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Mutations | Cameroun | 04/11/2009 | Lire l'article original
Il est dont immortel, le palu, ce semeur de mort. Il est toujours aussi présent sous nos, chaumières et plane au dessus de nos vies tel un épée de Damoclès. Il est la bête noire des populations africaines résignée qu’elles sont à attendre, un hypothétique vaccin. Info ou intox ? On apprend de source médicale qu’un vaccin contre la malaria est sur le point d’être trouvé. Dans cinq ans au plus tard, dit-on. Des chercheurs de Path Malaria Initiative sont sur une piste sérieuse de vaccin dit de deuxième génération capable de bloquer la transmission de la, maladie de l’homme au moustique. Bonne nouvelle donc pour l’Afrique qui accueille en ce moment une conférence sur le sujet.
Mais ne crions pas victoire trop vite. Il faudra encore attendre les résultats des recherches et essais cliniques qui devront dont consacrer le triomphe de la lutte anti-paludique. Qu’on ne s’y méprenne pas. Ce n’est pas demain la veille. Ce genre de nouvelle, on en a soupé depuis de longues années au plus fort des années tristes où le paludisme était reconnu comme la maladie la plus meurtrière. Qu’on se souvienne des recherches de Miguel Pataroyo qui tint en haleine toute la communauté scientifique il y a près de deux décennies. Alors qu’on croyait tenir le bout du tunnel, le monde des paludéens ne tarda pas à déchanter. Que dires des autres formules thérapeutiques qui entre-temps ont suscité tant d’espoirs avant de disparaître de toute prescription thérapeutique ?
Pendant ce temps, le paludisme poursuit sa marche macabre. Maladie tropicale par excellence, le paludisme est la première cause de morbidité et de mortalité en Afrique. Au Cameroun, il compte pour 50% des consultations médicales, 30% des hospitalisations. On peut donc imaginer les dépenses en santé qui sont directement, aussi bien en Afrique qu’ailleurs. Un gigantesque marché d’un milliard de malades qui entretient le bizness de grands laboratoires de médicaments. Et pour mieux entretenir ce marché de la peur, il suffit d’agiter l’épouvantail des résistances et autres métamorphoses compliquer pour justifier les nouvelles combinaisons médicamenteuses toujours plus coûteuses. Aujourd’hui toutes les politiques sanitaires semble s’accorder à dire que la meilleure arme contre la paludisme c’est la moustiquaire imprégnée. Mais la solution est loin d’être accessible aux couches les plus défavorisées qui, du fait des conditions environnementales de leur existence sont les plus vulnérables face au paludisme. Mais qui s’en souci ? Surtout depuis que le marché du paludisme a été débordé par celui du sida, de loin plus lucratif. Les nombreux morts régulièrement attribués au vih ont fini de convaincre les derniers sceptiques, le marketing a fait le reste.
On a même fini par être corrompus par le marketing du sida, au point d’oublier qu’il y a d’autres maladies aussi ravageuses, voire pire que le vih. Le paludisme, pouvait dès lors entrer dans l’oubli. L’excuse facile consiste souvent à se cacher derrière la vielle ritournelle du manque de moyens pour expliquer la faible prise en charge des cas cliniques liés au paludisme. Et c’est vrai que si les pouvoirs publics avaient pris à bras le corps la menace du paludisme dans toutes ses dimensions (sociales, environnementales, économiques…), on ne parlerait plus de cette maladie avec les qualificatifs morbides qu’on lui colle aujourd’hui. Mais le paludisme n’est pas le sida. Que personne ne s’offusque donc de l’inégalité des moyens affectés à l’un et l’autre maladie. Tout pour le sida et rien – ou presque – pour le paludisme, alors qu’il est établi que les ravages du second sont de loin les plus désastreux.
Par Roger A. Taakam
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