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L'actualité de la santé en Afrique

Congrès de l'association des gynécologues obstétriciens : Donner la vie et ne pas en mourir - Walfadjri - Sénégal - 30/11/2003

Bien des efforts restent à fournir pour ne faire de la maternité qu'un acte de joie. Jusqu'à présent trop de femmes meurent encore, de par le monde, en donnant la vie. Et ce n'est pas le cas du Sénégal qui vient égayer le tableau. Une situation sur laquelle le 4e congrès annuel des gynécologues sénégalais va se pencher.

Alors que dans les pays les plus avancés, on redouble de moyens pour réduire la douleur des futures mamans au moment de l'accouchement, en Afrique quelque 450 à 2 000 femmes sur 100 000 continuent de mourir en donnant la vie.
Les chiffres frôlent l'insolence : à population égale (10 millions d'habitants), 2 000 gynécologues sont recensés en Grèce, contre 75 au Sénégal. Dans les pays en développement, 1 600 femmes meurent chaque jour en accouchant, alors que 380 ventres s'arrondissent à la minute. Toujours dans le même laps de temps, une femme décède.

La liste serait encore longue pour qui oserait la regarder en face. Dès lors, il n'est pas surprenant que la mortalité maternelle soit la cause de décès la plus importante chez les femmes en âge de procréer. Ceci explique d'ailleurs l'inscription de la mortalité maternelle sur l'agenda politique. Il faut entendre par-là le décès des femmes pendant la grossesse, au moment de l'accouchement, ou pendant les six semaines suivant la naissance du bébé.
Déjà en 1989, elle figurait parmi les priorités du gouvernement dans sa Déclaration de politique de santé. De même, il paraissait naturel que les premiers concernés, à savoir les gynécologues, réagissent.
En 1988 est ainsi fondée l'Association sénégalaise des gynécologues obstétriciens (Asgo), qui compte aujourd'hui soixante-quinze membres. En somme tout ce que le Sénégal compte comme gynéco. Car il n'en existe pas plus et tous sont automatiquement considérés comme membre de l'association.

La réalité a une fâcheuse tendance à dépasser la fiction à l'heure de ce troisième millénaire...
En préparation de son quatrième congrès annuel, qui se tiendra les 5 et 6 décembre prochains, l'Asgo appelle donc à une mobilisation des pouvoirs publics, des partenaires sociaux et des 10 millions de pères et mères, potentiels ou réels, qui peuplent le Sénégal. Cinq sessions et deux tables rondes sont prévues, en présence du Docteur Issa Mbaye Samb, Ministre de la Santé et de la Prévention, de tous les médecins de cette spécialité ou en formation et des sages femmes d'état. La mortalité maternelle sera le thème principal de la manifestation.
Les gynécologues veulent aussi sensibiliser les populations sur le dépistage des cancers les plus fréquents, la gestion des services en santé de la reproduction et les techniques de soins obstétricaux et néonataux d'urgence (Sonu). Le docteur Rose Wardini Hachem, présidente de l'Asgo, résume les objectifs de son association en ces termes : "Promouvoir la santé maternelle et infantile, renforcer la collaboration entre les gynécologues et veiller à la formation continue des praticiens." Et lutter contre certaines aberrations, serait-on tenter d'ajouter. Tous les hôpitaux régionaux ne bénéficient pas de la présence d'un gynécologue dans leurs services. Les praticiens envoyés dans les régions demandent vite leur mutation sur Dakar. Certains n'hésitent pas à démissionner, les salaires n'étant pas une source de motivation suffisante. Le constat est sans appel : 90 % des gynécologues exercent à Dakar.

La mauvaise répartition matérielle est tout aussi flagrante. Le manque de personnel, de moyens financiers et techniques appropriés se font ressentir au fur et à mesure qu'on s'éloigne de l'Hôpital central. Mais ces difficultés économiques et institutionnelles seraient contournables si elles n'étaient accompagnées d'une des plus grosses entraves au développement : l'ignorance. Le docteur Jean-Charles Morreau, secrétaire général de l'Asgo, a rappelé avec amertume ce fléau nommé "Pam" : "Non, je ne parle pas du Programme alimentaire mondial, mais bien de ces trois éléments dont nous souffrons trop en Afrique : pauvreté, analphabétisme et malnutrition."

Par : Aurélie BONAVITA (Stagiaire)

Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=6073


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