Il n'y a pas au Sénégal de rupture de médicaments antirétroviraux
et les porteurs du Vih/Sida y accèdent gratuitement pour leur traitement.
Le seul problème de ces malades du sida, c'est le mauvais œil que
le public porte sur eux. D'où leur appel constant à plus de considération.
Les personnes qui vivent avec le Vih/Sida au Sénégal n'ont pas
de difficultés d'accès aux médicaments antirétroviraux ou Arv et
de traitement de cette maladie. Non seulement le marché est suffisamment
très bien approvisionné, mais ces patients ne payent pratiquement
zéro franc.
En effet, contrairement à beaucoup d'autres pays africains où les
médicaments Arv constituent pour les séropositifs un véritable calvaire,
les patients sénégalais qui remplissent les critères d'éligibilité
définis par les autorités médicales sont pris en charge à 100 %
pour ceux qui n'ont pas de travail ou 5 000 F Cfa pour les non-chômeurs.
De quoi permettre au pharmacien chef de la pharmacie centrale de
l'hôpital de Fann de saluer le gouvernement qui est à l'origine
de cette gratuité des Arv.
Selon le Dr Bara Ndiaye que nous avons rencontré hier à son service
dans le cadre de la Journée mondiale du sida, il s'agit d'une initiative
courageuse qui se révèle efficace dans le traitement de la maladie
dans la mesure où ces médicaments affaiblissent sensiblement le
virus. Ce qui permet à ses porteurs de vaquer librement à leurs
préoccupations, comme si rien était.
Cela s'est vérifié par les mouvements des patientes qui se sont
défilées devant Mme Fall, une pharmacienne en service à la pharmacie
centrale de Fann pour renouveler leurs médicaments et prendre un
nouveau rendez-vous. Des Rv qui, selon le Dr Ndiaye, s'inscrivent
dans la durée car les patients seront suivis de manière continue
ou éternellement. C'est-à-dire qu'ils ne seront jamais laissés à
eux-mêmes car ils sont toujours détenteurs du virus qu'ils peuvent
toujours contaminer à d'autres personnes et que ces médicaments
ne peuvent pas guérir.
Et c'est ce qui explique, selon lui, la présence permanente des
Arv au niveau de la pharmacie centrale de Fann pour faire face à
la demande des malades. Ce que semble confirmer Mme Fall du même
service qui soutient n'avoir jamais constaté de rupture d'Arv depuis
qu'elle a pris fonction en août 2003.
D'après elle, son service fait chaque fin du mois et même avant
l'état des lieux du stock existant pour pouvoir anticiper sur la
commande des Arv au niveau de la Pharmacie nationale d'approvisionnement
(Pna). Ces commandes, une fois arrivée, ne restent pas sur place.
Ils sont distribués aux patients et aux autres sites de dispensation
que sont l'hôpital des enfants Albert Royer du Chu de Fann, la Polyclinique
de la Médina, l'hôpital Principal pour ce qui est de Dakar.
Quant aux autres sites de dispensation approvisionnés l'hôpital
de Fann, ils concernent les régions de Thiès, de Louga, de Saint-Louis,
de Ziguinchor, de Kaolack et de Tambacounda. Pour l'ensemble de
ces sites, 2 586 Arv ont été distribués d'après Mme Fall selon qui
ces sites ne viennent pas en même et s'approvisionnent tous selon
leurs besoins. Mais un problème constant hante le sommeil des malades
du sida, c'est le sentiment de rejet dont ils font l'objet de la
part des populations, mais surtout de leurs propres familles.
Porteurs du virus, un homme que nous avons rencontré hier dans
le cadre de la journée mondiale de lutte contre le sida au Centre
de traitement ambulatoire (Cta) de l'hôpital confesse. "Les individus
qui sont malades du sida font toujours font de discrimination chez
eux. Ils sont soient rejetés, soient mis de côté ou ridiculisés.
Dans leurs lieux de travail, ils sont expulsés pour avoir porté
le virus. Ce qui n'est pas juste parce que le fait de porter le
virus ne signifie pas forcément que tu es malade. Donc ils peuvent
faire leur travail correctement même s'ils sont porteurs de virus",
raconte notre interlocuteur qui compte beaucoup sur la journée mondiale
de lutte contre le sida pour mieux sensibiliser les populations.
Il salue les efforts consentis par le gouvernement pour rendre gratuits
les médicaments Arv.
Toutefois, tout n'est pas au beau fixe. Selon lui, des difficultés
surgissent et elles sont relatives au défaut de moyens de certains
patients pour se faire payer leurs analyses, le transport ou à admettre
qu'ils sont porteurs du virus.
Ndakhté M. GAYE
Lire l'article original : http://www.walf.sn/actualites/suite.php?rub=1&id_art=6119
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