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Mutations | Cameroun | 25/11/2009 | Lire l'article original
Et, généralement sans tenir compte des spécificités linguistiques et culturelles des destinataires du message. Ce qui visiblement impacte considérablement sur la compréhension et les attitudes des populations vis-à-vis du Vih/Sida. Mais en l’absence dans l’espace d’Afrique francophone, d’un outil d’appréciation de l’impact de ces messages, des chercheurs français et camerounais ont structuré depuis 2007, le projet de recherche «les discours institutionnels sur la prévention du Sida et leur impact sur la population cible du Nord Cameroun.»
L’étude conduite dans la partie septentrionale du Cameroun et organisée en thématiques différentes a par exemple posé le diagnostic du discours sur le Sida des personnels de santé. Josiane Tantchou qui a conduit les travaux révèle que «le discours des personnels de santé est des plus ambigus dans le contexte Camerounais. Il en est ainsi dans les centres de dépistage contre le Sida où la tonalité des personnels de santé n’est pas de nature à rassurer les personnes qui viennent se faire dépister.» Ce qui impacte sur la volonté des populations de se faire dépister. Les clivages religieux ont aussi été abordés. Le discours chrétien et musulman sur la maladie montre par exemple que, la participation même active des autorités religieuses et traditionnelles n’a pas toujours eu des effets positifs dans la lutte contre la maladie. Ce d’autant que les conceptions ne sont pas toujours favorables à l’utilisation du préservatif.
Fufuldé
L’enquête menée dans le cadre de cette étude par le Bucrep (bureau central de recensement et études de la population) est à ce titre illustrative, de l’impact des messages émis sur le Sida. 67% des hommes n’ont pas utilisé le condom, ni avec leur conjointe, ni avec une autre partenaire. Tandis que 76,7% de femmes déclarent n’avoir pas utilisé le condom avec leur conjoint et 33,3% n’ont pas utilisé le condom avec leur partenaire autre que le conjoint. Non pas parce qu’ils ne connaissaient pas l’utilité de cet instrument de contraception. Mais davantage selon les experts du Bucrep en raison de nombreux obstacles psychologiques à l’utilisation du condom. Notamment, la peur d’utiliser le fameux outil en latex, la honte d’en acheter et la gêne de mettre le condom devant la femme. Des obstacles qui sont la conséquence de campagnes mal orientées et peu adaptées au registre linguistique des populations.
La campagne «pincez déroulez» par exemple selon Henry Tourneux en plus des messages indéfinis a été taillée sans prendre en compte l’environnement dans lequel le message était destiné. Surtout qu’on évoque d’autres modes de lutte contre la maladie: l’abstinence et la fidélité.
Ce qui fait remarquer que 83,3% des hommes pensent que le condom est fait pour ceux qui ont de nombreux partenaires, alors que 68% de femmes pensent le contraire. Statistiques traduites dans l’utilisation du préservatif. Ce qui est à la vérité un indicateur de la levée des tabous autour des questions de sexe. La monographie du magazine 100% jeunes, réalisée par Hayatou Djouldé relève dans ce sens la densité de la grivoiserie et d’un langage sexuel débarrassé de circonlocutions. Langage visiblement prisé par des jeunes, finalement intéressés par ces histoires de sexe.
L’analyse du paysage scolaire (affiches, manuels et contexte) traduit dans les faits cette propension en révélant le degré élevé de vulnérabilité de ces jeunes qui, bien qu’informés des risques encourus s’adonnent à une activité sexuelle non protégée. Témoignage de l’échec des campagnes de sensibilisation. Lesquelles ont malgré tout eu le mérite de faire connaître la maladie.
Propositions
Même si dans le cas des langues véhiculaires, la connaissance et la compréhension de la maladie a été quelque peu biaisée. Ce constat a sous-tendu les études sur le nom peul du Vih Sida. Lequel était perçu dans les spots réalisés comme un «asticot» alors même qu’il était nécessaire d’adapter le nom à la langue en lui donnant une connotation identique à celle de la langue française.
L’un des résultats de l’étude a conduit ainsi à la trouvaille, «barsoban» (baroyel
soje’en mbandu), nom en langue fufuldé du Sida. Entre autres recommandations
formulées aux différents acteurs dans le processus de diffusion du discours
autour du Sida. La constitution des équipes qualifiées pour la conception des
messages, la prise en compte de l’environnement dans l’élaboration de ces messages,
la structuration des équipes de communication dans les délégations régionales
ont entre autres été proposés pour permettre d’avoir des messages cohérents.
Par ailleurs, la question du pair éducation a été envisagée pour faire remarquer
qu’elle est un véritable échec.
En raison du caractère bâclé des séances de formation, et du fait que les jeunes
éducateurs ne prêchent pas toujours par l’exemple en ce qui concerne le dépistage
à tout le moins. Des écueils qui méritent d’être intégrés par la Comité national
de lutte contre le Sida, l’Acms et les autres partenaires, pour tordre le cou
à une pandémie qui n’en finit pas de décimer de nombreuses familles. Du fait
parfois, des discours peu probants et moins adaptés.
Dieudonné Gaïbaï
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