"Je suis là aujourd'hui pour informer le public camerounais et
d'ailleurs qu'il existe un espoir contre le Sida". On a beau savoir
qu'il travaille sur la question depuis une quinzaine d'années, cette
déclaration du Pr. Victor Anomah Ngu a répandu une forte émotion
au sein de l'assistance venue nombreuse à la conférence de presse
donnée par le chercheur hier à l'hôtel Hilton hôtel de Yaoundé.
C'est donc autour de la question que le gros des débats a tourné.
L'orateur a déclaré avoir soigné de très nombreuses personnes (il
a dit en ignorer le nombre) et ciblé quatre cas (anonymes) de patients,
soignés respectivement en 1989, 1992, 2001 et 2003 et chez qui les
résultats ont été éloquents, se manifestant notamment par une baisse
de la charge virale. " Le malade traité en 1992 a été déclaré séronégatif
; il vit en Europe ". Le problème pour ces résultats, a reconnu
le chercheur, c'est que les personnes traitées ne veulent pas apparaître
au grand jour, craignant la stigmatisation, etc. Le chercheur a
tout de même appelé ces personnes à se faire connaître… N'empêche,
le travail se poursuit, la recherche continue.
A ce sujet, le Pr. Anomah Ngu, tout en se félicitant de l'appui
que le gouvernement apporte à ses travaux, a appelé à d'autres manifestations
de soutien. Il a ainsi suggéré une opération du genre Téléthon,
qui permet, en France où elle est organisée chaque année, de collecter
des fonds pour la lutte contre certaines maladies. "L'argent n'est
pas tout, mais il permet de réaliser les bonnes idées", a souligné
l'orateur. A propos d'argent, une soirée de gala et de collecte
de fonds sera organisée le 16 janvier prochain dès 20h à l'hôtel
pour soutenir le Vanhivax, nom du vaccin mis au point par le chercheur.
Un vaccin dont on a évidemment beaucoup parlé au cours de l'échange.
"Il s'agit d'un vaccin pas comme les autres, parce qu'il ne prévient
pas la maladie mais la soigne. D'où le qualificatif de thérapeutique.
Ce vaccin anti-Sida est à la fois thérapeutique et personnalisé,
car fabriqué à partir des souches du virus prélevé sur le patient
(…) Les souches virales du patient constituent donc la matière de
base pour la préparation du vaccin", explique le chercheur. Autre
effet annoncé, "le vaccin augmente la masse corporelle du malade
et fait monter son taux de cellules immunitaires encore appelées
CD4+".
Répondant à une question sur la réticence et même l'incrédulité
que d'autres chercheurs manifestent à l'endroit de sa découverte,
l'orateur a dit : "Toutes les nouvelles idées rencontrent des résistances
; je ne suis pas le premier à qui cela arrive".
"La vaccination de masse pour plus tard"
"Nos recherches sont bien avancées. Nous voulons maintenant valider,
confirmer ce que nous avons observé. Le vaccin que nous avons mis
au point est préparé à partir du virus existant dans le malade lui-même.
C'est pourquoi nous le qualifions d'autovaccin. Sa particularité
c'est qu'il est utilisé pour soigner le malade, alors qu'en général
un vaccin sert à prévenir la maladie. Dans notre cas, on pourrait
parler de prévention chez un sujet déjà infecté. Cela paraît contradictoire,
mais à l'examen cela a son sens. La vaccination de masse ce sera
pour plus tard. C'est une prochaine étape. Il faudrait pour cela
que nous ayons les moyens de cultiver les différents virus à grande
échelle et produire les vaccins selon les souches. En attendant,
beaucoup de personnes ont déjà pu bénéficier de ce traitement. Nous
avons eu des malades qui, après nos soins, sont devenus séronégatifs.
A chacun de tirer les conclusions après cela."
A.N.
Lire l'article original : http://www.cameroon-tribune.net/article.php?lang=Fr&oled=j22122003&idart=12931&olarch=j17122003&ph=y
|