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Le quotidien | Sénégal | 18/03/2022 | Lire l'article original
Khady Guèye Niang, qui fut la première directrice du Centre des handicapés moteurs de Mbour, décédée en 1995 suite à un accident de la circulation et théoricienne du concept de l'inclusion sociale, a été un modèle pour les personnes vivant avec un handicap. Un hommage lui a été rendu hier par le Centre des handicapés moteurs de Mbour.
L'inclusion sociale des personnes handicapées et vulnérables tant prônée par les autorités n'est pas une réalité. Et il y a un long chemin encore à faire. Mamadou Fall, directeur du Centre des handicapés moteurs de Mbour, liste les maux dont souffrent ses camarades : problème d'accès à l'éducation, à l'emploi, à l'insertion sociale et l'appui à la participation citoyenne. «Il reste beaucoup à faire.
Dans le domaine de l'éducation, les écoles ne sont pas accessibles, les enseignants ne sont pas formés pour encadrer des handicapés. On peut dire aussi que l'accessibilité pose un grand problème. Dans le domaine de l'emploi et de la formation, il reste beaucoup à faire aussi. Vous trouverez des handicapés qui sont diplômés mais qui ne parviennent pas à trouver un emploi et la cause principale c'est leur handicap. Les écoles spécialisées agissent souvent pour régler la situation des personnes handicapées et ne vont pas résoudre le problème, il faut des écoles inclusives», suggère Mamadou Fall.
Selon lui, cela est possible au niveau du Centre des handicapés de Mbour. «Nous, au niveau de notre centre, l'inclusion n'est pas un vain mot mais c'est une réalité. Dans les ateliers de formation, nous les partageons avec nos amis qui sont valides mais également nous partageons tout ce que nous faisons avec la population. Parce que si vous ne voulez pas être rejeté par les valides, il faut aussi les accepter», conseille le directeur du Centre des handicapés moteurs de Mbour.
Evidemment, il reste à faire. Mais, les pionniers comme Khady Guèye Niang, qui fut la première directrice du Centre des handicapés moteurs de Mbour, décédée en 1995 suite à un accident de la circulation, et théoricienne du concept de l'inclusion sociale, est un modèle. «Elle fait partie des pionnières de l'Association nationale des personnes handicapées moteurs du Sénégal. Si aujourd'hui on parle d'inclusion sociale pour ces personnes, elle est une des initiateurs à prôner ce concept. Son objectif était de lutter contre la mendicité. Avec l'appui de ses partenaires du Sénégal et de l'étranger, elle a obtenu des financements pour la création du premier Centre des handicapés moteurs du Sénégal», se réjouit M. Fall.
Poursuivant ses explications, il précise que ce centre a pour objectif de lutter contre la mendicité. «Elle savait que pour lutter contre une chose, il fallait proposer une alternative et pour elle cette alternative c'était l'apprentissage, cause pour laquelle elle avait ouvert des ateliers pour faire de la formation pratique et après cette formation, on essayait des projets d'insertion des jeunes handicapés qui ont été formés. Ce projet a fait tache d'huile au Sénégal. D'abord, s'il y a trois centres dans la région de Thiès, on peut dire que c'est grâce à Khady Guèye qui a eu l'initiative avec son partenaire Sénégal Hilfsverein qui a construit un centre à Thiès et un autre à Tivaouane. Ce qui fait que la région de Thiès est bien prise en compte dans le cadre de l'autonomisation des personnes handicapées», enchaîne Mamadou Fall.
Des propos confirmés par Ibra Sina Niang, qui rappelle le leadership de sa maman. Il dit : «Elle s'est toujours battue non seulement pour les personnes handicapées mais aussi pour les personnes vulnérables. Atteinte de polio, elle était sur chaise roulante, finalement elle a commencé à marcher, c'est ainsi qu'elle a créé de petites associations de handicapés à Mbour pour mieux sensibiliser ces derniers et les inciter à travailler plutôt que de mendier.»
En plus du Centre des handicapés moteurs de Mbour, cette femme a mis en place une troupe théâtrale qui sillonne le monde pour montrer le talent qui réside chez certaines personnes handicapées. Charlie Camara, qui s'occupe du volet culturel du Centre des handicapés de Mbour, se souvient de cette femme charismatique. «Tout ce qu'elle voulait, c'est le mieux-être des personnes handicapées et personnes vulnérables. Elle avait horreur de voir le handicapé qui tendait la main. Selon elle, c'est une forme de faiblesse que le handicapé avait envers son prochain. Elle était l'avocate des personnes vulnérables, c'était une battante qui ne reculait devant rien, elle était entière et savait dominer son sang-froid et n'hésitait pas à donner son avis devant les autorités. Aujourd'hui nous avons une troupe culturelle qui n'a aucun complexe à montrer son savoir-faire devant les hommes valides», soutient M. Camara.
27 ans après sa disparition de cette «femme battante», le Centre des handicapés de Mbour a porté hier au pinacle, cette pionnière du Centre des handicapés moteurs du Sénégal et théoricienne du concept de l'inclusion sociale. «Le centre compte vulgariser sa pensée mais également marcher sur ses pas. Toutefois, nous sollicitons l'aide des autorités pour sauver son héritage mais aussi aider les personnes handicapées à vivre dans la dignité.»
Alioune Badara CISS - abciss@lequotidien.sn
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