L'hôpital d'enfant Albert Royer a une capacité d'accueil de 120
lits répartis dans quatre pavillons dont les deux servent à l'hospitalisation,
l'un aux soins d'urgences et un pavillon des mères qui abrite aussi
la cuisine, le foyer socio-éducatif et les services de maintenance.
Le pavillon O, de 39 lits dont trois en cabines et le reste en salle,
accueille les enfants âgés de trois à 15 ans. Dans l'une de ces
salles, Daba Fall, mère du petit Yérime hospitalisé depuis 08 jours,
lors de notre passage, il y a deux semaines. C'est la deuxième fois
que son enfant est interné à Albert Royer.
La salle est grande et aérée par des fenêtres entre-ouvertes. De
là, on aperçoit le jardin où les parents en visite sont assis sous
l'ombre du grand manguier qui trône sur les lieux. Après quelques
hésitations, Daba finit par accepter de parler des mesures supposées
accompagner la hausse des tarifs d'hospitalisation.
"Je n'etais même pas au courant qu'il y avait des mesures qui accompagnent
la hausse des prix de la journée d'hospitalisation", explique Mme
Fall. Car poursuit-elle, "c'est moi qui ai acheté toutes mes ordonnances
et à part les trois repas que l'hôpital nous donne, il n'y a pas
de différence avec la dernière fois que j'ai séjourné ici". Elle
déplore également l'absence des assistants sociaux, car dit-elle,
"mon mari ne peut plus assurer les frais de l'hospitalisation et
je ne trouve personne à qui m'adresser".
Des propos corroborés par une autre, la mère de Kader, qui occupe
une des cabines. Requérant l'anonymat, elle confie que si elle accepte
de payer la journée d'hospitalisation à 10 000 francs, c'est parce
que "la santé n'a pas de prix". Mais, affirme-t-elle, cela ne lui
donne aucun privilège car elle reçoit le même traitement que ceux
qui sont logés dans les salles. Tout juste si les cabines sont climatisées
et offre plus de tranquilité. Cependant, précise la mère de Kader,
"certains produits, comme les outils de perfusion les piqûres et
seringues, ne nous sont plus vendus".
A la direction, le chef de la division des finances de l'hôpital,
Pape Diouf signale que "le centre n'a jamais été aussi fréquenté".
Et à son avis, c'est parce que les malades y trouvent un certain
confort qui n'existe pas ailleurs.
Quant à la hausse des prix de la journée d'hospitalisation, il
indique que "c'est le ministère de tutelle qui fixe les minima et
maxima des tarifications et les prix d'Albert Royer sont au milieu
de cette norme".
Par ailleurs, explique-t-il, si certains parents continuent de
prendre en charge leurs médicaments, c'est que certains produits
ne sont pas disponibles à la pharmacie du centre. Ainsi les malades
achètent eux-mêmes les produits quand il y a urgence.
En tout cas, les commodités alimentaires annoncées n'ont aucun
effet sur le commerce de la vendeuse de fruits, installée en face
de la direction du centre Albert Royer. Sur un tabouret, elle est
bien sollicitée par les mères qui achètent des fruits à leurs enfants.
Sourire aux lèvres, elle confie que ses bananes s'écoulent au même
rythme qu'avant la réforme, comme si l'hôpital n'en donnait pas
à ces clients.
Le royaume sanitaire des enfants
Situé dans l'enceinte du centre hospitalier de Fann, l'hôpital
d'enfants Albert Royer a été créé en 1981, grâce au concours de
l'agence Canadienne pour le développement international sur l'initiative
d'un pédiatre dont le nom est désormais lié à l'institution. L'hôpital
deviendra établissement public en 1999 et, à ce titre, il est le
seul spécialisé au Sénégal et dans la sous-région à la pédiatrie,
cette branche de la médecine qui s'intéresse à l'enfance et à ses
maladies.
Les cris des enfants et les marchands de fruits et bonbons présents
un peu partout sur les lieux témoignent sur la spécialité des lieux.
L'espace est bien pour enfant. Dès l'entrée principale, c'est la
propreté des lieux et la blancheur des murs repeints qui mettent
en relief la verdure des plantes qui longent les bâtiments et offre
un décor fort agréable.
Mais une fois dans la salle d'accueil, on découvre que ce n'est
pas un lieu de plaisir. En témoignent la tristesse et l'inquiétude
sur le visage des femmes trouvées dans la salle d'attente. Les unes
tiennent entre leurs bras leurs enfants malades alors que les autres
les portent sur leurs dos. Les pleurs d'enfant et les murmures des
mamans qui tentent vainement de les calmer se confondent pour donner
un bruit un peu sourd.
C'est dans cette ambiance que nous avons rencontré Omar Ndiaye,
chef du service Accueil, selon qui "le flux de patients dépend des
jours de la semaine et de la disponibilité des médecins".
Par Cheikh Fadel BARRO - Stagiaire
Lire l'article original : http://www.lequotidien.sn/archives/article.cfm?article_id=7832&index_edition=235
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