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L'actualité de la santé en Afrique

Hôpital régional de Kolda : Un bijou pas trop sollicité - Le quotidien - Sénégal - 6/12/2003

La nuit est tombée depuis une heure déjà sur Kolda. Une fraîcheur relative a fini de gagner toute l'étendue de l'hôpital régional. Les couloirs de l'infrastructure sanitaire majeure de la capitale du Fouladou restent déserts en cette nuit du 1er décembre. On apprend d'ailleurs que cette structure flambant neuve n'est pas trop fréquentée par les populations de Kolda.

Une situation qu'il faut, peut-être, attribuer au prix des consultations jugées chères par des populations trop affectées par la pauvreté, d'après certaines informations glanées. Un jugement que le directeur de l'hôpital régional de Kolda est loin de partager. Oumar Bâ considère que "ceux qui trouvent cher le prix des consultations fixé à 1 000 francs Cfa ne connaissent pas la pyramide sanitaire". Pour des éclairages à ce sujet, le responsable du centre hospitalier de Kolda argumente : "Quand vous vous sentez mal, au lieu d'aller à l'hôpital, vous allez directement au centre de santé pour une consultation qui vous revient à 200 francs Cfa, le ticket. Si le centre de santé ne peut pas vous soigner, c'est en ce moment que vous vous rendez à l'hôpital."

Entre absence de motivation et manque de sang

Mais, des ombres planent sur l'hôpital de Kolda qui a été inauguré en mai dernier par le chef de l'Etat. La première concerne le non-fonctionnement de deux de ses services : les urgences et la pédiatrie. Des démembrements de l'infrastructure hospitalière qui "ne fonctionnent pas du fait de l'absence de personnel". Cependant, le directeur de l'hôpital régional remarque que la situation du service pédiatrique va connaître un début de solution avec le retour de congé du pédiatre en service à ce niveau "dès la semaine prochaine". L'hôpital régional de Kolda est "le seul du Sénégal à disposer d'un vrai service d'urgences. Malheureusement, ce service ne fonctionnement pas faute de médecins et d'infirmiers d'Etat", déplore le directeur de l'hôpital. D'autres tâches qui salissent l'hôpital régional de Kolda sont loin de devenir de vieux souvenirs pour ceux qui veillent à son bon fonctionnement. On peut noter des réticences dont font montre certaines compétences du secteur de la santé à travailler dans une région aussi lointaine. "Un problème de motivation se pose. Certains estiment que Kolda est très loin de Dakar, puisque 700 kilomètres séparent les deux villes. Et pour déplacer un infirmier d'Etat ou une sage-femme, il faudra prévoir une somme de 30 000 francs Cfa, au moins, pour des frais qui doivent lui permettre d'effectuer ses déplacements. Une somme à laquelle il faut ajouter d'autres situations qui peuvent se présenter comme, par exemple, le fait d'aller voir sa famille à la fin du mois." D'où l'invite faite par le directeur de l'hôpital de Kolda aux collectivités locales à "investir dans le secteur de la santé pour ne serait-ce que loger les médecins". Au service de la maternité, les femmes qui "y sont évacuées sont confrontées souvent à un problème de sang. Et les gens (les populations de Kolda) ne veulent pas donner leur sang parce qu'ils ne veulent pas qu'on sache leur statut sérologique", explique l'assistant social de l'hôpital de Kolda, Baye Omar Thiam. Ce dernier soutient qu'une "collecte de sang a été effectuée récemment" à la suite d'un communiqué lancé par voie radiophonique. "Mais la capacité de sang obtenue reste insuffisante. Les populations doivent venir en aide à l'hôpital."

Sempiternelle anémie

Sur ces entrefaites, une scène inédite, non loin de la salle d'accouchement à laquelle nous n'avons pas accès, la sage-femme de garde, Ndiaye Kassé, qui y officiait informe que "sa patiente souffre d'anémie sévère. Elle a besoin de sang". Des inquiétudes vite dissipées par l'assistant social de l'hôpital. Le gynécologue-obstétricien de cet hôpital, Dr Raade, explique la permanence du manque d'anémie des populations par "l'absence de diversité alimentaire chez les populations locales". Notre visite guidée des locaux de cette structure hospitalière nous mène à la cabine des opérés récents, où se trouve un malade interné à la suite d'une balle reçue à la joue, le jour de la Korité. Le patient, qui avait à ses côtés ses parents, suivait les conseils du capitaine Diaw de l'antenne chirurgicale de l'armée, le "grand secours" de la structure sanitaire qui n'a pas voulu éclairer notre lanterne, invoquant l'obligation de réserve. Le bloc de consultation externe reste le service le plus visité, car "le plus grand nombre de malades de l'hôpital sont des paludéens". Pour mieux justifier les ravages que fait le paludisme à Kolda, le directeur de l'hôpital pointe le doigt, en l'absence de statistiques sur "l'humidité de la zone (Kolda), beaucoup d'arbres. (En plus), les nids larvaires sont nombreux et les gens n'utilisent pas les moustiquaires imprégnées". Par ailleurs, l'obsession des responsables de l'hôpital régional de Kolda demeure la propreté de leurs locaux. Ce joyau qui fait la fierté de Kolda possède un château d'eau d'une capacité de 120 m3 qui constitue une réserve de 24 heures. Un équipement auquel il faut ajouter un groupe électrogène d'une puissance de 300 Kilowatts. Le fonctionnement de l'infrastructure sanitaire est l'affaire de 44 agents et de 60 travailleurs communautaires. On ne relève pas dans les effectifs des contractuels encore moins des bénévoles à cause du fait que les textes de l'hôpital, qui n'est pas un établissement public, l'interdisent.

Mamadou Ticko DIATTA - mdiatta@lequotidien.sn

Lire l'article original : http://www.lequotidien.sn/archives/article.cfm?article_id=9205&index_edition=274


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