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Sud Quotidien | Sénégal | 12/04/2006 | Lire l'article original
Un gap énorme dont les conséquences se répercutent sur la qualité des services de santé du Sénégal dont l’essentiel du dispositif se trouve concentré à Dakar, au détriment des régions de l’intérieur du pays. Les régions périphériques que sont Tambacounda, Kolda, Matam, Saint-Louis et Ziguinchor, sont les plus affectées par le phénomène du déséquilibre dans la répartition des ressources humaines médicales alors qu’elles sont les plus exposées à de nombreuses pathologies : diarrhée, choléra, paludisme, sida, affections gynécologiques, pédiatriques …etc. Pour avoir accès à des traitements de qualité, ou à une moindre intervention médicale, les populations de ces régions sont le plus souvent obligées de se rendre à Dakar avec tout ce que cela comporte comme coûts financiers et risques d’aggravation de leurs maladies. Et l’impact de ces flux de malades vers Dakar aggrave le déséquilibre démographique entre les régions périphériques et la capitale. Les raisons avancées pour expliquer le phénomène de la fuite des personnels médicaux vers d’autres secteurs ou vers l’étranger, sont assez nombreuses et souvent complexes. La première est liée à la réticence de la plupart des spécialistes et des médecins sortants des universités à servir dans les régions pour des raisons qui tiennent au fait, clament-ils, qu’ils n’ont pas grand intérêt à servir dans des structures de santé qui manquent de tout : labos, médicaments ; véhicules d’évacuation, formulaires administratifs. Il n’existe pas, semble-t-il, de primes de motivation pouvant les inciter à s’éloigner de la capitale qui, elle offre des opportunités de rencontres d’échanges d’expériences et de connaissances favorisant le renouvellement et le renforcement de leurs capacités.
1,8 ministre par an depuis l’alternance
Il s’y ajoute des possibilités d’avoir de petites rentrées financières grâce à quelques prestations dans les cliniques privées qui essaiment à Dakar comme des champignons.
L’autre grande difficulté qui pousse de nombreux professionnels du corps médical serait consécutive à la grande instabilité institutionnelle du secteur depuis l’avènement de l’Alternance. En effet, en moins de six ans de régime d’alternance, le secteur de la santé a changé six fois de ministres. Le département aura donc enregistré 1,8 ministre par an. Et aucun d’entre eux, n’aura eu le temps d’asseoir une bonne politique de santé pour le pays. Aussi à chaque fois qu’il y a changement de ministre, c’est à un véritable séisme humain auquel on aura assisté. Changements d’équipe au niveau du cabinet, de responsables de projets et de programmes, de responsables de structures de santé, etc. Des mutations profondes qui reflètent de réels problèmes de confiance entre le pouvoir notamment et l’autorité nommée au point que certains partenaires techniques et financiers ont de plus en plus tendance à mettre la pédale douce dans le cadre de leurs actions en faveur du pays dans le domaine de la santé.
Frustrée, désœuvrée voire humiliée dans l’exercice de leur profession, la plupart des spécialistes et les nouveaux sortants des facultés de Médecine ou de l’Ecole des sages-femmes et d’infirmiers ; préfèrent faire leurs carrières dans le privé ou d’autres institutions où les conditions de travail et de rémunération sont meilleures.
Ainsi, ils se retrouvent dans les Ong, les cliniques privées, les institutions internationales et d’autres services liés à la santé. S’ils n’optent tout simplement pour l’étranger dont la France qui fait partie des premiers pays qui raflent « la quasi totalité des diplômés des facultés et des écoles de formation en matière de santé ».
A en croire certains des concernés, ils y gagnent 3, 4 voire 5 fois ce que leur aurait donné la Fonction publique sénégalaise, en sus des meilleures conditions de travail qu’ils y trouvent. Les fortes augmentations des indemnités, enregistrées l’année dernière par la corporation suite aux revendications des organisations syndicales, augmentations qui étaient de l’ordre de 150.000F et les propositions faites pour accorder des primes d’éloignement à tous ceux qui seront affectés dans des localités dont les conditions d’éloignement et de travail sont les plus précaires, n’a pas permis d’inverser la tendance.
Le personnel du secteur continue à se réduire comme une peau de chagrin. Ce qui affecte gravement la qualité des services de santé du pays. Un mal auquel vient s’ajouter celui de la corruption qui gangrène le secteur, selon un récent rapport rendu public par le Forum civil. A ce rythme, il n’y a aucun doute, c’est la gestion du secteur qui est gravement menacé.
Mamadou Mika LOM
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