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Sud Quotidien | Sénégal | 08/06/2018 | Lire l'article original
Le secteur de la santé est en ébullition. Depuis l'année 2018, les syndicats accumulent des mouvements d'humeurs afin de faire entendre leurs revendications qui tournent autour du paiement des arriérés de salaires, du maintien des acquis ou encore de l'avancement dans leur profession. Au même moment, la population craint pour sa santé.
Les acteurs de la santé sont très remontés contre le gouvernement mais aussi contre certains employeurs du privé. Depuis quelque temps, il ne se passe pas une semaine sans qu'une entité de la santé ne se lève pour décrier les conditions dans lesquelles, elle évolue. Si aujourd'hui, la plateforme And Geusseum court derrière l'Etat pour le paiement des arriérés des salaires des travailleurs du plan Jica et Cobra ainsi que leur plan de carrière, d'autres comme les travailleurs de l'institut Pasteur craignent pour leur emploi. Ces derniers n'hésitent pas à le faire comprendre à chaque fois que l'occasion se présente.
« Nous avons décidé de porter le combat des travailleurs de la santé dans cette plateforme And Geusseum, pour un élan unitaire concernant nos différents points de revendication. Il y a eu plusieurs rencontres avec le gouvernement et des promesses. Mais jusqu'à présent rien de concret », se désole Sidiya Ndiaye de cette coalition. Dans le cadre de leur plan d'action, la coalition syndicale Sutsas/ Sudtm And Geusseum en est à son cinquième mouvement depuis le 22 mai. La coalition a par la suite déposé un autre préavis de grève devant couvrir toute l'année en cours.
Sidya Ndiaye et ses camarades ont ainsi décidé de faire de la rétention d'informations sanitaires et de boycotter certains programmes du gouvernement. « Nous sommes toujours sur la rétention d'informations. On consulte mais on garde les données pour nous. C'est juste pour montrer au gouvernement qu'il ne peut pas évoluer sans nous, mais aussi l'amener à nous payer nos salaires », a laissé entendre un médecin membre de la plateforme sous le couvert de l'anonymat.
Dans un autre registre, les médecins en spécialisation se sont aussi fait entendre. Au cours d'un point de presse au mois de mai, ils ont décidé de boycotter les gardes au niveau des hôpitaux. Ces derniers exigent aussi du gouvernement le paiement de leur bourse de spécialisation qui s'élève à 300 mille FCfa par mois. Aujourd'hui encore, le secteur privé est entré dans la danse. Les travailleurs de l'institut Pasteur ont porté des brassards rouges avant-hier, mercredi. Ils luttent pour la préservation de leurs acquis. « L'administration a décidé de revoir nos salaires à la baisse ou de faire partir certains travailleurs. Ce que nous n'admettons pas. Nous voulons nos emplois, raison pour laquelle on se manifeste pour dire non à cette décision arbitraire », a déclaré un des responsables du syndicat de cette institution.
Dans d'autres hôpitaux des tensions sévissent. Si ce n'est pas pour exiger le paiement des arrières de salaires, c'est pour le paiement des dettes de l'Etat dues aux structures de santé. Dernière structure en crise, l'hôpital Abass Ndao où les travailleurs, en sit-in hier, ont décrété une grève de 48 h à partir de mardi prochain. Ils dénoncent l'attitude de leur conseil d'administration qui aurait pris des décisions qui alourdissent davantage les charges de l'hôpital.
Au niveau des responsables syndicaux c'est aussi le même son de cloche. « Le remboursement de la dette de la Couverture maladie universelle (Cmu) aux structures de santé tarde à prendre forme. Ce qui fait que les hôpitaux sont endettés et les soins ne peuvent pas se dérouler normalement ». Dans cette situation où à tout moment la tension peut se corser, la population craint pour sa santé.
Par Denise Zarour Medang
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