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Mutations | Cameroun | 17/06/2009 | Lire l'article original
Oui, parce qu'il s'agit d'une prise de conscience. Cela doit représenter un sérieux espoir pour les malades, leur famille et même pour notre système de santé. Je pense que les malades bénéficieront à termes, de toutes les stratégies que les pouvoirs publics savent appliquer quand il s'agit d'aider dans un domaine bien particulier. Pour les familles, c'est un soulagement de voir que la souffrance des leurs, et la leur, est reconnue parce que les parents d'enfants drépanocytaires souffrent probablement moralement autant que leurs enfants. Il faut se féliciter que notre pays se réveille enfin pour la drépanocytose.
De quelles responsabilités parle le thème retenu : "Face à la drépanocytose, prenons chacun ses responsabilités" ?
Les responsabilités sont individuelles et collectives. Chacun doit faire son groupe sanguin et l'électrophorèse hémoglobine afin de préparer son avenir, et se demander ce qu'il fait pour apporter une aide aux drépanocytaires qui se trouvent dans son plus proche entourage. Une autorité qui exerce dans le domaine social, de la santé etc., doit se demander s'il fait le nécessaire pour que cette maladie ne constitue pas un fardeau pour les malades et leur famille. Même les drépanocytaires doivent prendre leurs responsabilités, en s'organisant de telle manière qu'on puisse les entendre.
Comment prévenir donc la maladie ?
Le moyen consiste à faire le diagnostic anténatal. C'est-à-dire qu'une femme AS engagée dans une union où il y a un risque d'avoir un enfant drépanocytaire, doit faire cet examen avant le troisième mois de grossesse. Cela lui permet de connaître le statut hémoglobine de son futur enfant. Faisant cela, c'est pour proposer une interruption volontaire de grossesse (Ivg), au cas où. Mais, il faut qu'une société soit prête à accepter une Ivg pour des raisons thérapeutiques, c'est pourquoi je dis que ça pose des problèmes d'éthique. L'avenir, c'est de faire une greffe de moelle osseuse. Cela implique une dépense énorme et une telle opération n'est donc pas à la portée du premier venu.
Y a-t-il un espoir de voir cette maladie éradiquée en Afrique ?
Mon maître et moi avions essayé de faire des modèles statistiques pour voir dans quel siècle on pourrait arriver à faire disparaître la maladie en Afrique, en déconseillant les unions AS-AS. Nous avons vu que c'est illusoire mathématiquement. Parce que si on déconseille le mariage à ces gens, ils peuvent toujours le faire. Et dans les villages où la capacité technique de détecter les AS n'est pas encore arrivée, on ne pourra pas empêcher ces unions. Un Camerounais sur cinq est drépanocytaire. Le taux actuel de drépanocytaires est estimé à 0,2%, c'est-à-dire deux pour mille. C'est très faible, mais cela représente, sur l'ensemble du pays, entre 300 à 500.000. C'est la maladie génétique la plus fréquente et cette tare est repartie sur l'ensemble du territoire. Toutefois, il y a des villages comme la Lékié ou certaines villes de l'Ouest qui semblent la vivre plus intensément que d'autres.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est la drépanocytose ?
C'est une maladie génétique qui touche les globules rouges. A l'intérieur de ces globules, il y a l'hémoglobine qui fixe l'air ambiant et le transporte dans tous nos tissus. L'hémoglobine normale est appelée hémoglobine A. Chez un des ancêtres africains, il y a eu, 8.000 ans avant Jésus Christ, un changement qui a entraîné l'apparition d'une hémoglobine anormale appelée hémoglobine S. Les enfants malades sont condamnés dès la naissance à vivre un réel calvaire parce que les globules rouges seront régulièrement détruits. Ces globules vont ensuite boucher les vaisseaux et être à l'origine des crises douloureuses. Comme ces occlusions peuvent concerner tous les organes, il n'est pas rare d'avoir des accidents au niveau du cerveau, du cœur, des poumons etc. C'est pour cela que le pronostic de cette maladie est assez sombre s'il n'y a pas un système de santé organisé capable de prendre en charge les complications dès qu'elles surviennent.
Propos recueillis par Patricia Ngo Ngouem
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