GENEVE - Le Sénégal "recueille toujours les fruits de la décision
prise au début de son épidémie d'investir massivement dans les programmes
de prévention du VIH et de sensibilisation dans les années 1980
(les taux d'infection étaient alors encore très bas)" écrit l'ONUSIDA
à la page 12 de son rapport "Le Point sur l'épidémie du Sida". Il
vient d'être rendu public à Genève.
Le nombre de personnes vivant avec le VIH en Afrique subsaharienne
continue de s'accroître. Le nombre de personnes vivant avec le virus
du Sida est estimé à 40 millions. L'épidémie a tué plus de 3 millions
d'individus en 2003. Cinq millions de personnes l'ont contacté cette
année. Tel est le triste bilan que décrit "Le Point sur l'épidémie
du Sida" rendu public à Genève par l'ONUSIDA.
En Afrique de l'Ouest, diverses épidémies sont en cours, souligne
le rapport, mais disons le, sans dormir sur nos lauriers, notre
pays tire son épingle du jeu. Au Sénégal, les efforts programmatiques
soutenus ont permis de stabiliser les taux de prévalence du VIH
chez les femmes enceintes à environ 1% depuis 1990, taux qui se
sont maintenus en 2002.
Cependant, l'industrie du sexe plombe les efforts de notre pays,
dont la réussite en matière de prévention du Sida, est citée en
exemple dans tous les foras de la planète. Mme Katherine Marshall,
de la Banque Mondiale, louait "le courage des marabouts sénégalais",
de la Société civile, qui, dès le départ, ont accompagné la politique
gouvernementale. S'y ajoute, le travail des journalistes et les
différents acteurs de la communication.
Le Conseil Economique et Social de l'ONU (ECOSOC) a nommément cité
"le Soleil" du Sénégal qui titrait en guise d'avertissement et de
sensibilisation dans les années 80 : "Le Sida n'existe pas au Sénégal".
Encore, un effort, car le SIDA tue. D'abord et encore à l'endroit
de l'industrie du sexe, car, la prévalence du VIH chez les professionnel
(le)s du sexe a lentement augmenté au cours de la décennie écoulée,
informe l'ONUSIDA. "A Dakar, la prévalence chez les professionnel
(le)s du sexe, qui était de 5% en 1992, atteignait 14% en 2002 ;
de 8% en 1992 dans la ville de Kaolack, elle est montée à 23% en
2002".
Les enquêtes auprès de la population et autres études suggèrent
que les taux de prévalence du VIH chez l'adulte demeurent relativement
bas dans d'autres pays du Sahel - environ 2% au Mali, et 1% - voire
moins - en Gambie, en Mauritanie et au Niger, souligne l'ONUSIDA.
A l'instar du Burkina Faso, le Ghana présente des tendances stables,
avec une prévalence médiane du VIH chez les femmes enceintes en
consultations prénatales fluctuant depuis 1994 entre 2% et un peu
plus de 3% (dépassant à peine 4% dans la capitale, Accra, en 2002).
La situation est plus grave en Côte d'Ivoire, qui se retrouve toujours
avec une prévalence du VIH la plus élevée d'Afrique de l'Ouest.
Mais la situation en Afrique australe, est très préoccupante. Botswana,
Lesotho, Swaziland, la prévalence se situe à un niveau incroyable
de 30%. Le Zimbabwe traîne toujours le pas malgré un taux de prévalence
ramené à 25% (2003) contre 34 % (2001).
Situation des orphelins du sida
Le SIDA a déjà rendu orphelins plus de 11 millions de jeunes Africains,
dont la moitié sont âgés de dix à 14 ans. D'ici à 2010, souligne
l'UNICEF, on comptera, en Afrique subsaharienne, environ 20 millions
d'enfants qui auront perdu au moins un de leurs parents à cause
du VIH/SIDA, ce qui fera passer, selon l'organisation onusienne
pour les enfants, le nombre total d'orphelins dans la région à plus
de 40 millions. Selon Carol Bellamy, directrice générale de l'UNICEF,
"Il n'est plus temps de se lamenter. Le temps est venu de s'indigner
devant la souffrance inacceptable des enfants. Nous devons maintenir
les parents en vie et nous assurer que les orphelins et autres enfants
vulnérables continueront d'aller à l'école et qu'ils seront à l'abri
de l'exploitation et de la maltraitance".
EL HADJI GORGUI WADE NDOYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=32572&index__edition=10048
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