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Revue de presse de santé tropicale

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Dr Doudou Sene, coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme : « Le Sénégal pourrait éliminer le paludisme si les tendances se poursuivent »

Le soleil | Sénégal | 03/06/2019 | Lire l'article original

Le Sénégal a franchi des pas dans sa marche vers l’élimination du paludisme. Le taux de prévalence parasitaire a baissé de 5,9 % à 0,4 %. Ce chiffre et d’autres indicateurs font croire au Dr Doudou Sène, coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), que le pays pourrait vaincre cette maladie si les tendances se poursuivent.

Le Sénégal a célébré la Journée mondiale de lutte contre le paludisme couplée au lancement de la campagne de distribution des moustiquaires imprégnées. Pouvez-vous nous faire le point de la lutte contre cette maladie ?

Le ministère de la Santé, à travers le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), se félicite des bons résultats enregistrés. Je voudrais rappeler que le Pnlp a été créé en 1995. Avec nos partenaires, nous nous sommes fixés l’objectif d’éliminer le paludisme en 2030. Nous espérons que le Sénégal sera au rendez-vous. Les tendances actuelles ont montré que le paludisme a beaucoup reculé. Les dernières statistiques de l’Enquête démographique de santé (Eds) ont démontré qu’il y a une baisse considérable de la prévalence parasitaire, laquelle a diminué de 5,9 % à 0,4 %. Toutefois, cette baisse cache des disparités. Le nombre de cas est encore non négligeable dans la zone sud et sud-est (Kédougou, Kolda et Tambacounda) où les prévalences restent élevées.

Par contre, nous parlons de pré-élimination au nord. Nous pouvons aller vers l’élimination s’il n’y a pas de perturbations majeures. Donc, le Sénégal pourrait éliminer le paludisme si les tendances se poursuivent. Au nord, la prévalence est inférieure à 1 % dans les régions de Saint-Louis, Matam et Louga, mais aussi dans une partie des régions de Thiès et Dakar. Ces résultats ont été obtenus grâce à plusieurs stratégies.

Quel est l’apport de la recherche dans la maîtrise de la prévalence ?

Les institutions de recherche ont largement contribué à l’élaboration des stratégies. Je rappelle que c’est en 2007 que le Sénégal a introduit les Tests de diagnostic rapide (Tdr). Ils ont permis de faire la distinction entre les fièvres et le paludisme. Ces outils ont aidé à avoir une précision sur le taux de prévalence et la morbidité. Le grand challenge, c’est comment réduire l’incidence du paludisme dans la zone sud. C’est pourquoi nous avons mis en place des Unités de coordination avancée qui nous permettent d’être beaucoup plus proches des acteurs de terrain pour l’identification des cas et de venir à bout du paludisme. C’est pour cette raison que l’Unité de coordination avancée de la zone sud a été ouverte. A l’occasion, des acteurs ont été formés en paludologie. Ils mèneront des recherches qui serviront à aller vers la pré-élimination. Nous allons ouvrir également des unités dans les zones de pré-élimination (les localités du nord) où nous menons des investigations de cas. Quand nous avons un seul cas dans un village, nous cherchons les causes en détectant le paludisme parce que la maladie peut ne pas se manifester alors que la personne a le parasite. Nous utilisons aussi des tests ultrasensibles qui détectent de faibles taux de parasites dans le sang. C’est sur cette base que nous administrons un traitement pour éviter que la maladie ne se propage au sein de la communauté. D’ailleurs, nous avons un volet renforcement au niveau communautaire. Les agents issus des communautés avec la Pecadom (Prise en charge du paludisme à domicile) sont formés sur la réalisation des Tdr.

Le paludisme n’est pas un problème majeur au Sénégal si l’on se fie au taux de prévalence parasitaire. N’est-il pas nécessaire d’aller vers une synergie des actions avec les pays frontaliers ?

Tout à fait ! Le Sénégal ne pourra pas atteindre l’objectif d’élimination du paludisme tout seul. C’est dans ce sens que nous avons signé un mémorandum d’entente avec la Gambie pour pouvoir mener ensemble la lutte. La première grande activité inscrite dans ce mémorandum est la synchronisation de la campagne de distribution des moustiquaires sur l’ensemble du territoire national. C’est dans cette logique que nous avons aussi pris la décision de procéder au recensement au niveau des frontières avant de se diriger vers l’intérieur du pays. Des villages qui ne sont pas accessibles du côté du Sénégal seront pris en charge par la Gambie. Il en est de même pour les villages gambiens plus proches des structures sanitaires sénégalaises. La deuxième phase du partenariat concernera les autres pays de la sous-région, notamment la Guinée-Bissau, la Guinée, le Mali et la Mauritanie. Toutes les stratégies sont en train d’être mises en place, pour que le Sénégal puisse vaincre le paludisme.

Est-ce que les collectivités territoriales participent à la lutte ?

L’implication des collectivités territoriales est nécessaire. Le secteur de la santé ne peut pas venir, lui seul, à bout du paludisme. Les collectivités territoriales devaient s’engager à travers leur plan opérationnel de santé en élaborant des plans d’action structurelle orientés vers la lutte contre le paludisme. Aussi, l’implication de plusieurs secteurs est nécessaire pour arriver à l’élimination.
Propos recueillis par

Eugène KALY

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