En ouvrant les travaux de la 6e Conférence internationale sur la
prise communautaire et à domicile des personnes vivant avec le VIH,
le président de la République, Me Abdoulaye Wade, a annoncé que
dans son pays, toutes les personnes séropositives auront, à partir
de janvier 2004, accès gratuitement aux antirétroviraux (Arv). Cette
mesure s'inscrit en droite ligne dans les actions entreprises pour
une meilleure disponibilité des Arv. Me Abdoulaye Wade a ajouté
que des directives sont données au Premier ministre pour l'application
de cette mesure de gratuité qui fait ainsi passer la subvention
de l'Etat sénégalais des Arv de 90 à 100 %.
La 6e Conférence internationale sur la prise en charge communautaire
et à domicile des Personnes vivant avec le Vih (PvVih) a débuté,
depuis hier, à Dakar. La cérémonie officielle d'ouvertue a été présidée
par le chef de l'Etat, Me Abdoulaye Wade, accompagné de Mme Viviane
Wade et de la Première dame de la Gambie qui a rehaussé de sa présence
cette rencontre solennelle qui se tient pour la première fois en
terre africaine.
La venue à Dakar de Mme Jammeh témoigne ainsi, une fois de plus,
l'engagement incontesté des Premières dames d'Afrique qui ont même
créé un cadre d'actions, d'échanges et surtout de plaidoyer pour
lutter contre le Sida. Ce mal des temps modernes qui a des répercussions
sensibles sur la vie d'innocentes victimes. Lesquelles sont souvent
confrontées à la discrimination et à la marginalisation. Des situations
durement ressenties par les PvVih soulignant de fait tout l'intérêt
de la prise en charge communautaire et à domicile de ces êtres qui
n'ont pas délibérément choisi de devenir séropositifs. Par conséquent,
ils doivent bénéficier de soins de qualité au même titre que les
autres membres des communautés qui tombent malades et qui ont légitimement
accès aux traitements adéquats que nécessite la prise en charge
de leur maladie.
Justement, c'est sur le thème "Plus de soins pour vivre plus longtemps"
que seront axées toutes les activités qui constitueront les temps
forts de cette rencontre de Dakar qui mobilise la participation
de plus de 2500 délégués venus du monde entier. Des assises dont
la majeure partie des participants est constituée de PvVih ou de
mouvements des communautés qui s'activent dans la lutte contre le
Sida.
Meilleure disponibilité des Arv
A partir d'aujourd'hui et ce jusqu'au 11 décembre 2003, les délégués
plancheront sur des sous-thèmes comme : "mieux soigner et traiter",
"mieux vivre" et "se développer". Mais, ces échanges qui engagent
l'implication de toutes les communautés qui prennent part à la 6e
Conférence internationale sur le Sida à Dakar ne peuvent avoir de
sens que si l'on arrive à ce résultat ô combien significatif, parce
que concret : "que la prise en charge des PvVih soit effective et
intégrée dans l'agenda politique des Etats aussi bien au niveau
national qu'international ", clame le Dr Ibra Ndoye, président de
la conférence. Et d'ajouter : " Nous comptons sur son leadership".
Des mots, une préoccupation qui ont eu un écho favorable au niveau
du président de la République du Sénégal qui déclare ainsi que,
dans son pays, et à partir de janvier 2004, toutes les personnes
séropositives auront accès gratuitement aux Antirétroviraux (Arv).
Cette mesure s'inscrit en droite ligne dans les actions prises pour
une meilleure disponibilité des Arv. Poursuivant, Me Abdoulaye Wade
ajoute que des directives sont données au Premier ministre pour
l'application de cette mesure de gratuité qui fait ainsi passer
la subvention de l'Etat sénégalais des Arv de 90 à 100 %.
Voulant que son engagement à côté des PvVih fasse tache d'huile
un peu partout dans le monde, notamment dans les pays où l'accès
aux Arv demeure encore une équation pour ne pas dire un luxe, Me
Wade lance un appel solennel à ses homologues chefs d'Etat. Il en
est de même de sa volonté d'encourager "les partenaires à persévérer
et faire de sorte qu'avant 2010 l'inaccessibilité aux Arv se conjugue
au passé". Car, pour le chef de l'Etat du Sénégal, "l'accès aux
Arv à tous est possible à condition que les gouvernements s'approprient
une telle politique et l'inscrivent dans leurs budgets annuels".
Cependant, quel que soit le degré d'engagement des Etats, de la
société, Me Abdoulaye Wade estime d'un apport considérable l'implication
des communautés. En effet, selon lui, "si les communautés ne se
mobilisent pas, les efforts des gouvernements, de la société civile
n'auront pas les impacts souhaités".
"Vous êtes les personnes les plus importantes
de cette conférence"
Dans cette dynamique, Mme Mireille Guigaz, représentante du ministère
français des Affaires étrangères, indique que les personnes séropositives
ont besoin d'être accompagnées dans l'observance, le traitement,
la prise en charge nutritionnelle et bien d'autres domaines entrant
dans le cadre global de la prise en charge des PvVih. Et elle se
fonde sur la certitude que ni la recherche ni les soins ne sont
en mesure de répondre aux diverses difficultés auxquelles elles
sont confrontées. Donc, Mme Guigaz estime qu'il n y a pas aujourd'hui
d'autres voies de recours que le dialogue avec les PvVIh. A ce titre,
indique-t-elle à leur endroit : "Vous êtes les personnes les plus
importantes de cette conférence. Sachez-le. Expliquez-vous".
Mais, l'option de la prise en charge communautaire ne doit en aucune
façon pousser les gouvernements, le personnel soignant ou d'autres
institutions, associations ou personnes intervenant directement
dans la lutte contre la pandémie du Sida à se dégager de leurs responsabilités.
Tout en saluant le partage des expériences porteuses d'innovation,
lesquelles témoignent davantage de la réalité de la prise en charge
communautaire, Mireille Guigaz reconnaît que cette dernière ne saurait
être un palliatif. Mieux, soutient-elle, "Il faut s'attendre à ce
qu'elle coûte".
Ayant compris un tel enjeu, Docteur Lieve Fransen, représentante
de l'Union européenne, a affirmé que les efforts doivent être augmentés,
améliorés pour répondre aux attentes des pays. Aussi, estime-t-elle
qu'il faut leur faciliter la prise en charge comme c'est le vœu
exprimé par tous. Notamment celui de Mme Jeanne Kouamé du Réseau
co-organisateur de la conférence qui a fustigé l'attitude des bailleurs
qui n'ont tendance, selon elle, à ne financer que les activités
de prévention laissant de côté un des aspects importants de la lutte
contre le Sida à savoir la prise en charge communautaire. Surtout
qu'argumente Mme Kouamé, cette nouvelle initiative prise pour stopper
la propagation du Vih-Sida, si elle est articulée à la prévention,
ne peut que donner des résultats probants pour une meilleure efficacité
des stratégies de lutte.
A propos de prise en charge communautaire, Jeanne Kouamé a vanté
les mérites de la famille, son cadre d'exécution par excellence.
"La famille constitue la première réponse communautaire dans la
mesure où c'est elle qui nourrit et soigne les malades, donc elle
peut jouer un rôle important dans la prise en charge psychosociale
de PvVih", soutient-elle.
MAÏMOUNA GUEYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=32900
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