A quel souci répond la session de formation
et d'information que vous venez d'organiser pour marquer la journée
de lutte contre le cancer du sein, dimanche dernier ?
Cette journée de formation et d'information est organisée pour
sensibiliser les professionnels de la santé au cancer du sein. La
Ligue ivoirienne contre le cancer a pour objectif d'améliorer la
prise en charge du patient sur les différentes catégories du cancer.
Cette journée de formation et d'information a été organisée cette
année sur le cancer du sein parce que le mois d'octobre est le mois
du cancer du sein, la date du 19 particulièrement. Des journées
de formation et d'information seront organisées aussi pour d'autres
pathologies cancéreuses.
La LICC affirme que l'information est un moyen
efficace de prévention. Simple slogan ou réalité à intégrer dans
les programmes de lutte contre le cancer ?
L'information est importante. C'est une forme de prévention. La
maladie du cancer prise à temps peut être guérie. Prévenir, c'est
une façon pour nous d'amener la population à prendre conscience
de l'existence de ce mal. Ce genre de manifestation, pour nous,
est très important, tant pour l'information des professionnels de
la santé que pour la société dans son ensemble.
Qu'est-ce qui explique que de plus en plus de
jeunes femmes encore en activité sont touchées aujourd'hui par le
cancer du sein ?
Cette question est du ressort du médecin. Effectivement, les statistiques
montrent qu'aujourd'hui, nous avons de plus en plus de femmes qui
sont touchées précocement par cette maladie, notamment le cancer
du col de l'utérus. C'est pour cela que j'insiste pour dire que
l'information, c'est-à-dire la sensibilisation, est le premier moyen
de prévention.
C'est devant cette réalité que vous avez été
amenée à créer la LICC ?
C'est non seulement devant cette réalité, mais aussi devant le
fait que le cancer reste un sujet tabou. Il faut arriver à démystifier
cette pathologie qui prise à temps peut être guérie. On voit en
France que le cancer du sein pris de façon embryonnaire peut être
guéri dans 90 voire 95% de cas.
Pensez-vous, que les professionnels de la santé
ne jouent pas pleinement leur rôle en matière de sensibilisation
surtout ?
Je dirais qu'il y a un problème de coordination entre les professionnels
de la santé. Cette journée que nous avons organisée vise justement
à asseoir cette coordination, à savoir vers qui les professionnels
de santé doivent diriger les malades, quelle est la prise en charge
qu'il faut avoir, quelles sont les gestes préliminaires qu'ils doivent
avoir dès qu'ils rencontrent une patiente qui se plaint du sein…
Qu'est-ce qui motive votre engagement dans cette
lutte ? Avez-vous été personnellement touchée, à travers un proche,
par le cancer ?
Pour des raisons de confidentialité, je préfère ne pas répondre
à cette question. Mais vous savez, en général, on est tous touché,
de près ou de loin.
Le traitement du cancer est-il à la portée de
nos populations ?
Le traitement du cancer est très coûteux, malheureusement. C'est
pour cela que nous avons besoin d'un appui institutionnel afin que
nous puissions, par le biais de l'AMU, arriver à faire une prise
en charge du malade.
Au-delà de la sensibilisation, vous comptez
donc mener des actions concrètes en faveur des malades ?
Nous voulons aider les malades, mais il ne faudrait pas oublier
que nous sommes une association et nos revenus sont constitués des
cotisations de nos membres, les dons et legs. Ce serait assez difficile,
financièrement parlant, de prendre en charge entièrement les malades.
La prévention à travers les journées de dépistage que nous organisons
coûte déjà excessivement cher. Nous faisons appel à des laboratoires,
des médecins… Nous sommes limités dans nos démarches, mais nous
nourrissons beaucoup d'ambitions. L'une d'elles est de créer un
centre de cancérologie dans lequel les malades pourront bénéficier
d'une réelle prise en charge. Il y a un réel problème au niveau
des moyens techniques. Des appareils tels que la radiothérapie et
la greffe font défaut dans notre pays. Dans la sous-région, des
pays tels que le Ghana, le Gabon, le Sénégal, le Cameroun, ont la
radiothérapie, mais la Côte d'Ivoire manque de cette nouvelle technologie.
Il existe des techniques simples de dépistage
que toute femme devrait s'appliquer, n'est-ce pas ?
Cela entre dans le cadre de la prévention où on apprend l'autopalpation
qui permet de détecter les symptômes qui doivent amener immédiatement
à aller voir le gynécologue qui, souvent, parce qu'il n'est pas
sensibilisé ne fait pas de palpation à ses patientes. Or ce sont
des gestes qu'il faut avoir obligatoirement aujourd'hui. Les gynécologues
ne vous proposent pas un frottis qui déterminent si vous avez un
cancer du col de l'utérus ou pas. Ce sont des automatismes qu'il
faut absolument avoir.
Et la femme elle-même ? Lui recommandez-vous
ces automatismes ?
Oui. Mais une femme ne peut faire elle-même son propre diagnostic
sur le cancer du col de l'utérus.
Vu que le plateau technique sur place présente
des insuffisances, vos actions peuvent-elles avoir une portée ?
C'est pour cela d'ailleurs qu'il faut mettre l'accent sur la prévention.
Un mal pris à temps peut généralement être guéri.
PROPOS RECUEILLIS PAR ELVIS KODJO
Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=24724
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