Les besoins en cardiologie interventionnelle ont poussé les spécialistes à demander l’ouverture d’une deuxième salle. La première, construite par l’Etat, est insuffisante pour gérer le flux de patients. Inaugurée par le Président Macky Sall en janvier 2015, la salle de cardiologie interventionnelle de l’hôpital Aristide Le Dantec ne permet pas aux cardiologues de prendre en charge les malades dans de meilleures conditions.

« Cette salle est amortie. Elle fonctionne pratiquement 24 heures sur 24. Elle a dépassé le cap des 2.527 coronarographies et presque autant d’actes de stimulation cardiaque. Nous ne devons pas attendre qu’elle soit complètement amortie pour faire la demande », a plaidé le Pr. Serigne Abdou Bâ, ancien chef du Service cardiologie de l’hôpital Aristide Le Dantec. Il a ainsi suggéré d’acquérir une nouvelle unité de cardiologie interventionnelle. Il s’exprimait, le 7 novembre dernier, lors de l’ouverture des deuxièmes journées de cardiologie de l’hôpital Aristide Le Dantec.

Comme pour appuyer cette demande, le directeur de l’Hôpital Aristide Le Dantec, Dr Babacar Thiamdoum, a confirmé que des malades ont été sauvés grâce à l’angiographie. Pour cette raison, « nous allons travailler à acquérir cette deuxième salle d’angiographie, parce que nous avons l’obligation morale, éthique et patriote de soulager des patients », a-t-il promis.

L’ouverture d’une deuxième salle offre plus de chance de traiter plus de Sénégalais. La preuve : le Pr Abdou Bâ a estimé qu’il faut, au minimum, 5 millions de FCfa pour évacuer un sujet nécessitant une coronarographie vers la France ou les pays du Maghreb. Ce montant comprend, entre autres, le billet d’avion, l’hôtel, la restauration… « Si vous avez 300 malades à évacuer, cela équivaut au coût d’acquisition d’une salle de 1,5 milliard de FCfa », compare l’universitaire. Le Pr. Serigne Abdou Bâ a révélé que les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mortalité et de morbidité dans le monde.

Accumulation des facteurs de risques

Cette tendance s’explique par le vieillissement de la population et l’accumulation des facteurs de risques qui ont pour nom : le diabète, l’hypertension artérielle, le tabagisme, le stress, le cholestérol. « Tous ces facteurs combinés donnent des maladies cardiovasculaires comme la crise cardiaque », a regretté Pr. Bâ. Il a relevé que l’obstruction des artères se termine souvent par une mort subite ou des complications graves. « Dans chaque famille sénégalaise, il y a au moins un hypertendu. Les statistiques du ministère de la Santé font état de 29,8% d’adultes sénégalais qui sont hypertendus, ce qui veut dire qu’un adulte sénégalais sur 3 est hypertendu », a déduit le cardiologue.

Il a précisé que cette hypertension peut évoluer vers l’atteinte cardiaque, des maladies rénales et l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC). « Heureusement que le Sénégal compte, aujourd’hui, 105 cardiologues. C’est un ratio d’un cardiologue pour 150.000 habitants. Nous faisons mieux que l’Afrique du Sud et le Nigeria, même si nous sommes encore loin des standards de la France. Mais nous sommes sur la bonne voie », a reconnu Pr. Abdou Bâ.
En outre, 92 cardiologues sont en formation à l’école internationale de cardiologie de Dakar dont 50 Sénégalais. Aujourd’hui, dans toutes les grandes villes du Sénégal, il y a au moins un cardiologue.

Le directeur de l’hôpital Aristide Le Dantec, Dr Babacar Thiamdoum, a indiqué que les deuxièmes journées de cardiologie interventionnelle de l’hôpital constituent l’illustration parfaite du caractère avant-gardiste de l’établissement. Le directeur général de la Société Biotronik France, Luck Cheminot, a promis d’appuyer davantage des activités de cardiologie de cet établissement hospitalier.

Eugène KALY

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