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L'actualité de la santé en Afrique

Propriété intellectuelle : L'OAPI frappe à la porte du guérisseur - Walfadjri - Sénégal - 28/10/2003

L'Organisation africaine pour la propriété intellectuelle (Oapi) se met à la médecine traditionnelle. La préoccupation est d'identifier les tradipraticiens selon des règles communes aux pays membres de l'Oapi pour pouvoir harmoniser les procédures d'homologation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle.

Après la Conférence des ministres de l'Industrie et de la Santé de septembre 2002 au Gabon, des experts viennent de se réunir en Côte d'Ivoire (du 20 au 23 octobre 2003). Parvenir à identifier les tradipraticiens selon des règles communes aux pays membres de l'Oapi était de leurs préoccupations. Aussi, pour cette organisation intergouvernementale, le rêve fait-il dans une "harmonisation des procédures d'homologation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle". Deux "référentiels" ont été adoptés à Grand-Bassam. Lesquels documents devraient être soumis à la prochaine Conférence des ministres de l'Oapi.

Réussir à identifier le tradipraticien revient à poser les bases d'une réglementation de la médecine traditionnelle. D'ailleurs, l'Oapi fait de la question de l'identification le préalable à toute réglementation. Elle considère, en outre, que le non-règlement de cette question "favorise l'émergence de charlatans". Et, dans le document des experts de l'Oapi, des critères administratifs, communautaires et médicaux sont proposés. Des conditions qui intègrent "la résidence dans la localité d'exercice, la jouissance des droits civiques, l'ancienneté dans la pratique, la notoriété, l'évidence ethnomédicale ou les résultats obtenus, le respect de l'éthique médicale, l'accessibilité et la continuité des services, etc.".

Un code de bonne conduite du tradipraticien de santé est aujourd'hui envisagé. Cet autre praticien de la médecine devant collaborer avec les agents de santé. En effet, conformément à la déclaration d'Alma-Ata de 1978 et relative aux soins de santé primaire, la médecine traditionnelle est à intégrer dans les soins de base. Aujourd'hui, "80 % des populations africaines utilisent la médecine traditionnelle pour répondre à leur besoin de soins de santé", d'après l'Organisation mondiale de la santé (Oms). Et parce que le tradipraticien est à impliquer dans "l'organisation du système communautaire de soins", l'Oapi suggère, entre autres, la création, chez chacun de ses membres, d'une "structure chargée de coordonner les activités de promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles (…), un fichier des tradipraticiens reconnus".

Concernant l'"harmonisation des procédures d'homologation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle", les experts de l'Oapi considèrent qu'elle "est une étape importante dans le développement d'une véritable industrie pharmaceutique locale". Selon toujours l'Oms, "25 % des médicaments modernes sont préparés à base de plantes qui, au départ, étaient utilisées traditionnellement". Le marché mondial des plantes médicinales, lui, représente 60 milliards de dollars par an. Ainsi, à travers l'adoption d'un "référentiel d'homologation", l'Oapi crée-t-elle "les conditions favorables à une meilleure circulation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle". Des commissions techniques d'homologation des médicaments seraient alors à installer dans les pays de l'Oapi, voire des comités d'éthique.

Selon Alioune Aw, responsable du Bureau de la médecine traditionnelle à la Direction de la santé, l'essentiel des recommandations de l'Oapi sont déjà en vigueur au Sénégal. Et M. Aw qui a participé aux travaux de Grand-Bassam, était accompagné d'un tradipraticien sénégalais (Abdoulaye Ndao) qui a eu à présider le groupe ayant "examiné le référentiel sur l'harmonisation des procédures d'identification des tradipraticiens". Par ailleurs, il est à rappeler l'"Initiative pour la protection et la valorisation des inventions africaines en matière de médicaments". D'après ce document adopté à Libreville en 2002, "entre 1998 et 2001, un total de 546 brevets portant sur des inventions relatives aux médicaments" a été enregistré par l'Oapi. Mais, seuls "neuf de ces brevets ont été déposés par des ressortissants des pays membres de l'organisation".

Par : Assane SAADA

Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=5548


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