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Le quotidien | Sénégal | 07/12/2021 | Lire l'article original
« Sans augmentation massive des taux de vaccination, il est illusoire de parler de reprise, ou de construction d'un avenir plus autonome », selon le nouveau rapport de la Fondation Mo Ibrahim, intitulé « Covid-19 en Afrique : les défis de la reprise ». Lequel relève qu'au Sénégal, « moins de 10% de la population sont entièrement vaccinés ».
Par Dialigué FAYE – Pour une relance effective et durable, les pays africains devraient faire face à plusieurs défis. Mais d'après la Fondation Mo Ibrahim, le défi prioritaire reste l'augmentation de la vaccination contre le Covid-19. «Si l'Afrique ne parvient pas à vacciner 70 % de sa population d'ici fin 2022, elle a peu de chances de surmonter la crise. Or, au 18 novembre 2021, seuls 6,8 % de la population du continent ont été pleinement vaccinés, et cinq pays seulement seront en mesure d'atteindre l'objectif Oms de vacciner 40 % de la population fin 2021. La priorité absolue est donc d'augmenter au plus vite le nombre de vaccinations, en renforçant à la fois l'accès aux doses et la logistique nécessaire. Il faut en outre, en parallèle, et dès maintenant, se mettre en mesure d'accroître les capacités de production locale de vaccins afin de renforcer l'autonomie d'un continent aujourd'hui presqu'exclusivement dépendant de l'approvisionnement extérieur», recommande la fondation.
Cité dans un communiqué, Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation, a déclaré : «Dès avril dernier, nous avons souligné qu'en l'absence d'un taux adéquat de vaccination, le continent africain avait toutes les chances de devenir un parfait incubateur à variants. L'émergence d'Omicron nous rappelle que le Covid-19 demeure une crise globale, dont on ne sortira pas tant que tout le monde ne sera pas vacciné. Et pourtant nous continuons de vivre avec une inégalité démesurée dans l'accès à la vaccination qui pénalise particulièrement l'Afrique.
L'impact massif du Covid-19 en Afrique, sur le plan sanitaire, mais aussi économique et social, a agi comme révélateur des défis complexes qui sont autant d'obstacles sur le chemin de la reprise. J'espère que ce nouveau rapport, qui s'appuie notamment sur les données de l'Indice Ibrahim, sera utile pour tous ceux qui, gouvernements, secteur privé, Société civile, partenaires, ont à cœur de remettre au plus vite notre continent sur la voie de la reprise.»
Au Sénégal, le rapport relève que «moins de 10% de la population sénégalaise sont entièrement vaccinés. L'un des dix acteurs locaux de la chaîne d'approvisionnement des vaccins opérant en Afrique est basé au Sénégal. Seuls six des acteurs africains de cette chaîne disposent actuellement d'une certaine capacité de fabrication de médicaments, le plus souvent à très petite échelle. L'Institut Pasteur de Dakar en fait partie».
La fondation rappelle qu'en «août 2021, le Sénégal et le Rwanda ont signé un accord avec l'entreprise allemande BioNTech sur la production de vaccins antipaludiques et antituberculeux. BioNTech, qui a développé le vaccin Pfizer BioNTech contre le Covid-19, collabore avec l'Institut Pasteur de Dakar et le gouvernement rwandais pour lancer la construction de ses premières usines de production de vaccins ARNm en Afrique d'ici la fin du premier semestre 2022. Le Sénégal est l'un des deux pays africains à avoir fait don de doses de vaccins à d'autres pays du continent, notamment 10 000 doses à la Gambie».
Au-delà de la vaccination, la Fondation présente dix défis-clés dans les domaines de la santé, de la société et de l'économie, qui doivent être relevés de manière à garantir une relance durable et à se préparer aux futures pandémies. Elaboré à partir des données par pays sur dix ans du dernier Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (Iiag) 2020, le rapport fournit les performances et les tendances pour chaque pays africain par rapport à ces dix défis.
Au Sénégal, par exemple, en termes de gouvernance globale, le score obtenu en 2019 est meilleur qu'en 2010, mais le taux de progression ralentit depuis 2015, selon la fondation Mo Ibrahim.
«Le Sénégal est l'un des 15 pays africains où les dépenses publiques de santé sont les plus faibles, puisqu'elles représentaient seulement 4,3 % en 2018. Il est également l'un des 15 pays africains dont les dépenses de santé restant à la charge des particuliers sont les plus élevées, atteignant 55,9 % du total des dépenses courantes de santé en 2018, soit bien plus que la moyenne de l'Afrique subsaharienne (33,3 %) et de la moyenne mondiale (18,1 %)», note le document de la fondation.
Concernant le défi «Filets de protection sociale», le Sénégal se situe dans la moitié supérieure du tableau de classement, y occupant la 20e place pour cet indicateur. Le score pour l'indicateur Filets de protection sociale du Sénégal n'a pas connu d'évolution depuis 2010 ni depuis 2015.
Pour «l'accès à l'énergie», «le Sénégal se situe dans la moitié supérieure du tableau de classement, y occupant la 19e place en ce qui concerne l'indicateur Accès à l'énergie. Ce score s'est amélioré en 2019 par rapport à 2010, avec un taux de progression qui s'accélère depuis 2015».
S'agissant de «l'accès numérique», le Sénégal, d'après le rapport, «occupe la 24e place du tableau de classement pour l'indicateur Accès numérique. Ce score s'est amélioré en 2019 par rapport à 2010, mais le taux de progression ralentit depuis 2015».
Pour l'indicateur «réseau de transport», «le Sénégal figure parmi les dix pays ayant obtenu les meilleurs résultats pour cet indicateur. Il fait partie des cinq pays pour lesquels cet indicateur a le plus progressé depuis 2010. Son score est meilleur en 2019 qu'en 2010, avec un taux de progression qui s'accélère depuis 2015.
Les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) constituent les deuxièmes plus grands promoteurs de l'intégration régionale. Ce bloc a accentué ses efforts depuis 2010, plus que dans n'importe quelle autre région en moyenne. Le Sénégal et le Burkina Faso sont les pays qui encouragent le plus l'intégration régionale au sein du bloc».
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