72% des accouchements ne sont pas assistés dans la région de Tambacounda.
C'est là une des causes du taux élevé de mortalité maternelle qui
évolue aux environs de 1200 pour 100.000 naissances vivantes, alors
que la moyenne nationale est 510 pour 100 mille. En lutte contre
ce fléau, le réseau des parlementaires en population et développement
a dressé un vibrant plaidoyer pour la mobilisation des communautés
de base, pour la prise en charge des femmes enceintes et celles
en âge de procréer. A cet effet, il y a eu récemment, dans la région
de Tamba, des journées décentralisées des Parlementaires sur la
sensibilisation et l'information au sujet de la mortalité maternelle.
Elles ont réuni toutes les couches de la population de la région
de Tamba. Les contraintes socioculturelles, économiques et les perspectives
des services de santé sont, entre autres, des questions qui ont
été abordées. "Ce sont des défis à relever", selon Dr Lamine Diawara,
le médecin commandant de la région de Tambacounda. Parlant de la
situation de la mortalité maternelle, Dr Diawara a dit qu'elle était
évaluée à 850 décès pour 100 mille naissances vivantes et que ce
taux a été réévaluée en hausse à la suite d'une enquête récente
de cette année, initiée par le ministère de la santé et l'UNFAP.
Cette enquête révèle maintenant un taux de 1200 décès pour 100 mille
naissances vivantes. Parlant des facteurs de risques, il a relevé
"que seulement 28% d'accouchements sont assistés, alors que la moyenne
nationale est de 48%". "Dakar est à 92%", a précisé le Dr Diawara.
La région de Bakel a le meilleur taux avec 32%, tandis que le district
sanitaire de Tamba affiche 28% et Goudiry, 24%. Kédougou a seulement
18% de ses accouchements qui sont assistés. Pour pallier cette insuffisance,
le projet "Santé I FAD/PNDS" a permis de mettre en place des unités
de soins obstétricaux d'urgence (SOU) dans le district sanitaire
par le maillage complet du système sanitaire de la région.
Le principal obstacle soulevé de son côté par le gouverneur Mamadou
Diaboula reste l'enclavement de la région qui représente le tiers
du pays. Le premier soutien souhaité par la région de Tambacounda
reste la mise en place d'infrastructures routières. Selon M. Mamadou
Diaboula, "une dizaine de communautés rurales de la région sont
coupées du reste du pays depuis les premières pluies et certaines
localités n'ont même pas encore de vivres de soudure".
Pour le président du réseau des parlementaires, M. Famara Sarr,
il s'agit, pour les communautés de base, de s'évertuer à prendre
en charge les femmes et les enfants en se mobilisant. "Pour cela,
le premier acte de civisme reste le paiement de la taxe rurale,
afin de répondre aux exigences de certains bailleurs qui, à côté
des pouvoirs publics, se sont engagés à faire face au déficit de
matériel et d'infrastructures sanitaires", a dit M. Sarr. Pour le
représentant résidant de l'Unicef, M. Ian Hopwood, "la santé de
la femme reste une priorité et un objectif du millénaire, ce qui
explique la mobilisation des institutions du système des Nations
Unies pour accompagner les plans nationaux". "La mortalité maternelle,
selon le représentant résidant de l'Unicef, reste un problème de
développement, de comportement, d'éducation et une dimension socioculturelle".
Pour sa part, M. Cheickh Fall de UNFPA, qui a réaffirmé l'engagement
de son organisation auprès des pouvoirs publics, a mis l'accent
sur les accouchements à domicile, le manque d'infrastructures et
les difficultés d'accès aux soins.
Le caractère transversal de la lutte contre la mortalité maternelle
a été soulevé par Mme Ngoné Absa Wone, responsable de la cellule
"Genre et développement" du ministère de la Famille et de la Solidarité
nationale, tout en plaidant pour le changement de comportement.
Ce qui a fait dire à M. Cheikh Bamba Diop, du ministère de la Santé,
"que Tamba est en train d'afficher des indicateurs probants à cause
de la mise en place d'unités de soins obstétricaux d'urgence.
Auparavant, Mme Oumou Diallo, adjointe au maire de Tamba, et le
Dr Mouhamadou Signaté du Conseil régional ont souhaité que la région
soit dotée, en plus d'infrastructures, de personnels qualifiés comme
un gynécologue et un pédiatre, afin de faire baisser son taux de
mortalité, le plus important du pays et que le problème de l'enclavement
puisse être résolu. Il a également lancé un appel en faveur des
visites post-natales et prénatales, qui doivent permettre aussi
de baisser le taux de mortalité.
PAPE DEMBA SIDIBE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=31503
|