Vingt-sept pour cent (27 %) des femmes qui accouchent à la maternité
du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo meurent de
complications dues essentiellement à des ruptures utériques. C'est
à ce résultat effarant qu'est parvenu Tatiéta Bruno Guillaume Wendlacida
dans sa thèse de doctorat d'Etat en médecine soutenue mardi 9 décembre
2003. Ces travaux, portant sur les complications pendant l'accouchement,
ont reçu la mention "très honorable avec les félicitations du jury".
"Contribution à l'étude des facteurs de risque de morbidité et
de mortalité maternelles per-partum à la maternité du CHU-YO", tel
est l'intitulé de la thèse de doctorat d'Etat en médecine de Tatiéta
Bruno Guillaume Wendlacida. Ce sujet a suscité l'objet de recherche
de l'étudiant en médecine d'autant plus que le Burkina Faso a l'un
des taux de mortalité et de morbidité les plus élevés au monde.
Les femmes qui meurent en maternité pendant l'accouchement le sont
à cause de certains facteurs.
M. Tatiéta s'est évertué dans son étude à rechercher ces facteurs
dans le cas précis de la maternité du Centre hospitalier universitaire
Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO). Ainsi, sur 1113 femmes qui sont venues
accoucher, il y a un pourcentage élevé de décès. Pire encore, 70
% de ces décès sont survenus chez des femmes ayant présenté une
rupture utérique. Une situation inacceptable, a dit en substance
Dr Blandine Tiéba, gynécologue, maître assistant à l'UFR-SDS et
codirectrice de la thèse de Tatiéta Bruno. La rupture utérique résulte
d'un "travail" qui a été négligé. L'utérus se rompt et si l'on n'a
pas pu en sortir à temps le bébé et le recoudre, la femme saigne
et meurt.
Ainsi, les résultats auxquels Tatiéta est parvenu permettront aux
politiques, aux praticiens et aux populations de prendre des précautions
pour éviter ces cas malheureux. Les études de Tatiéta montrent que
les populations doivent considérer toute grossesse comme étant à
risque jusqu'à preuve du contraire. Quant aux praticiens, ils s'attelleront
à détecter dès lors ces femmes à risque et les orienter vers les
centres de santé appropriés. Pour ce faire, les politiques ont un
devoir, selon cette étude, d'équiper suffisamment en matériel les
structures de santé.
Toutefois, l'étude de M. Tatiéta montre que la rupture utérique
est le reflet du niveau de développement sanitaire d'un pays.
Le jury a salué le courage de l'étudiant. Il a osé, ont dit les
jurés, en choisissant un sujet d'actualité, difficile et intéressant.
Ce que beaucoup de ses camarades évitent pour se réfugier derrière
des études descriptives dans leur thèse. Face à cette donne, le
jury a reconnu la portée scientifique et professionnelle de l'étude
qui a été menée. Aussi, a-t-il décidé à l'unanimité d'élever M.
Tatiéta Bruno Guillaume Wendlacida au grade de docteur d'Etat en
médecine avec la mention très honorable. Cette thèse a été dirigée
par le Professeur agrégé Akotionga et le Docteur Blandine Tiéba.
Le jury qui a apprécié le travail de Tatiéta était composé d'éminentes
personnalités du monde de la recherche scientifique universitaire
et de la santé au Burkina Faso. Il était présidé par le Professeur
agrégé Jean Lankoandé, maître de conférence, chef du département
gynécologique obstétrique à l'UFR-SDS et du service de la maternité
du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo. Le Pr agrégé
Jean Lankonadé est également Secrétaire général de la Société des
gynécologues et obstétriciens du Burkina Faso (SOGOB). Siégeaient
à ses côtés, les docteurs Lucie Nébié, cardiologue ; Blandine Tiéba,
gynécologue, Laurent Ouédraogo épidémiologiste en santé publique
; tous maîtres assistants à l'UFR-SDS et médecins au CHU-YO.
Ibrahiman SAKANDE Email : ibra.sak@caramail.com
Jolivet Emmaüs Sidibé PAG BELGUEM Email : jolivetpag@caramail.com
Et Paraté Etienne NASSA
Les chiffres 26,9 % de césariennes
Du 1er mars au 30 juin 2002. A l'hôpital Yalgado-Ouédraogo de Ouagadougou,
Bruno Guillaume Wendlacida Tatiéta mène l'enquête analytique. Sujet,
les facteurs de risque de morbidité et de mortalité maternelle pendant
les accouchements. 1313 femmes sont l'objet de cette étude. 89,7
% de celles-ci avaient avant leur accouchement, suivi au moins les
trois consultations prénatales. Au cours de l'étude, M. Tatiéta
a enregistré 353 césariennes, soit 26,9% des accouchements. La prévalence
de la morbidité infantile ? Le chiffre "inquiétant", de 27,3%. Les
différentes causes de la mortalité maternelle étaient représentées
par les hémorragies de la délivrance, les ruptures utérines, les
déchirures du col, etc.
Les femmes les plus atteintes, selon l'étude, sont les ménagères,
les filles non scolarisées, celles qui ne font pas les consultations
prénatales, celles qui sont évacuées assez tard vers les hôpitaux...
Face à ces maux, le Docteur Tatiéta propose des pistes de solutions.
D'où sa reconnaissance par la communauté scientifique de l'Unité
de formation et de recherche en sciences de la santé de l'Université
de Ouagadougou.
I. SAKANDE
Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidawaya_quotidiens/sid2003_18_12/societe_2.htm
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