La célébration, ce lundi, de la journée internationale contre le
SIDA à Kolda coïncide avec le lancement, dans deux semaines, de
l'accès aux médicaments antirétroviraux pour les malades du SIDA
de cette région du sud du Sénégal. On annonce également le démarrage
imminent d'activités dans la prévention de la transmission du virus
de la mère à l'enfant (PTME) et de dépistage volontaire et anonyme.
C'est ce matin que la Première dame, Mme Viviane Wade, lance, à
Kolda, les manifestations de la Journée internationale contre le
SIDA qui est axée, pour cette édition 2003, sur la sensibilisation
contre la discrimination et la stigmatisation à l'encontre des personnes
vivant avec le VIH. Ce sera en présence du ministre de la Santé
et de la Prévention, le Dr Issa Mbaye Samb, en plus d'autres membres
du gouvernement, le secrétaire exécutif du conseil national de lutte
contre le SIDA, le Dr Ibra Ndoye, et des représentants d'organismes
internationaux intervenant dans ce programme contre le VIH/SIDA.
Cette célébration dans la région du Fouladou coïncide avec le lancement,
dans deux semaines, de l'accès aux médicaments antirétroviraux pour
les malades du SIDA de cette région du sud du Sénégal, nous a confié
le médecin-chef par intérim, le Dr Ousseynou Bâ. Selon lui, "il
y aura également très bientôt le démarrage d'activités dans la prévention
de la transmission du virus de la mère à l'enfant (PTME) et de dépistage
volontaire et anonyme". Le Dr Bâ a aussi indiqué que "le personnel
de santé a subi récemment des sessions de formation sur l'administration
des ARV et qu'il est prêt à recevoir les malades de la région qui
étaient obligés d'aller à Dakar ou Kaolack pour y effectuer un suivi
biologique et recevoir des médicaments antirétroviraux". Cet accès
aux ARV, longtemps attendu par les malades, couplé a un programme
d'accompagnement psychosocial des malades, permettra de mieux circonscrire
les velléités de stigmatisation et de discrimination au sein de
la population de cette zone où de nombreux facteurs socioculturels
interagissent encore et de façon persistante. Le Dr Ousseynou Bâ
a reconnu que la séroprévalence de l'infection à VIH dans la région
de Kolda est relativement élevée. Elle se situe au-dessus de la
moyenne nationale (entre 1,9 % et 2 %). Le Dr Bâ a souhaité une
bonne collaboration des médiats et des relais des organisations
communautaires de Base (OCB) dans la lutte contre la stigmatisation
et la promotion du dépistage volontaire et anonyme. A sa suite,
M. Amadou Djigueul, superviseur des Soins de Santé Primaires (SSP),
a précisé "que les personnels de santé ont maintenant toutes les
compétences pour gérer cette initiative régionale sur les ARV".
Activités de sensibilisation
Pour sa part, le responsable régional de l'Education pour la santé
(EPS), M. Ousmane Ngom, a indiqué que " de nombreux relais ont été
formés pour vulgariser les messages de prévention et de promotion
du préservatif dans la ville de Kolda, mais aussi dans les villages
des trois départements (Kolda, Sédhiou et Vélingara) ". Le chef
du service régional de l'EPS a aussi révélé que les organisations
de la société civile ont déposé auprès du comité régional de lutte
53 projets de financements en vue de s'impliquer dans la lutte contre
le VIH/SIDA. Cela dans la veine de la nouvelle dynamique de décentralisation
des ressources financières du programme à travers une approche participative
des communautés de base. Sur ce registre, le gouverneur de Kolda,
M. Abdoulaye Diallo, a souligné que sa région a des spécificités
géographiques et socioculturelles à prendre en compte dans la mise
en oeuvre des activités de sensibilisation. C'est une région carrefour
où l'on note un brassage de nombreuses populations venant de plusieurs
régions du Sénégal, mais aussi des pays environnants (Gambie, Guinée
Conakry, Guinée-Bissau et même du Mali). Cela, on peut l'observer
au marché international de Diaobé. Le gouverneur de Kolda a ainsi
salué la participation des religieux dans cette sensibilisation,
notamment les imams et le clergé catholique conduits par l'Imam
ratib, Tierno Mamadou Saliou Baldé et l'évêque de Kolda, Mgr Jean
Pierre Bassène. Interrogé, l'imam ratib de Kolda a indiqué que les
leaders religieux ont mené plusieurs campagnes de sensibilisation
dans les villes et les villages de la région avec l'appui du secteur
de la santé. Il a précisé que l'Islam recommande la compassion de
la communauté envers les malades et son soutien dans l'épreuve.
Il a également souligné que leur message contenait des indications
précieuses sur la prévention dont l'interdiction formelle de l'adultère
et de la fornication. "Grâce aux appuis de la Coopération allemande
et canadienne, notamment dans le projet dit SIDA 3, nous avons mené,
depuis seulement 1998, plusieurs campagnes de sensibilisation avec
les médiats, les jeunes et les femmes-relais, ainsi qu'avec les
religieux. Toutefois, si nous constatons, après des enquêtes, de
forts taux de connaissance de la maladie et de ses modes de contamination,
en revanche, il reste à voir le changement de comportement réel
sur le terrain", a expliqué M. Ngom. Celui-ci a ajouté, en guise
de conclusion, que "la décision d'installer un site sentinelle de
surveillance séro-épidémiologique, combinée avec la surveillance
comportementale, devrait nous permettre d'y voir plus clair et de
mieux cibler les actions futures." FARA DIAW
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=32620&index__edition=10049
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