Chaque minute ce sont mille six cents femmes qui meurent en couche
dans les pays en voie de développement. La cause principale de cette
mortalité maternelle est la rupture utérine, les syndromes hémorragiques,
l'infection, les complications de l'hypertension gravidique. En
parallèle, ce sont 380 femmes qui tombent enceintes à chaque minute,
alors que 190 autres sont confrontées à une grossesse non planifiée
ou non désirée, 110 femmes sont victimes d'une complication de grossesse
et 40 autres femmes subissent un avortement à risque.
Ces chiffres attestent de la récurrence des problèmes liés à la
santé de la reproduction. Il apparaît alors évident que la mortalité
maternelle est la cause de décès la plus importante chez les femmes
en âge de procréer, si l'on considère que la "mortalité maternelle
se définit comme le décès d'une femme pendant la grossesse, au moment
de l'accouchement, ou pendant les six semaines suivant la naissance
de son bébé", comme l'explique le gynécologue-obstétricien Salif
Guindo.
Une situation qui demeure préoccupante pour les gynéco-obstétriciens
qui comptent mener une bataille, à travers leur association, contre
la mortalité maternelle. Un combat qui s'avère d'emblée difficile
du fait qu'au Sénégal, il n'existe que 75 gynéco-obstétriciens pour
10 millions d'habitants. Mais ces praticiens estiment pouvoir s'appuyer
sur la presse et mener une bonne politique de communication car
"un pays qui n'a pas beaucoup de moyens doit pouvoir communiquer
pour que le message passe.
"Les professionnels doivent accepter de se positionner comme
des spécialistes incontournables et nous acceptons de relever le
défi pour que la réduction de la mortalité soit une réalité dans
nos pays", déclare M. Guindo. En effet, beaucoup de femmes perdent
la vie pendant l'accouchement, alors que les causes de cette mortalité
peuvent être éviter à 60 %, pour ce qui concerne les infections,
les hémorragies et l'anémie. Seulement, il se trouve que ces femmes
qui perdent la vie le plus souvent sont confrontées à des problèmes
socioéconomiques, la plupart d'entre elles vivant dans des zones
difficiles d'accès.
Selon la présidente de l'association sénégalaise des gynécologues-obstétriciens,
Rose Wardini Hachem, "la prise de décision tardive pour acheminer
ces femmes vers les centres de santé est aussi une des causes du
décès". A quoi s'ajoute l'absence de politique de planification
et l'analphabétisme qui sont des facteurs non négligeables et demeurent
des obstacles majeurs.
L'Association des gynécologues-obstétriciens (Asgo) qui comptent
organiser les assises de leur quatrième congrès les 5 et 6 décembre,
avait convoqué hier la presse qu'elle veut utiliser comme support
pour mieux médiatiser sa lutte et sensibiliser les populations.
Ce congrès se tiendra sous le thème principal de "la mortalité maternelle",
mais l'assemblée devra réfléchir aussi sur la gestion des services
en santé de la reproduction, les soins obstétricaux et néonataux
d'urgence, la prise en charge et le dépistage des cancers gynécologiques
et mammaires. Pour ces pathologies, le cancer du col de l'utérus
qui, à lui seul représente près de 50% des cas de cancer avec un
taux de prévalence de 2 à 3 %. Les facteurs de risques étant l'herpés
génital et le condylome. Le plus fréquent étant le cancer du sein
qui représente 28 %. Au cours de ce congrès, il sera aussi question
de morbidité périnatale dont les principaux facteurs sont la prématurité
(27 %), la souffrance fœtale, l'infection néonatale et la détresse
respiratoire.
Safiètou KANE
Lire l'article original : http://www.lequotidien.sn/archives/article.cfm?article_id=8937&index_edition=266
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