L'Afrique est le continent le plus touché par la pandémie du Sida.
Cela n'est pas nouveau, c'est même un vieux refrain, chanté par
tout le monde. Comme l'eau est nécessaire à la vie, les médicaments
antirétroviraux constituent de l'eau de vie pour les malades du
Sida. Mais le fossé qui sépare médicaments et malades est largement
grand. Ne dit-on pas fréquemment que les médicaments sont au Nord
et les malades au Sud. La solution pour ces malades est donc entre
les mains des pays du Nord, qui n'ont en tête pour l'instant que
de dépenser des sommes faramineuses dans la lutte contre le terrorisme.
Deux ans après la tenue de la XIIe CISMA dans notre pays, nous
sommes déjà à la XIIIe CISMA abritée par le Kenya. A Ouagadougou,
des engagements avaient été pris allant dans le sens de l'accessibilité
des malades aux médicaments. Même si des efforts considérables ont
été enregistrés, le combat est loin d'être gagné. Des personnes
infectées continuent de mourir par faute de médicaments.
Après 20 ans d'existence, le Sida est devenu la maladie la plus
dévastatrice que l'humanité ait jamais connu. Les communautés africaines,
du fait d'une prise de conscience du danger causé par le VIH/Sida,
ont fait de cette lutte, leur cheval de bataille. Mais ces communautés,
bien qu'engagées dans la lutte contre l'épidémie du VIH, ne disposent
pas des moyens de préventions et de soins dont elles ont besoin.
L'insuffisance des moyens de lutte a permis à la maladie de gagner
du terrain, occasionnant des conséquences considérables pour les
populations. Sur les 15,6 millions d'orphelins du Sida en 2000,
l'Afrique subsaharienne en totalise 13,6 millions. A cette allure,
les statistiques montrent que d'ici 2010, le nombre des enfants
qui auront perdu un ou deux parents à cause du Sida serait de 24
millions en Afrique contre 44 millions d'orphelins dans le monde
liés à d'autres calamités.
La situation devient inquiétante
Le VIH/Sida est, avec la pauvreté et l'analphabétisme l'une des
plus graves menaces pour le développement humain durable et les
droits de l'enfant. Face à l'ampleur de la maladie, sa corrélation
avec la pauvreté devient évidente. Il est attesté que le Sida cause
ou aggrave la pauvreté au plan national. Les ménages et les pauvres
sont plus vulnérables au VIH. Cela est reconnu comme une menace
pour le développement de plusieurs pays en voie de développement.
Des progrès timides
En 2001, suite à la pression des associations, les firmes pharmaceutiques
ont cassé les prix des médicaments de 50 à 90% dans les pays les
plus pauvres. Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU lance un appel
en faveur d'un plan d'action y compris la création d'un fonds mondial
pour le Sida et la santé. Néanmoins, les médicaments ne sont toujours
pas à la portée de tous les malades. A cause de leur coût toujours
prohibitif et dans la plupart des cas, et du nombre important d'infectés
qui s'ignorent. Le vaccin tant attendu tarde à voir le jour et ce,
malgré les progrès combien importants dans la connaissance de la
maladie.
Cette maladie en 20 ans, a tué plus de 22 millions de personnes
de par le monde. Mais le décompte macabre semble ne pas vouloir
s'arrêter surtout pour l'Afrique qui compte plus de la moitié des
personnes infectées.
Dans les pays les plus touchés par l'épidémie, l'augmentation des
maladies et des décès se produit dans un contexte de détérioration
des services publics, de mauvaises perspectives d'emploi et de pauvreté
endémique qui ne sont pas directement liées à l'épidémie du VIH,
mais que cette dernière peut aggraver.
La mauvaise volonté des pays du Nord
Le représentant du secrétaire général de l'ONU à la conférence
de cette XIIIe CISMA n'est pas allé par quatre chemins pour dire
que les pays développés utilisent des centaines de dollars pour
lutter contre le terrorisme et ne se soucient pas du Sida et laissent
ainsi les pays pauvres avec ce grand mal qui tend à prendre le dessus.
Comme on aime le dire, la pauvreté n'a jamais servi à quelque chose.
Ce qui aggrave cette maladie du siècle c'est que le malade ne détient
toujours pas les moyens pour lui permettre de faire face à ce mal.
Les malades du Sud sont obligés de supporter les mauvaises humeurs
des firmes pharmaceutiques du Nord qui ne font pas de cadeau à ceux
qui sont dans le besoin. Lorsqu'on jette un regard sur ce qui passe
à travers le monde, on à l'impression que le sort de l'Afrique n'intéresse
personne; elle est laissée à elle-même parce que les puissances
occidentales ne trouvent pas un intérêt économique certain pour
exploiter. L'Afrique ressemble ainsi à une orange qu'on peut utiliser
et jeter quand on n'en a plus besoin.
Comme un proverbe le dit toujours "lorsqu'on dort sur la natte
de quelqu'un, on dort par terre". Avec tout ce qui nous arrive,
nous devons nous rendre à l'évidence que personne ne viendra nous
aider si nous ne nous efforçons pas de nous passer des autres. Pourquoi
c'est toujours l'Afrique qui doit toujours supporter les pires fléaux
de la planète ? Pour la lutte contre le Sida, si les pays riches
pouvaient se donner la peine ne serait-ce que pour accorder à celle-ci
1/2 de ce qu'ils investissent pour lutter contre le terrorisme.
Le monde est dominé par la loi du plus fort. Le faible doit disparaître.
L'Afrique doit aujourd'hui se prendre en charge parce qu'il n'y
a pas d'autres solutions pour nous sortir des fournaises de cette
pandémie.
La production en qualité et en quantité des médicaments notamment
les antirétroviraux pour une plus grande accessibilité des malades
est primordiale pour décourager le phénomène. L'Afrique doit intensifier
la recherche pour déboucher sur le vaccin tant attendu. En matière
d'accès aux médicaments, la gratuité serait une merveilleuse chose
pour les séro-positifs. La gratuité d'accès aux médicaments présente
un double avantage : le malade et son milieu se sentent soulagés
et l'espoir renaît.
La propagation de la maladie sera stoppée en ce sens que les candidats
au test seront plus nombreux. Ainsi, beaucoup de familles abriteront
des patients qui, chaque jour, sont entourés de boîtes de comprimés,
à avaler par dizaine. Ainsi la sensibilisation aura prise sur les
familles parce que tout le monde sera témoin de la lourdeur et des
peines du traitement. Pour cela, il nous faudra trouver de l'argent
pour acheter les médicaments aux pays du Nord. Alors il faut mener
des négociations avec le Nord pour la remise de sa dette afin que
les crédits issus de cette remise servent à l'achat des médicaments.
A l'exemple de l'initiative PPTE, chaque pays du Sud élabore un
cadre stratégique de lutte contre le Sida à financer par les ressources
provenant de l'annulation ou de l'allègement de la dette.
Les pays du Nord seront réceptifs à cette proposition car l'argent
sera utilisé pour acheter les médicaments de chez eux, pour financer
en partie les laboratoires de recherche de chez eux.
Salam COMPAORE
Lire l'article original : http://www.fasonet.bf/hebdo/actualite2/hebdo235/santeluttecontresida235.htm
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