcée. Les Nations Unies menées par son Secrétaire général Antonio Guterres, ont décidé de davantage se concentrer sur les impacts des conflits à travers leurs opérations de maintien de la paix.

Face au changement climatique, le Fonds vert pour le climat a été mis en place. Grâce à cette structure, les pays en développement auront accès aux ressources nécessaires pour mettre en œuvre les pratiques intelligentes face au climat dont l’objectif principal est de s’adapter au changement climatique.

Par ailleurs, de plus en plus de signes laissent à penser que l’économie mondiale est en train de se relancer, ce qui permettrait de créer des conditions favorables au développement.

Il y a quelques semaines, en marge du Sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Addis Abeba, j’ai réaffirmé aux chefs d’Etats et de gouvernements présents qu’atteindre l’objectif Faim Zéro était toujours possible. Pour cela, il est essentiel que les gouvernements, le secteur privé, la société civile, l’Union Africaine et les Nations Unies renforcent leur engagement afin de promouvoir la paix, les droits de l’homme et le développement durable.

José Graziano da Silva, Directeur-général de la FAO avant la Conférence régionale pour l’Afrique
Khartoum, Soudan, Février 2018

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