Le passage de l'insuline animale à l'insuline humaine sera effectif
pour les insulinodépendants, à partir du 1er janvier 2004. L'annonce
a été faite hier vendredi 5 décembre par le comité chargé de gérer
le passage, à l'occasion d'une journée de sensibilisation destinée
à la presse.
Le diabète sucré constitue un problème de santé publique au Sénégal.
Cette maladie se caractérise par "une augmentation permanente de
la glycémie (le taux de sucre dans le sang) par défaut d'assimilation
lié à un déficit de la sécrétion d'insuline par le pancréas", explique
le Professeur Seydou Nourou Diop. Selon lui, "il existe deux types
de diabète sucré. Tout d'abord, nous avons le diabète insulinodépendant
qui est lié à un déficit profond de fabrication de l'insuline par
le corps."
Les spécialistes estiment d'ailleurs que le diabète de type 1 est
plus fréquent chez les jeunes âgés de moins de 30 ans. Le patient
doit alors prendre, dans ce cas, des injections quotidiennes toute
la vie durant.
Les spécialistes signalent aussi la croissance de diabète de type
2 dit non insulino-dépendant au Sénégal. Cette maladie liée à une
résistance de l'organisme à l'action de l'insuline fabriquée et
à une mauvaise qualité de celle-ci, est traitée avec la modification
du mode de vie qui suffit le plus souvent pour la traiter. Le malade
devrait alors observer un régime alimentaire équilibré, en consommant
moins de sucre et d'aliments gras. Même si dans certaines circonstances,
ils peuvent avoir besoin d'insuline.
Utilisée dans le traitement du diabète, l'insuline a été découverte
en 1921 par deux chercheurs canadiens en l'occurrence Best et Banting.
C'est un traitement qui a transformé la vie des diabétiques. Les
procédés de fabrication de l'insuline se sont améliorés très rapidement
: au départ faits à base d'extraits des pancréas de bœuf ou de porc
pour être adaptée à l'organisme humain, elle a ensuite été synthétisée.
C'est au cours des années 70 que des procédés spécifiques ont permis
de fabriquer une insuline à tout point de vue identique à l'insuline
fabriquée par le corps humain.
Abordant la question du passage de l'insuline animale à l'insuline
humaine, le Docteur Marie Ka Cissé a précisé que "le passage de
l'insuline animale à l'insuline humaine est effectif dans les pays
développés depuis 20 ans. Dans notre pays, le passage sera effectif
à partir du 1er janvier 2004. Car, il fallait préparer ce passage
et surtout informer les différents acteurs. L'insuline humaine coûte
10 fois plus cher que l'insuline animale, il fallait trouver des
mesures d'accompagnement. Actuellement," ajoute le docteur
Marie Ka Cissé, "l'Etat s'est engagé à soutenir ce passage, en apportant
une subvention dont le gap est estimé à 200 millions de Fcfa pendant
un an. Ainsi, l'insuline humaine sera vendue au même prix que l'insuline
animale c'est à dire à 1400 FCfa. Ce que nous saluons du reste,
mais nous nous souhaitons que cela se pérennise", affirme t-il.
Une aubaine pour les nombreux malades
A partir du 31 décembre, la commercialisation de l'insuline animale
ainsi que les seringues dosées à 40 unités vont être interdites
sur l'ensemble du territoire nationale. Et à la place, on aura l'insuline
humaine et des seringues graduées à 100 unités par millilitre. Ce
qui constitue un changement de taille.
Selon Dr Marie Ka, "le patient qui a entamé son flacon d'insuline
animale peut l'épuiser. On peut même passer d'une dose d'insuline
animale à une dose d'insuline humaine. Seulement, le risque est
lié à l'adaptation de la seringue et au respect des doses. L'insuline
animale est dosée à 40 unités par millilitre et l'insuline humaine
à 100 unités par millilitre. Ainsi, à quantité égale, le flacon
d'insuline humaine contient deux fois plus d'unités de traitement
que celui de l'insuline animale". Le Professeur Seydou Nourou Diop
d'expliquer que "l'insuline humaine pose moins de problèmes d'allergie
; par conséquent elle est plus efficace et avec des quantités moindres.
Mais, l'injection doit se faire avec des seringues spéciales graduées
à 100 unités par millilitre." Son conseil est, qu'il ne faut
jamais injecter l'insuline dosée à 100 unités avec des seringues
graduées à 40 unités par millilitres et vice-versa.
Dernier conseil aux malades, les diabétiques du type 1, doivent
par conséquent se rapprocher le plus rapidement de leurs structures
de prise en charge ou de leurs médecins traitants pour le renouvellement
de leurs ordonnances, avisent les médecins.
Yacine KANE
Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/archives/06122003.htm
|