Une bénédiction pour la population.
La mort pour certains commerces, répliquent des pharmaciens. Ces
derniers devront néanmoins obtempérer face à la baisse des prix
des médicaments.
Les pharmaciens sont contraints d'avaler la pilule.
Ils devront baisser les prix bientôt. Le vice-Premier ministre,
Pravind Jugnauth, avait annoncé une baisse de 13, 5 % des prix des
médicaments. Une baisse qui découle de l'exemption des droits de
douane et de la réduction de la marge de profits des grossistes
et des pharmaciens. Mais cette réduction a provoqué nombre de mécontents
parmi les pharmaciens.
Néanmoins, les prix des médicaments sont fixés par le ministère
du Commerce. Les quelque 220 pharmacies de l'île doivent donc se
conformer à la nouvelle politique souhaitée par les autorités. (Voir
les chiffres fournis par un pharmacien dans le tableau ci-contre).
"Nous attendons les correspondances du ministère avant d'afficher
les nouveaux prix. Mais l'on arrivera difficilement à rentabiliser
notre commerce avec ces nouvelles mesures", soutient le président
de la Pharmaceutical Association of Mauritius, Ravin Gaya. Selon
lui, d'autres paramètres entrent en jeu, tels que les taux de change
et le coût du fret qui augmente le 1er juillet. Devant de telles
circonstances, la baisse n'est pas bien accueillie dans la profession.
La pharmacie Planet à Port-Louis se montre de son côté plutôt optimiste.
"Il nous faut être sensibles aux difficultés de certaines personnes.
Les médicaments sont chers. Cette baisse sera un grand soulagement
pour une partie de la population", souligne Da Palani. Ce dernier
ajoute qu'il ne voit pas en quoi cette mesure va menacer son chiffre
d'affaires ou celui des petites pharmacies.
Il n'empêche que Ravin Gaya sonne le glas. Il prévoit la fermeture
d'au moins une dizaine de pharmacies. "Les petites pharmacies, qui
ont un faible volume de ventes, vont souffrir inévitablement. Je
crains leur disparition prochaine", confirme un propriétaire de
la capitale.
"Grand soulagement"
A la pharmacie Ramdhanee à Port-Louis, c'est la
confusion. "Nous sommes assaillis de questions. Le public est impatient
de savoir quand les prix baisseront. Nous sommes encore dans le
flou. Nous ne connaissons pas tous les détails", explique un responsable.
Les grossistes trouvent, eux, la baisse de la marge de profits "contraignante".
Ils devaient se rencontrer hier mais la réunion a été annulée car
ils n'étaient pas en présence de la répartition de la marge de profits
entre grossistes et pharmaciens.
Du côté du ministère du Commerce, la réaction des pharmaciens et
des grossistes n'étonne pas. "Cette grogne est normale vu que leur
marge de profits a diminué. Ce qui est important pour nous, c'est
l'intérêt des consommateurs. Nous n'aurions pas pu faire autrement,
les médicaments étaient trop chers", soutiennent les autorités.
Le ministère n'a pas encore décidé si les nouveaux prix s'appliqueront
aux anciens stocks. Toutefois, il a déjà établi son barème sur la
baisse des prix.
Pour la vingtaine d'importateurs de médicaments, la marge passe
de 14 à 10,6 %. Du côté des pharmacies, la réduction est de 27 à
22,1 %. La mesure budgétaire prévoit aussi une exemption des droits
de douane qui étaient de 5 %. Le gouvernement propose que la special
allowance - frais de dédouanement pour les grossistes - passe de
5 à 2 %. A noter que le prix d'un médicament varie d'une pharmacie
à une autre dépendant du pays d'origine.
Karinne, mère de deux enfants, habite la région portlouisienne.
Elle est d'avis que cette mesure lui permettra "d'économiser beaucoup".
"Mon budget pour les médicaments était lourd, surtout avec les enfants
qui tombent souvent malades. C'est un grand soulagement", ajoute-t-elle.
A titre d'exemple, Karinne explique que le sirop Piriton qu'elle
achète pour ses enfants lui revient désormais Rs 11 moins cher.
Mais à en croire le responsable de l'Institut pour la protection
des consommateurs, Mosadeq Saheb-din, la joie de Karinne sera de
courte durée : "Quand les grossistes soumettront leurs factures
d'achats au ministère du Commerce, ils incluront le prix payé en
fonction du taux de change et du fret. Ainsi, le prix variera encore
d'après ces deux composantes qui y seront incluses."
Selon lui, afin d'éviter cette situation, il fallait changer de
méthode de fixation des prix : "Le ministère aurait dû faire cet
exercice tous les six mois alors qu'actuellement les prix varient
chaque semaine."
Selon Pravind Jugnauth, les Mauriciens consomment quelque Rs 1 milliard
de médicaments et autres produits pharmaceutiques chaque année.
Les importations se chiffrent à quelque Rs 650 millions par an pour
le privé et Rs 250 millions par an pour le secteur public. En supprimant
les droits de douane, l'Etat enregistre un manque à gagner de Rs
50 millions. Le ministre des Finances a également enlevé les droits
de douane sur les food preparations pour diabétiques. D'autres compléments
nutritifs ont aussi subi cette exemption. Autres produits concernés
: saucisses, burgers végétariens et diverses boissons, laits de
soja et préparations contenant l'aloe vera.
Le plus important, selon le ministre, c'est que les consommateurs
économisent plus de Rs 135 millions. A en croire les pharmaciens,
cette économie n'est pas réalisable. Entre-temps, ils attendent
la nouvelle classification de certains produits pharmaceutiques.
Lire l'article original : http://www.lexpress.mu/display_article.php?news_id=20224
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