La plupart des établissements de santé privés rencontrent des difficultés
comme partout ailleurs dans les secteurs d’activités. Ces difficultés
sont liées au manque d’appui de l’Etat, à l’absence d’épargne des
populations en matière de santé, mais aussi à des difficultés liées
à la pratique du métier. Des grandes cliniques, tout comme les petits
cabinets de soins de quartier, l’affluence traduit faussement les
réalités dit-on.
"Il faut s’approcher de la tortue pour savoir qu’elle sent mauvais"
nous dit l’adage. Mais il faut approcher les responsables des établissements
de santé privés pour s’imprégner de leurs réalités, de leur quotidien.
Contrairement à ce que le commun des Burkinabè peut penser, aux
dires des responsables que nous avons pu approcher, les difficultés
sont multiples et rendent la tâche plus complexe qu’on ne le pense,
pour peu qu’on soit animé de l’amour du métier.
De l’absence d’épargne santé
La conception de la médecine, il faut le reconnaître, est difficile
selon que l’on est en Afrique ou en Europe. En Europe, selon les
indiscrétions de certains praticiens, avec le système de la sécurité
sociale, ou celui du tiers payant, les malades sont couverts. Ce
qui fait qu’ils rencontrent moins de difficultés quand ils vont
dans les hôpitaux publics ou dans les cliniques privées, car généralement
ce n’est pas eux qui supportent les coûts. C’est soit l’Etat à travers
le système de sécurité sociale, soit les tiers payant à travers
les assurances ou les mutuelles qui font la prise en charge. De
ce fait, quand le malade sait qu’en allant en consultation à la
clinique ou à l’hôpital, il n’aura pas à débourser, qu’il ait fait
une épargne personnelle ou pas, il sera couvert.
Ce qui constitue un réel problème pour les établissements privés
de soins au Burkina Faso. Les populations ne partent pas en consultation,
tout simplement, parce qu’elles savent qu’elles vont débourser,
en plus de cela si les examens et les frais de soins viennent s’ajouter,
pour celui qui n’a pas épargné, cela demeure un problème pour le
patient mais aussi pour l’établissement qu’il va fréquenter. A partir
de ce moment, naît alors le blocage entre le patient et le médecin
quand ils se rencontrent.
Difficultés quant à la pratique
Du point de vue médical, les praticiens rencontrent des difficultés
qui sont souvent inhérentes à la prescription et au suivi. Cela
est dû surtout à l’ignorance des populations, qui ne font pas souvent
confiance aux médecins traitants. Certains patients analysent les
prescriptions en fonction de ce qu’ils ont déjà eu, en fonction
de ce qu’un proche a eu ou en fonction de ce qu’un parent a eu ou
tout simplement en se référant à leur prescription antérieure. Il
y a aussi ceux qui se réfèrent aux prospectus des médicaments, ce
qui les amène souvent à vouloir contredire sinon contester les prescriptions
des médecins. Pourtant, malade comme médecin ont tous des droits
comme des devoirs les uns envers les autres : le médecin obligé
d’utiliser tout son art dans le traitement avec les moyens dont
il dispose pour guérir le malade. Cette obligation de moyens et
non de résultats n’est pas toujours comprise par les malades.
Du manque d’appui de l’Etat
Ces difficultés des établissements privés de santé sont inhérentes
à leur installation, à leur gestion et à leur entretien. Il appartient
aux responsables des établissements privés la charge de construire,
de recruter du personnel, de s’équiper, de s’approvisionner en médicaments
et en matériel médical. Aux dires des responsables, aucun soutien
de la part de l’Etat ne vient les épauler, pire la fiscalité et
autres frais de douane de la manière dont ils s’exercent sur leurs
établissements ne les avantagent pas en tant que services sociaux.
Il y a très peu de facilités qui leur sont offertes dans l’exercice
de leurs activités.
Ce que proposent les établissements de santé
Afin de mieux jouer le rôle qui est le leur et accompagner l’Etat
dans la promotion de la santé, et faciliter l’accès des populations
aux centres de soins publics comme privés, certaines dispositions,
si elles étaient prises en compte par les décideurs pourraient changer
les données actuelles par :
- un appui en allouant des fonds aux établissements privés avec
des formules de remboursement comme cela se passe dans certains
pays. Cela permettra aux établissements privés de soins de faire
face aux besoins d’équipements et d’installation
- un appui aux établissements de santé privés par rapport aux
difficultés d’approvisionnement en réactifs, médicaments et autres
matériels médicaux.
- une clarification de la pratique de la médecine privée, pour
mieux ordonner le secteur qui grouille de toutes sortes de désordre
(rappeler à l’ordre ceux qui émargent au budget de l’Etat et qui
sont propriétaires de cliniques).
- une application stricte des textes qui existent en la matière,
surtout par rapport aux contrôles de qualité de service, etc.
Jules Robert Ilboudo
Lire l'article original : http://www.fasonet.bf/hebdo/actualite2/hebdo238/Grostirentilslediable238.htm
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