GlaxoSmithKline et Böhringer Ingelheim, deux sociétés pharmaceutiques
anglaise et allemande, autorisent la fabrication à grande échelle
en Afrique du Sud de versions génériques de leurs médicaments contre
le Sida. Ces derniers accorderont aux fabricants de médicaments
génériques davantage de licences de production de leurs antirétroviraux,
seuls médicaments efficaces contre le sida. Elles en sont convenues
mercredi dernier, en commun accord avec l'association Treatment
action campaign (Tac), En terme de rentabilité, les deux firmes
ne percevront que 5% de droits sur les ventes des versions génériques
de leurs antirétroviraux dans ce pays fortement touché par la pandémie
(soit 13% du total mondial). En outre, la Commission sud-africaine
de la concurrence a déclaré qu'elle ne sanctionnerait pas Glaxo
pour attitude anticoncurrentielle et qu'un accord similaire était
à l'étude avec Böhringer.
En effet, la Commission avait déclaré en octobre dernier que les
deux sociétés avaient fait preuve d'entrave à la concurrence en
ce qui concernait la vente de médicaments contre le Sida. Et avait
de ce fait recommandé qu'elles soient condamnées à une amende et
placées dans l'obligation d'autoriser la fabrication de versions
génériques. En retour, Glaxo, premier fabricant mondial de ce type
de médicaments, a déclaré à Londres qu'il étendrait à d'autres sociétés
la licence volontairement accordée en octobre 2001 au groupe pharmaceutique
sud-africain Aspen Pharmacare. Mais déjà, une licence a été proposée
à Adcock-Ranbaxy, filiale sud-africaine du groupe indien Ranbaxy
Laboratories. Par ailleurs, Glaxo examinera deux autres demandes
de licences concernant ses antirétroviraux Azt et Iamivudine. Le
groupe précise que sa préférence ira à l'octroi de licences à des
producteurs locaux, mais que des exportations en Afrique du Sud
seront envisagées si ce choix s'avérait inapplicable.
42 millions de séropositifs
Böhringer accordera trois licences de production et d'importation
de la nevirapine, médicament utilisé pour empêcher la transmission
du Vih de la mère à l'enfant.
Malgré la concurrence des génériques et d'importantes réductions
de coûts ces dernières années pour les pays pauvres, la thérapie
moderne reste hors de portée de l'énorme majorité des patients africains.
D'après les statistiques de l'industrie pharmaceutique, seuls 76.000
Africains ont pu bénéficier en juin dernier d'antirétroviraux à
prix réduits. Ce chiffre reste une goutte d'eau dans l'océan par
rapport aux besoins de l'Afrique subsaharienne, où vivent 30 des
42 millions de personnes infectées par le virus du sida dans le
monde entier.
L'épopée de Glaxo a commencé modestement par le commerce du lait
en Nouvelle-Zélande, il y a plus d'un siècle, et dont la notoriété
des spécialités pharmaceutiques plaçait jusqu'à récemment la firme
au deuxième rang mondial des laboratoires. Mais aujourd'hui, sa
fusion avec Smithkline Beecham la place ainsi parmi les n°1 mondiaux
de la pharmacie.
Cathy Yogo Sources, Infos Sciences
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1071569635
Dr. Pierre Sopngwi : Des retombées positives pour
le Cameroun. Le Dg de la Compagnie camerounaise pharmaceutique revient
sur la décision de GlaxoSmithKline.
Quel est l'état des lieux du médicament générique
au Cameroun ?
Les génériques de qualité sont disponibles et accessibles au Cameroun.
Les secteurs privé et public font des efforts louables pour une
bonne promotion de ce produit au niveau des populations et surtout
au niveau des médecins et pharmaciens qui sont les principaux acteurs
de son intégration dans les moeurs. Néanmoins, on note une forte
réticence au niveau des populations. Une attitude qui ne facilite
pas une acceptation normale du médicament générique.
Deux firmes pharmaceutiques GlaxoSmithKline
et Boehringer Ingelheim ont autorisé la fabrication de certains
de leurs médicaments en générique en Afrique du Sud. Jusqu'où le
Cameroun peut-il en profiter ?
De manière générale, il est important de noter que, GlaxoSmithkline
(Gsk) et Boehringer Ingelheim (BI), détiennent les brevets de l'Azt.
GlaxoSmithkline a également celui de la Lamivudine tandis que BI
détient celui de la névirapine. Selon Médecins sans frontières,
ces trois Antirétroviraux (Arv) rentrent dans les prescriptions
les plus couramment formulées en Afrique. Et les termes des accords
signés entre ces structures et les autorités compétentes, donnent
la possibilité aux fabricants de génériques de produire et de distribuer
librement ces trois Anti rétroviraux dans les conditions acceptables
pour tout le monde. Bien entendu les royalties versées aux laboratoires
n'excéderont pas les 5%. Cette décision est très sage et intéressante
pour l'Afrique, car elle évite aux pays concernés de prendre des
décisions (exemple les décrets, etc?) pour fabriquer les Arv en
violation des Brevets et en même temps elle permet aux laboratoires
concernées de rester en contact et de continuer à négocier leur
intérêt. Ces accords prévoient également la possibilité pour ces
fabricants de produire, d'exporter, de commercialiser et de distribuer
leurs versions de médicaments dans les 47 pays d'Afrique subsaharienne
à des prix raisonnables. Le Cameroun comme tous les pays de l'Afrique
subsaharienne améliorera la disponibilité et l'accessibilité aux
Arv.
De plus en plus, les firmes pharmaceutiques
cèdent sur la protection de leurs Brevets. Quel peut être l'impact
de ce phénomène sur le marché de la fabrication et de la vente du
médicament ?
Les firmes pharmaceutiques cèdent facilement sur la protection
de leur Brevet dans le cadre seulement des Arv. Nous devons apprécier
cette initiative qui permet aux malades d'avoir des Arv accessibles.
Concernant les autres produits, l'Afrique Subsaharienne en général
et le Cameroun en particulier n'ont pas besoin d'attendre ou de
négocier la cession d'un brevet. Il faut bien noter que 95 % de
ces produits utilisés sont naturellement génériquables. Ainsi la
promotion des génériques est le seul facteur bloquant dans la fabrication
et vente des médicaments génériques.
Propos recueillis par C.Y.
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1071569556
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