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La médecine légale sénégalaise face aux enjeux

Infomed | Sénégal | 04/12/2022 | Lire l'article original

Depuis le début, je me suis abstenu de donner un avis sur le plan médicolégal en ce qui concerne la supposée impossibilité de pratiquer l'autopsie du fait de l'état de décomposition dans laquelle le corps du gendarme Sambou aurait été retrouvé. J'avais dit à ceux qui m'ont interpellé que j'attendais d'avoir l'information de source sûre pour ne pas dire officielle, venant, soit de la famille biologique, soit de la gendarmerie ou du parquet et qu'il me fallait savoir qui a dit quoi et sur quelle base.

Ma posture se justifiait par une volonté d'avoir des éléments factuels pour donner un avis sur des faits précis. J'étais conforté dans ma position par l'évolution de la situation. Ainsi, j'avais vu une vidéo sur Facebook qui semblait être la levée de corps du gendarme avec les honneurs militaires. Ce qui semblait se faire dans une parfaite harmonie entre les parties (familles, gendarmerie, parquet, etc.) Si tel a été le cas, je ne voyais pas la nécessité de me prononcer sur une affaire pour laquelle j'ignorais tout et que les parties concernées ne pipaient mot.

Maintenant, à la lecture du communiqué du parquet en date du 30 novembre 2022 qui répond à certaines de mes interrogations, je me permets de l'apprécier. Dans ledit communiqué, le procureur de la République nous informe de l'intervention d'un médecin légiste qui n'a pu se prononcer sur les causes exactes du décès. Ce qui est logique car un examen externe, même s'il avait montré des signes positifs, ne permet pas, seul, de donner les causes exactes d'un décès. Il faut les éléments de l'autopsie (examen interne) et de l'enquête probablement pour trouver la réponse. Toutefois, je relève que le communiqué du procureur ne permet pas d'affirmer que c'est le médecin légiste qui a déclaré que l'autopsie n'était pas possible. En tout cas, le procureur ne l'a pas cité à ce niveau, contrairement à la partie où il a ouvert les guillemets.

Qu'à cela ne tienne, même si c'était l'affirmation du médecin légiste, comme l'a dit l'économiste Mady Cisse, une recherche sur Google permet de savoir qu'une autopsie se réalise sur des restes de corps en état de putréfaction très avancée. Quant à la possibilité de décomposition du corps en « si peu de temps », je serai moins tranché. Il faut savoir que la vitesse de décomposition d'un corps dépend de plusieurs facteurs tels que la température ambiante, la nature des prédateurs présents, l'état des organes du corps, la saison de l'année, etc. C'est bien possible qu'un corps se décompose dans un délai relativement court, dans certaines conditions.

Par conséquent, ce qui pose problème ici, c'est le fait d'annoncer qu'une autopsie ne pouvait être réalisée. Toutefois, il faut savoir que la réalisation de l'autopsie pouvait aboutir aux mêmes conclusions : impossibilité de déterminer les causes exactes de la mort. Ce qu'on appelle une autopsie blanche.

Pour finir avec cette affaire, ma conviction est qu'avec un bon management et une bonne intervention des experts, on aurait dû faire éviter au peuple toutes ces supputations et suspicions que nourrissent un manque d'information et une maladresse.

Par ailleurs, nous prétextons de cette énième affaire pour parler de la problématique de la pratique de la médecine légale et de son utilisation par la justice au Sénégal.

L'un des plus importants rôles de la médecine légale est d'aider la justice à déterminer les causes des lésions ou de la mort d'une victime. Force est de constater qu'au Sénégal ce rôle n'est pas pleinement joué et ce pour diverses raisons parmi lesquelles le défaut d'organisation, le manque de formation des acteurs et l'insuffisance du plateau technique entre autres.

Le Sénégal ne dispose d'aucun service de médecine légale clinique thanatologique encore moins d'institut médicolégal ou d'unité médico-judiciaire. De surcroit, à ma connaissance, aucun médecin légiste n'est affecté ou recruté « es qualité » pour pratiquer la thanatologie.

En ce qui concerne le défaut de formations des acteurs, nous pouvons dire que ce problème touche en premier les acteurs judiciaires : Officiers de Police Judiciaire (OPJ), magistrats, avocats et autres. Ils ne sont pas correctement formés sur la médecine légale. Ce qui contraste avec leur rôle fondamental dans l'utilisation de cette science pour l'élucidation des affaires judiciaires. A cela s'ajoute le fait que le droit médical et le droit de la santé sont le ventre mou des juristes sénégalais.

Ensuite, il faut reconnaître aussi que le corps médical n'est pas suffisamment formé pour jouer pleinement son rôle. Comme nous le savons, le cardiologue (la cardiologie) ne peut jamais gérer seul les problèmes des patients. Il faut l'intervention d'autres acteurs tels que les infirmiers, les médecins généralistes, etc. Ces derniers, s'ils ne sont pas bien formés, ils passeront à côté des diagnostics et retarderont la prise en charge de ces patients. Pareille pour la médecine légale; l'intervention des non-spécialistes du domaine occupe une place importante. Le médecin légiste et la justice utilisent leurs rapports, comptes rendus, certificats, etc. Malheureusement, dans la plupart des cas, la qualité de ces documents produits par les non-spécialistes ne permet aucune exploitation ou utilisation. Quelques fois, ce sont ces documents qui constituent le problème ou qui complexifient la situation. Les exemples foisonnent et sont notés à longueur de journée en dehors des médias et réseaux sociaux. Les cas médiatisés, allant des plus anciens aux récentes affaires, étalent sur la place publique la carence des médecins sur ces aspects médicolégaux de la pratique médicale.

Enfin, il faut noter que la pratique des médecins légistes au Sénégal, même s'ils sont formés, est à améliorer. La médecine légale au Sénégal traine une tare congénitale : la prédominance de la clinique sur la thanatologie. Les légistes du Sénégal font plus de l'évaluation du dommage corporel (sur la personne en vie) que d'autopsie. Rares, sont les légistes sénégalais qui pratiquent la médecine légale ; ils sont quasiment tous spécialistes dans d'autres disciplines médicales qu'ils exercent et pour lesquelles ils ont été recrutés.

A côté de ces insuffisances sur le plan des ressources humaines, nous notons le déficit du plateau technique allant de l'équipement des salles d'autopsie jusqu'aux moyens d'exploration tels que l'imagerie. Pour illustration, on peut prendre l'exemple des prélèvements autopsiques qui ne se font quasiment pas alors que la règle voudrait qu'ils se fassent systématiquement.

Pour faire face aux enjeux de l'heure, il faut nécessairement une organisation de la médecine légale avec la création d'un Institut Médicolégal de référence National et une unité médico-judiciaire dans chaque capitale régionale. Ensuite, il faudra former les différents acteurs de la justice et du secteur de la santé. Dans le même sillage, l'Etat doit permettre aux médecins légistes de se spécialiser dans les différentes sous branches de la médecine légale et les mettre dans les conditions pour les exercer.

Sans ces mutations, le Sénégal va continuer à connaitre ces situations de confusions que l'intervention d'acteurs (judiciaires et médicaux) suffisamment formés et exerçant dans des contions optimales aurait permis d'éviter.

Dr Amadou SOW

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