Avec un taux de prévalence de 2 %, la région de Ségou (à près de
250 Km de Bamako) arrive juste derrière la capitale malienne qui,
selon l'Enquête démographique et de santé (EDS), est la zone la
plus touchée par le VIH-SIDA au Mali. La prévalence à Bamako est
de 2,5%. Le centre L'Eveil, un centre de dépistage volontaire anonyme
y est installé. Il est fréquenté à 70% par des élèves.
Compte-tenu du fort taux enregistré par cette région malienne,
un centre de dépistage volontaire anonyme y est installé depuis
le 1er juillet 2002. Il vient s'ajouter aux centres de dépistage
déjà ouverts à Bamako et à Kayes. Ce centre, qui porte le nom de
"L'Eveil", est le fruit du partenariat entre Population service
intermédiaire (PSI) et l'Association malienne pour la protection
et la promotion de la famille (AMPPF).
Situé dans le quartier Médine, l'objectif du centre "L'Eveil" de
Ségou est de donner l'opportunité aux populations de faire la planification
familiale couplée au conseil dépistage, indique Aïba Cissé, sociologue-gestionnaire
du centre. Toutes les stratégies déployées doivent être axées sur
comment "amener les populations à accepter le dépistage volontaire",
ajoute M. Cissé. Un tel programme mise sur l'IEC classique qui a
pour objectif ultime d'inciter les populations à vouloir connaître
leur statut sérologique. D'où la complexité de la mission du centre
"L'Eveil", justifie Aïba Cissé. Et de poursuivre : "Nous voulons
donner des informations précises afin de faire connaître avec exactitude
les modes de contamination du VIH-SIDA et, ce faisant, augmenter
la motivation personnelle pour un changement de comportement". Cela
est d'autant plus vrai que le sociologue du Centre "L'Eveil" estime
qu'il importe de rappeler à tout moment la vulnérabilité de chacun.
Partant, il a fait sien ce slogan : "Le Sida nous concerne tous
!".
Test rapide
Les prestations du Centre "L'Eveil" vont des conseils-informations
sur les IST-VIH-SIDA aux conseils de soutien à ceux qui en expriment
le désir en passant par le dépistage volontaire. S'agissant du dernier
volet, le Centre "L'Eveil" de Ségou a pour spécificité de pratiquer
le test rapide. "C'est une de nos spécificités, si on se compare
aux autres centres de dépistage", soutient Mme Habibatou Soumano,
directrice du centre "L'Eveil". Cela veut dire que le client peut
avoir ses résultats juste dans les minutes qui suivent le test,
simplement parce qu'un laboratoire est intégré dans le centre. Le
client fait les deux premiers tests le premier jour, lesquels doivent
donner le même résultat. Mais, le client doit revenir une deuxième
fois pour le test de confirmation.
La procédure du centre "L'Eveil" est basée sur le volontariat, l'anonymat
et la garantie de la confidentialité. La sensibilisation est faite
à la radio, dans les quartiers (lors de soirées culturelles). Les
éducateurs pairs jouent également un rôle important dans les écoles
où ils sont chargés d'informer leurs camarades sur tout ce qui touche
au VIH-SIDA. Ils mènent d'ailleurs les mêmes types d'actions dans
leurs quartiers respectifs.
Au centre "L'Eveil" de Bamako, le test n'est pas gratuit. Le client
donne une somme forfaitaire de 500 F CFA. Avant de passer au test,
le counselling est un préalable. On lui explique tout le processus
et si le client est consentant, un dossier lui est ouvert. Une fois
le test réalisé, c'est au conseiller de lui annoncer le résultat.
Si le résultat est positif, ce dernier doit gérer les réactions
qui peuvent découler de l'annonce du statut sérologique. Par contre,
si le résultat est négatif, "on met l'accent sur les moyens de prévention",
estime Souleymane Sidibé, conseiller au centre "L'Eveil".
37 séropositifs sur 540 dépistés
Jusqu'au 30 septembre 2003, 698 clients ont été reçus à la fois
pour des conseils et pour le dépistage qui a intéressé les 540.
Parmi ceux-ci, seuls les 37 vivent avec le VIH. On compte 21 femmes
et 16 hommes. Ces 37 séropositifs complètent ainsi les 4000 cas
recensés ou déclarés de personnes vivant avec le VIH. Mais seuls
deux d'entre eux sont sous ARV. Seulement, indique-t-on, les 20
% des 540 personnes qui se sont fait dépister viennent des villes
secondaires et des villages. On parle notamment de la préfecture
de Niono, à 132 Km de Ségou, une zone rizicole par excellence qui
drainerait le plus grand nombre de séropositifs dans la région de
Ségou. Le conseiller de souligner que diverses réactions sont notées
lors de l'annonce du statut sérologique, selon que ce dernier soit
positif ou négatif. Quand c'est négatif, "ce sont des prières comme
celle des deux célèbres rakkas de Bamba (Ndlr : Cheikh Ahmadou Bamba,
fondateur du Mouridisme), des expressions du genre : c'est fini,
j'arrête ou je ne sors plus", note le conseiller.
Cependant, si le test s'avère positif, place est faite le plus souvent
à des réactions dépressives. Mais, remarque Souleymane Sidibé, "certains
d'entre eux se ressaisissent et demandent ce qu'on peut faire pour
eux".
Programme ado
Parmi ceux qui fréquentent le centre pour les besoins de conseils
ou de dépistage, la tranche d'âge la plus représentative est celle
des 21-35 ans. Et les élèves constituent la couche sociale la plus
représentée. En effet, le centre "L'Eveil" est à 70 % fréquenté
par des élèves. S'agissant de l'existence de programmes spécifiques
destinées aux élèves, Souleymane Sidibé déplore leur absence dans
les établissements scolaires. Même si, par ailleurs, il indique
: "Nous voulons travailler en amont, informer les jeunes pour qu'ils
s'intéressent au dépistage, qu'ils puissent le faire à partir de
18 ans".
A cet effet, Mme Habibatou Soumano, directrice du centre "L'Eveil",
révèle l'existence d'un programme adolescent (PRADO), lequel est
actuellement mis en veilleuse. En décembre, il est prévu dans les
établissements scolaires des cours sur le VIH-SIDA. D'autres programmes
spécifiques sont développés à l'endroit des associations féminines
où il est organisé "un concours pour le meilleur message sur le
VIH", selon la directrice de "L'Eveil". Il en est de même pour les
filles migrantes avec lesquelles travaille le centre qui collabore
aussi, selon Habibatou Soumano, avec beaucoup d'ONG cibles qui réfèrent
leurs groupes cibles au niveau de "L'Eveil". Revenant sur le Centre
"L'Eveil", sa directrice indique qu'il vient en appui au programme
de lutte contre le SIDA du Mali (PNLS). Pour Habibatou Soumano,
tous les tests qui y sont effectués sont conservés. Et "ils feront
l'objet d'un contrôle de qualité", confie-t-elle. Après une année
de fonctionnement, la directrice de "L'Eveil" estime avoir atteint
la plupart des objectifs fixés au départ. Seulement, elle estime
que la grande difficulté se situe au niveau du "changement de comportement
qui, reconnaît-elle, se fait en dents-de-scie".
La directrice lie l'intérêt des populations pour le centre aux 500
F CFA qu'elles donnent, malgré le fait qu'elles évoluent dans un
contexte de pauvreté accrue.
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=32092
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