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L'actualité de la santé en Afrique

Lutte contre le VIH/Sida : Tout dépend de la volonté des pays développés - L'HEBDOmadaire - Burkina Faso - 26/07/2003

L'Afrique est le continent le plus touché par la pandémie du Sida. Cela n'est pas nouveau, c'est même un vieux refrain, chanté par tout le monde. Comme l'eau est nécessaire à la vie, les médicaments antirétroviraux constituent de l'eau de vie pour les malades du Sida. Mais le fossé qui sépare médicaments et malades est largement grand. Ne dit-on pas fréquemment que les médicaments sont au Nord et les malades au Sud. La solution pour ces malades est donc entre les mains des pays du Nord, qui n'ont en tête pour l'instant que de dépenser des sommes faramineuses dans la lutte contre le terrorisme.

Deux ans après la tenue de la XIIe CISMA dans notre pays, nous sommes déjà à la XIIIe CISMA abritée par le Kenya. A Ouagadougou, des engagements avaient été pris allant dans le sens de l'accessibilité des malades aux médicaments. Même si des efforts considérables ont été enregistrés, le combat est loin d'être gagné. Des personnes infectées continuent de mourir par faute de médicaments.

Après 20 ans d'existence, le Sida est devenu la maladie la plus dévastatrice que l'humanité ait jamais connu. Les communautés africaines, du fait d'une prise de conscience du danger causé par le VIH/Sida, ont fait de cette lutte, leur cheval de bataille. Mais ces communautés, bien qu'engagées dans la lutte contre l'épidémie du VIH, ne disposent pas des moyens de préventions et de soins dont elles ont besoin. L'insuffisance des moyens de lutte a permis à la maladie de gagner du terrain, occasionnant des conséquences considérables pour les populations. Sur les 15,6 millions d'orphelins du Sida en 2000, l'Afrique subsaharienne en totalise 13,6 millions. A cette allure, les statistiques montrent que d'ici 2010, le nombre des enfants qui auront perdu un ou deux parents à cause du Sida serait de 24 millions en Afrique contre 44 millions d'orphelins dans le monde liés à d'autres calamités.

La situation devient inquiétante

Le VIH/Sida est, avec la pauvreté et l'analphabétisme l'une des plus graves menaces pour le développement humain durable et les droits de l'enfant. Face à l'ampleur de la maladie, sa corrélation avec la pauvreté devient évidente. Il est attesté que le Sida cause ou aggrave la pauvreté au plan national. Les ménages et les pauvres sont plus vulnérables au VIH. Cela est reconnu comme une menace pour le développement de plusieurs pays en voie de développement.

Des progrès timides

En 2001, suite à la pression des associations, les firmes pharmaceutiques ont cassé les prix des médicaments de 50 à 90% dans les pays les plus pauvres. Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU lance un appel en faveur d'un plan d'action y compris la création d'un fonds mondial pour le Sida et la santé. Néanmoins, les médicaments ne sont toujours pas à la portée de tous les malades. A cause de leur coût toujours prohibitif et dans la plupart des cas, et du nombre important d'infectés qui s'ignorent. Le vaccin tant attendu tarde à voir le jour et ce, malgré les progrès combien importants dans la connaissance de la maladie.
Cette maladie en 20 ans, a tué plus de 22 millions de personnes de par le monde. Mais le décompte macabre semble ne pas vouloir s'arrêter surtout pour l'Afrique qui compte plus de la moitié des personnes infectées.
Dans les pays les plus touchés par l'épidémie, l'augmentation des maladies et des décès se produit dans un contexte de détérioration des services publics, de mauvaises perspectives d'emploi et de pauvreté endémique qui ne sont pas directement liées à l'épidémie du VIH, mais que cette dernière peut aggraver.

La mauvaise volonté des pays du Nord

Le représentant du secrétaire général de l'ONU à la conférence de cette XIIIe CISMA n'est pas allé par quatre chemins pour dire que les pays développés utilisent des centaines de dollars pour lutter contre le terrorisme et ne se soucient pas du Sida et laissent ainsi les pays pauvres avec ce grand mal qui tend à prendre le dessus. Comme on aime le dire, la pauvreté n'a jamais servi à quelque chose. Ce qui aggrave cette maladie du siècle c'est que le malade ne détient toujours pas les moyens pour lui permettre de faire face à ce mal. Les malades du Sud sont obligés de supporter les mauvaises humeurs des firmes pharmaceutiques du Nord qui ne font pas de cadeau à ceux qui sont dans le besoin. Lorsqu'on jette un regard sur ce qui passe à travers le monde, on à l'impression que le sort de l'Afrique n'intéresse personne; elle est laissée à elle-même parce que les puissances occidentales ne trouvent pas un intérêt économique certain pour exploiter. L'Afrique ressemble ainsi à une orange qu'on peut utiliser et jeter quand on n'en a plus besoin.

Comme un proverbe le dit toujours "lorsqu'on dort sur la natte de quelqu'un, on dort par terre". Avec tout ce qui nous arrive, nous devons nous rendre à l'évidence que personne ne viendra nous aider si nous ne nous efforçons pas de nous passer des autres. Pourquoi c'est toujours l'Afrique qui doit toujours supporter les pires fléaux de la planète ? Pour la lutte contre le Sida, si les pays riches pouvaient se donner la peine ne serait-ce que pour accorder à celle-ci 1/2 de ce qu'ils investissent pour lutter contre le terrorisme. Le monde est dominé par la loi du plus fort. Le faible doit disparaître. L'Afrique doit aujourd'hui se prendre en charge parce qu'il n'y a pas d'autres solutions pour nous sortir des fournaises de cette pandémie.

La production en qualité et en quantité des médicaments notamment les antirétroviraux pour une plus grande accessibilité des malades est primordiale pour décourager le phénomène. L'Afrique doit intensifier la recherche pour déboucher sur le vaccin tant attendu. En matière d'accès aux médicaments, la gratuité serait une merveilleuse chose pour les séro-positifs. La gratuité d'accès aux médicaments présente un double avantage : le malade et son milieu se sentent soulagés et l'espoir renaît.

La propagation de la maladie sera stoppée en ce sens que les candidats au test seront plus nombreux. Ainsi, beaucoup de familles abriteront des patients qui, chaque jour, sont entourés de boîtes de comprimés, à avaler par dizaine. Ainsi la sensibilisation aura prise sur les familles parce que tout le monde sera témoin de la lourdeur et des peines du traitement. Pour cela, il nous faudra trouver de l'argent pour acheter les médicaments aux pays du Nord. Alors il faut mener des négociations avec le Nord pour la remise de sa dette afin que les crédits issus de cette remise servent à l'achat des médicaments. A l'exemple de l'initiative PPTE, chaque pays du Sud élabore un cadre stratégique de lutte contre le Sida à financer par les ressources provenant de l'annulation ou de l'allègement de la dette.

Les pays du Nord seront réceptifs à cette proposition car l'argent sera utilisé pour acheter les médicaments de chez eux, pour financer en partie les laboratoires de recherche de chez eux.

Salam COMPAORE

Lire l'article original : http://www.fasonet.bf/hebdo/actualite2/hebdo235/santeluttecontresida235.htm


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