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Le quotidien | Sénégal | 16/03/2006 | Lire l'article original
Une stratégie novatrice qui consiste à traiter cette question de manière communautaire, à l’échelle du village, en impliquant tous les acteurs : personnels soignants, familles, autorités administratives, religieuses et coutumières…
Elle a été testée dans les sites de Khombole, Thiadiaye, Vélingara et Kédougou pendant dix-huit mois, d’avril 2003 à juin 2004. A l’heure du bilan, le docteur Guèye, superviseur du district sanitaire de Thiadiaye, expose la situation antérieure. «Avant l’action de Basics, les patients souffrant d’Ira étaient traités au niveau des centres et des postes de santé. Les cases de santé n’avaient qu’une mission de prévention et ne prenaient pas en charge le traitement des Ira.» En conséquence, les malades, trop éloignés de ces lieux, n’ont pas accès aux soins. Si bien que 80% des décès des enfants de moins de cinq ans ont lieu à domicile, sans avoir eu la possibilité d’être examinés dans un poste ou un centre de santé.
Outre le problème de la distance, se pose aussi la question du diagnostic de la maladie. Ibrahima Touré, chargé de communication à Ccf Canah, explique que «les difficultés de prise en charge des Ira sont également d’ordre culturel. Les populations font appel à des causes surnaturelles, telles qu’un sort, un mauvais vent ou un esprit, pour expliquer une simple bronchite. Les familles vont d’abord voir les guérisseurs, qui ont traditionnellement les compétences pour régler ce genre de problèmes. Ce n’est qu’ensuite, face à l’échec des remèdes prescrits, que le malade est conduit au poste de santé. Malheureusement, il est souvent trop tard».
Alors la nouvelle stratégie proposée par Basics tente de surmonter ces difficultés. Pour la première fois, des antibiotiques ont été introduits dans les cases de santé, afin de traiter les Ira chez les enfants de moins de cinq ans. A cette fin, 113 volontaires, dont cinquante-trois pour le district de Thiadiaye, choisis par leur communauté, ont suivi une formation. Les agents de santé communautaire (Asc) ont appris à reconnaître les Ira et à les traiter par des antibiotiques. Des matrones ont également suivi des cours pour prendre en charge les accouchements non compliqués. A l’issue de la période de test, un bilan positif a été dressé. Durant ces dix-huit mois, 93% des Ira ont été diagnostiquées et traitées de manière satisfaisante, tandis que 88% des malades ont été correctement suivis dans les districts sanitaires pilotes. Chaque case a été dotée d’une charrette à cheval faisant office d’ambulance, afin d’évacuer les cas sérieux.
«Les cases de santé ont réglé beaucoup de problèmes, comme les accouchements et les maladies infantiles. Nous convoquons également des réunions de sensibilisation, des séances de causeries… Toutes les femmes sont présentes. Elles sont de plus en plus impliquées, et dès les premières signes de maladie, elles réagissent et amènent l’enfant à la case de santé», se félicite Pape Diouf, Asc de la case de santé du village Médine.
Aussi, affirme-t-il, de même que les tradipraticiens ne prennent pas ombrage de son action. «Nous travaillons ensemble. Nous mobilisons l’ensemble de la communauté. Des relais travaillent à informer et à impliquer les guérisseurs. Ces derniers sont désormais capables de diagnostiquer les symptômes des Ira, et dans ces cas-là conseillent à la famille d’amener l’enfant à la case de santé», se réjouit l’Asc.
Notant ces résultats, le ministère de la Santé et ses partenaires se disent prêts à étendre ce mode d’intervention à dix-huit districts en 2006. Lors de la présentation des résultats au niveau international, de nombreux pays africains ont souhaité venir s’inspirer de cette expérience. Pour cette raison, une conférence internationale, sur l’expérience de la prise en charge des Ira au niveau communautaire, sera organisée du 15 au 17 mars 2006, à Dakar. Cependant, aucune enquête sur l’efficacité de l’expérience n’a été réalisée. Pourtant, une étude d’impact, en termes de variation du taux de mortalité infantile avant et pendant l’expérience, devrait être menée. «Cette étude ne devrait pas tarder», assure le docteur Matar Camara, responsable du programme de survie de l’enfant à l’Usaid-Sénégal.
Emmanuelle LOVAT
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