Le paludisme est le premier facteur de mortalité et de morbidité
avec 8000 décès par an sur les 800.000 à 1 million d'accès palustres
enregistrés durant cette même période. Selon des statistiques du
programme national de lutte contre le paludisme, les enfants de
0 à 5 ans et les femmes enceintes paient le plus lourd tribut.
Face à cette situation, le Sénégal a mis en place des stratégies
portant sur la prévention par l'assainissement pour détruire les
gîtes larvaires et la promotion des moustiquaires imprégnées, afin
de réduire de 60% des cas d'accès palustre et de 37 %, le nombre
des décès.
C'est ce qui a justifié la campagne d'imprégnation de masse des
moustiquaires dans quatre districts tests, notamment ceux de Vélingara,
Dioffior Kédougou et Richard-Toll.
Dans la dernière localité (Richard-Toll), la présence des aménagements
hydro-agricoles et les inondations y ont favorisé le développement
des gîtes larvaires. C'est ce qui explique l'engouement des populations,
surtout des femmes pour cette campagne d'imprégnation lancée, il
y a quelques jours, par le PNLP, en collaboration avec le service
national de l'Hygiène. Près de 5000 moustiquaires ont pu ainsi être
imprégnées grâce à la mobilisation des femmes.
Pour les besoins de cette campagne de Richard-Toll, 190 litres
de K-Otrine, (un insecticide normalisé par l'OMS) équivalant à la
somme de huit millions de francs CFA, ont été mis en place pour
assurer l'accès et la gratuité du produit au niveau des populations
de Richard-Toll. "Dans cette zone, le paludisme constitue 25 % des
motifs de consultations, avec 37 % de morbidité", selon le chef
de la brigade d'hygiène, M. Alioune Diakhaté.
"Pour réduire cette forte prévalence du paludisme, a-t-il poursuivi,
un plan stratégique d'intervention à base communautaire a été mis
en œuvre dans le district sanitaire". " Ce plan, selon lui, s'articule
autour de l'Information, de l'éducation pour un changement de comportement,
du plaidoyer et de la mobilisation sociale pour susciter une adhésion
des populations à la promotion des moustiques imprégnées, notamment
des leaders d'opinion, les groupements de femmes".
En ce qui concerne le traitement du paludisme, souligne M. Diakhaté,
le district sanitaire a mis en œuvre une stratégie axée sur la prise
en charge des cas d'urgence, la prévention par la chimioprophylaxie
des femmes enceintes et la protection contre les vecteurs grâce
à l'usage des moustiquaires imprégnées.
Un programme a été ainsi défini, et il est fondé sur la gratuité
des moustiquaires et l'adhésion des populations pour atteindre un
objectif d'imprégnation de 60 à 65% de moustiquaires. Des jeunes
relais ont été formés pour faire le travail d'imprégnation dans
trente unités dispersées dans la zone, sous la supervision du service
national de l'hygiène, dont la mission était conduite par l'adjudant
Ala Ngom.
Pour un déroulement correct de cette campagne, le PNLP a dégagé
les moyens nécessaires pour des produits d'imprégnation. Une équipe
de supervision sillonne les différentes localités du district de
Richard-Toll. Le constat est qu'aujourd'hui, au-delà du réflexe
de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée, la campagne d'imprégnation
suscite un grand engouement chez les femmes qui, à longueur de journée,
se présentent en grand nombre au niveau des sites d'imprégnation.
La différence entre une moustiquaire imprégnée et une moustiquaire
non imprégnée, en termes de prévention, c'est qu'avec la moustiquaire
imprégnée, le moustique est éliminé alors que la moustiquaire simple
barre seulement la route au vecteur et s'en arrête là. "Il s'agit
de s'abriter contre les piqûres de moustiques et de les détruire",
a expliqué le chef de la brigade de l'hygiène de Richard-Toll, M.
Alioune Diakhaté.
"Les objectifs de la campagne d'imprégnation de masse ont été atteints",
a souligné le chef de la mission de supervision nationale, Alla
Ngom.
C'est d'ailleurs une volonté exprimée par les femmes. La présidente
des groupements féminins de Richard-Toll, Mme Khady Fall, a indiqué
lors d'une séance d'imprégnation organisée à l'école du quartier
Khouma de Richard Toll, que "les femmes ont été formées aux techniques
d'imprégnation et cela s'est traduit par un engouement manifeste
pour cette campagne. Les femmes connaissent maintenant l'intérêt
des moustiquaires imprégnées pour lutter contre le paludisme".
SAER GUEYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=30935
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