Avec une population estimée à un peu plus de cinq cent mille habitants,
le département de Rufisque ne dispose toujours pas d'un hôpital
pour résoudre l'équation que pose l'accès aux soins de santé. S'y
ajoute que Rufisque se trouve être un carrefour. Ainsi, les autorités
sanitaires souhaitent que le centre de santé Youssou Mbargane Diop
change de statut pour devenir un hôpital apte à satisfaire les demandes
médicales de toute nature.
De l'avis du médecin-chef, le Dr Momar Anta Mbacké, la structure
sanitaire présente les normes requises pour un tel changement, parce
que le centre de santé offre différents services aux usagers, de
la chirurgie à la gynécologie en passant par la radiographie et
un service d'urgence. Selon le Dr Mbacké, compte tenu de la fréquence
des interventions et la diversité des services auxquelles s'ajoutent
les embouteillages qui ne favorisent pas les évacuations rapides
de certains cas, Youssou Mbargane doit changer de statut, car ayant
dépassé de loin les limites d'un centre de santé.
D'ailleurs, les démarches nécessaires ont été entreprises auprès
des autorités compétentes qui, à leur tour, avaient dépêché une
équipe pour faire l'état des lieux, mais jusqu'à présent, point
d'avancement. "Le directeur de Cabinet de l'ex-ministre de la Santé
avait même fait le déplacement dans ce sens et paraissait approuver
cette mesure dont les populations et les techniciens attendent impatiemment
sa mise en application", soutient-il. Et d'ajouter que le centre
de santé reçoit un nombre important d'accidentés de la circulation
au moment où le centre Elisabeth Diouf qui servait d'appui connaît
des difficultés liées à son manque de tutelle. En outre, si le changement
de statut devient effectif, le budget serait multiplié par dix et
prendrait en charge toutes les dépenses et services afférents au
bon fonctionnement de l'hôpital.
Toutefois, cette structure n'est pas sans connaître certaines difficultés.
La plus récurrente demeure le manque de personnel qualifié comme
des médecins et des infirmiers permanents. D'ailleurs, le docteur
Mbacké soutient être le seul médecin pour des milliers de patients
bien que des spécialistes y opèrent souvent par vacation. Aussi
déplore-t-il l'absence de certaines spécialités comme la traumatologie,
un service essentiel au traitement des accidentés, mais aussi d'un
scanner à côté du service radiologique.
Cependant, le médecin du centre Youssou Mbargane Diop est d'avis
que la seule structure sanitaire du département, avec une capacité
d'accueil très importante, mérite un traitement à la hauteur de
ses compétences et en appelle à l'implication des élus locaux pour
servir de relais aux autorités administratives.
A ce titre, le centre de santé vient d'être doté d'un groupe électrogène
de 105 Kva, par la municipalité de Rufisque. Un geste de haute portée
selon le Dr Mbacké, dans la mesure où cela permet de sécuriser les
interventions et de prendre en charge le bloc opératoire, le grand
dispensaire et les salles d'hospitalisation. Ainsi, la couverture
d'électricité concerne maintenant l'ensemble des services. "Depuis
trois mois, les interventions chirurgicales et gynécologiques étaient
suspendues à cause des délestages permanents au grand dam des malades
qui sont obligés de se déplacer à Dakar où les demandes sont très
importantes", renchérit-il.
Par ailleurs, avec la banque de sang en construction, plus besoin
d'envoyer une ambulance pour chercher du sang à la capitale, ce
qui a été à l'origine d'énormes préjudices du fait des retards dans
l'acheminement du sang. De bonnes nouvelles au centre de santé Youssou
Mbargane Diop qui, selon le médecin, résulte du travail du comité
de santé qui a opté pour une gestion de la participation communautaire
et ne lésine pas sur les moyens pour l'achat de matériels et d'appareils
pour le laboratoire. Une compétence dévolue à l'Etat, à qui "un
appel est lancé pour (enclancher) les procédures nécessaires pour
doter le département de Rufisque et ses environs d'un hôpital fonctionnel",
conclut Dr Mbacké.
Par Ndiaga NDIAYE - Correspondant
Lire l'article original : http://www.lequotidien.sn/archives/article.cfm?article_id=9663&index_edition=288
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