Les cabinets dentaires relevant du secteur public fonctionnent
à peine. La cause est que la moitié des fauteuils dentaires s'est
détériorée. C'est la révélation faite par le chef de division de
la santé bucco-dentaire que nous avons rencontré avant-hier. Mais
le Dr Daouda Faye rassure qu'un séminaire a été tenu les 12 et 13
décembre derniers pour améliorer le plateau technique des dentistes
et les mettre dans de bonnes conditions de travail tout en augmentant
ce personnel. Il est ainsi prévu de recruter cette année onze chirurgiens-dentistes.
La santé bucco-dentaire est-elle la parente pauvre du ministère
de la Santé et de la Prévention ?
En tout cas, c'est ce à quoi l'on peut penser quand le Dr Daouda
Faye, chef de la division de la Santé bucco-dentaire, souligne que,
dans le secteur public, 50 % des fauteuils dentaires ne sont pas
fonctionnels. Les raisons sont multiples. Mais la plus agitée est
le non-renouvellement de ce matériel ainsi que le maigre budget,
en constante diminution, alloué à ce secteur.
Le fauteuil dentaire est un ensemble de matériels indispensables
pour le dentiste. Il comprend une turbine qui sert à tailler la
dent, le fauteuil proprement dit où se couche le patient, la Scialytique
qui sert à éclairer la bouche pour une meilleure visibilité, le
crachoir etc. Il y a aussi manque de stérilisateur qui est important
dans la stérilisation des matériels, ainsi que des produits à renouveler
que sont les capsules anesthésiques, les aiguilles dentaires.
Mais le Dr Faye reconnaît que ces fauteuils coûtent très cher.
Un seul s'élève à 12 millions de francs. Mais le service social
que rend ce matériel est inestimable et qu'il peut être utilisé
pendant dix ans sans détérioration. Et l'argent pour acheter ce
matériel n'est pas introuvable. Il suffit, suggère le chef de la
division de la Santé bucco-dentaire, de mettre en pratique l'idée
du ministre de la Santé et de la Prévention consistant à harmoniser
toutes les ressources financières du ministère et considérer que
toutes les maladies se valent et préoccupent les populations. Seulement,
en plus de la détérioration de cet outil de travail sans lequel
leurs cabinets ne fonctionnent pas, ce qui tourmente les dentistes
c'est de ne pas être admis par le guide du médecin-chef de district.
Ce guide n'a, en effet, pas prévu la participation des dentistes
dans l'équipe des cadres de district. "Ce qui est à l'origine de
beaucoup de frustrations du personnel dans les régions", explique
le Dr Daouda Faye. C'est pourquoi, estime-t-il, une meilleure intégration
des agents s'impose par la révision de ce guide. D'ailleurs, leur
intégration dans l'équipe des cadres du district leur permettrait
de défendre les programmes d'activités qu'ils voudront mener. Comme
la campagne de sensibilisation, de prévention, des soins d'urgence,
entre autres. Toutes activités qu'il ne peuvent mener s'ils ne seront
pas membres de droit de cette équipe. Ainsi, la santé bucco-dentaire
souffre de son matériel défectueux et, par conséquent, d'une très
mauvaise prise en charge de la population, ainsi que le reconnaît
le chef de division de la Santé bucco-dentaire. Et, à l'en croire,
la situation est aussi préoccupante que celle du paludisme. Même
si les statistiques concernant ce secteur de la santé ne sont pas
disponibles pour le Sénégal. Le coût de l'élaboration de ces données
est souvent évoqué pour expliquer cette lacune. Malgré tout, les
cellulites diffuses sont en train de tuer dans notre pays. Et au
niveau mondial, selon les chiffres de l'Oms, 80 % de la population
souffrent de la pathologie bucco-dentaire.
Ce sont ces raisons qui ont amené les autorités à organiser un
séminaire sur les maladies bucco-dentaires les 12 et 13 décembre
derniers. A l'issue de ce séminaire, plusieurs recommandations ont
été faites. L'une des plus importantes est le recrutement pendant
cinq ans de onze dentistes au lieu des cinq précédemment, et de
sept techniciens supérieurs en odontologie, se félicite le Dr Faye.
Mais cette mesure doit être accompagnée par l'équipement des structures
dans lesquelles ces agents vont évoluer ainsi que la maintenance
du matériel existant. Sinon, ils resteront inactifs et demanderont
à être ré-affectés à Dakar. Il est aussi prévu le renforcement de
leurs connaissances et aptitudes pour mieux assurer la supervision
des activités de santé comme la gestion, l'administration etc. Avec
un tel personnel équipé, l'accent sera mis sur les activités de
prévention par une approche communautaire, c'est-à-dire que les
dentistes iront vers les populations pour les sensibiliser et les
soigner. La décentralisation des structures et l'accessibilité des
soins ne seront pas de vains mots. Ainsi, les populations seront
protégées de certaines maladies. Car, soutient le Dr Faye, les maladies
bucco-dentaires ont des répercussions sur le diabète, les cardiopathies
(maladies du cœur), les maladies diarrhéiques, la malnutrition,
etc.
Par : Moustapha BARRY
Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=6758
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