Les familles affectées et les enfants orphelins ou malades du SIDA
ont été à l'honneur lors de la semaine nationale de sensibilisation
des femmes contre le VIH/SIDA, qui s'est achevée en fin de semaine
dernière au Sénégal. La fédération des associations féminines du
Sénégal (FAFS), l'AASED et l'Association "Bok And Yakaar" (ABOYA)
ont centré leurs activités sur la solidarité avec les personnes
touchées par le VIH/SIDA, notamment les enfants infectés par le
VIH ou malades du SIDA, les orphelins du SIDA, etc.
C'est ainsi que la section de la FAFS de l'hôpital d'enfants Albert
Royer (HEAR), conduite par sa présidente Abibatou Ndiaye, a opté
pour l'aide matérielle et financière, notamment dans la scolarité
des enfants des familles affectées par le VIH/SIDA, dont plus d'une
centaine, parmi laquelle de nombreux orphelins, est prise en charge
dans cette structure spécialisée en pédiatrie de la capitale. De
son côté, l'AASED, dirigée par Marie Thioye Cissé, a réuni les enfants
orphelins du SIDA et leurs familles d'accueil pour leur offrir du
matériel scolaire. Enfin, ABOYA, elle aussi, très active dans le
soutien et l'accompagnement des femmes et familles touchées par
le SIDA, a préféré organiser une séance de prières à la mémoire
de sa présidente, Mme Souadou Seck Tounkara, décédée à Dakar, peu
de jours avant le démarrage de la semaine "Femmes/SIDA" qu'elle
avait activement préparée. Toutes ces cérémonies ont eu un cachet
particulier qui rappelait avec force aux consciences présentes les
dangers réels du VIH/SIDA et les drames infligés par ce mal à des
familles de plus en plus nombreuses.
Ces différentes cérémonies, très émouvantes, présidées à Dakar
par Mme Ndèye Soukeina Guèye, point focal du plan sectoriel "Femmes/SIDA"
qui représentait Mme Awa Guèye Kébé, ministre de la Famille, du
Développement social et de la Solidarité nationale, ont permis de
redonner au moins un peu de chaleur et de ramener le sourire sur
les visages des enfants à l'HEAR et à l'institut d'hygiène Sociale
de Dakar.
RESPONSABILISATION TOTALE DES FEMMES
Mme Ndèye Soukeina Guèye, qui était accompagnée de l'Imam Ousmane
Guèye et de l'abbé Jacques Seck, a précisé "l'importance de la mobilisation
des femmes dans la lutte contre le VIH/SIDA, dans la mesure où elle
sont les premières à ressentir les effets néfastes de ce mal dans
la famille". "Nous devons œuvrer en faveur de la solidarité envers
les familles touchées par le VIH/SIDA et contrer la stigmatisation
et la discrimination", a expliqué Mme Guèye devant une foule de
femmes et d'enfants affectés par le VIH.
Mme Soukeina Guèye a rappelé les efforts effectués par le gouvernement,
avec l'appui des organisations de la société civile et de techniciens
dans le plaidoyer auprès des organismes internationaux comme la
Banque mondiale sur la base des acquis satisfaisants dans la lutte
contre le Sida au Sénégal et dont il s'agit de consolider dans la
mise en œuvre du plan stratégique 2002-2006. Sur ce registre, elle
a fait remarquer que le ministère en charge des femmes y a présenté
à Washington une nouvelle orientation donnant des responsabilités
entières aux organisations féminines dans la mise en œuvre de leurs
propres activités de lutte contre le VIH/SIDA. Mme Guèye a ajouté
que c'est de cela qu'est venu le plan sectoriel Femmes/SIDA et les
projets des organisations (féminines) de la société civile. Elle
a lancé des appels en direction "de toutes les bonnes volontés du
pays et de l'extérieur à apporter des soutiens aux familles affectées
par le VIH/SIDA, notamment à travers le parrainage d'enfants orphelins".
Pour sa part, le Pr. Aby Sy Signaté (pédiatrie) a indiqué que "le
service de pédiatrie de l''hôpital d'enfants Albert Royer est le
service de référence, tant pour Dakar que le reste du Sénégal. Il
reçoit même des malades de la sous-région". En plus des consultations
générales, l'HEAR effectue des consultations spécialisées à l'intention
d'enfants malades présentant des affections spécifiques qui induisent
de gros problèmes sociaux pour les malades et leurs familles.
Le Pr. Sy Signaté a ajouté que l'HEAR a développé par exemple les
consultations en cardiologie, asthme et drépanocytose, ainsi que
pour les enfants porteurs de maladies génétiques. Il a révélé les
actions, entre autres, des Prs. Mouhamadou Fall, Abdou Sanokho,
Mamadou Bâ, Ibrahima Diagne qui ont été à l'origine de toutes avancées
médicales et sanitaires. Et, depuis 2000, il s'est ajouté une consultation
spécifique dirigée vers les enfants séropositifs et les nourrissons
nés de mères séropositives dans le cadre de la lutte contre la transmission
du VIH. Cette consultation a vu le jour grâce au Programme national
de lutte contre le SIDA.
PROBLEMES SOCIAUX CRUCIAUX DES ENFANTS
"Depuis juin 2000, nous avons inclu plus de 110 enfants séropositifs
et 60 nourrissons nés de femmes séropositives". "Ces nourrissons
ne sont pas infectés pour la plupart, mais soulèvent des problèmes
difficiles d'élevage. Ces enfants nous posent d'énormes problèmes
sociaux. Si les médicaments antirétroviraux sont octroyés gratuitement,
en revanche, les autres médicaments que les enfants utilisent et
les autres éléments de bilans entrant dans les traitements sont
pris en charge par les familles. Ces familles croulent sous les
poids "lourds" des frais ".
Après avoir félicité et remercié la FAFS, ainsi que le ministère
de la Famille et de la Solidarité nationale pour leurs appuis aux
enfants malades du SIDA, Le Pr. Sy Signaté a souligné à juste titre
que les associations ont fait avancer beaucoup de choses, quand
elles se décident de s'y impliquer. Elle a attiré l'attention sur
la nécessité de soutenir ces catégories de malades, dont les trois
quarts appartiennent à des familles indigentes.
Plus de la moitié des enfants malades ou infectés par le VIH est
constituée d'orphelins, seul un tiers est scolarisé. De son côté,
l'abbé Jacques Seck a fait une belle apologie de la place de la
femme auprès de l'homme, dans la famille et au sein de la société,
tout en reconnaissant la nécessité pour une communauté, pour un
pays, d'éduquer ses femmes. A sa suite, l'imam Ousmane Guèye a fustigé
"le comportement de ceux qui rejettent les malades, refusent de
les aider et même les chassent des maisons, des gestes qui sont
contraires aux recommandations du saint Coran et du Prophète de
l'Islam (PSL)".
Rappelons que cette semaine de sensibilisation a vu la mobilisation
de dizaines d'associations de femmes à travers le pays. A Dakar,
l'Union des femmes commerçantes de Dakar, dirigée par Mme Ndèye
Ndiaya Ndiaye, l'Association pour l'éducation à la Vie Familiale
(AEVF) de Mme Absa Wade Ngom, l'ANAFEM, et le Collectif des femmes
Commerçantes (COCOGES) ont, elles aussi, marqué leur mobilisation
contre l'épidémie à VIH/SIDA. Elles ont toutes réaffirmé leur engagement
dans le combat pour le contrôle de l'épidémie à VIH/SISA au Sénégal.
FARA DIAW
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=31781&index__edition=10026
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