Coordonnateur du Programme national de lutte contre
la Tuberculeuse, Docteur Moustapha Ndir est formel : "Il n'y pas
d'épidémie de Tuberculose à Biscuiterie", soutient-il. Il est revenu
sur les symptômes, le mode de contamination et explique comment
des cas de tuberculose se sont révélés à Biscuiterie. Entretien
!
Sud Quotidien : On parle de
plus en plus de la Tuberculose. Qu'est ce qui explique la recrudescence
de cette maladie ?
Docteur Moustapha Ndir
: Elle est liée à plusieurs phénomènes. Depuis plus de dix
ans, on parle de cette recrudescence dont le soubassement principal
est la progression de l'infection. Mais depuis toujours, la tuberculose
a été liée à la pauvreté. Actuellement nous assistons, de façon
générale, à une dégradation des conditions socio-économiques des
populations. Plus la population s'augmente et vit groupée, plus
la circulation du germe responsable de la maladie progresse facilement.
Donc sur la base de ces facteurs péjoratifs, nous constatons depuis
dix ans à une augmentation régulière de la maladie. Il y a un autre
facteur qu'il ne faut pas négliger, c'est que cette maladie se dépiste
de mieux en mieux. Les structures de santé travaillant mieux, étant
bien formées donc le dépistage augmente. L'un dans l'autre, ces
deux phénomènes expliquent ces augmentations de cas que nous voyons.
Sud Quotidien : Quels sont les
symptômes ?
Docteur Moustapha Ndir
: On insiste toujours sur la toux qui dure de 15 à 21 jours.
C'est le signe principal. C'est une toux qui s'accompagne de crachats.
Il y a aussi d'autres signes : la douleur thoracique, la fièvre
le soir ou l'amaigrissement, la fatigue, l'anorexie, le manque d'appétit
et le fait de cracher du sang. Ces différents signes que peut manifester
un tuberculeux sont bien connus des populations. J'insiste sur ce
principal signe qui est la toux qui dure plus de 15 jours voire
trois semaines. Il faut souligner que par la toux, un malade peut
contaminer son prochain. La contamination se fait par inhalation
du bacille, autrement dit, c'est une transmission aérienne.
Sud Quotidien : Comment se sont
révélés les cas de tuberculeux à Biscuiterie et peut-on réellement
parler d'épidémie ?
Docteur Moustapha Ndir
: C'est vrai que Biscuiterie est l'un des quartiers les plus
populaires de Dakar. Les gens y vivent dans une promiscuité certaine.
Cela explique le plus souvent les problèmes d'hygiène. Toutes ces
difficultés font que le développement de la maladie est relativement
favorisé. Mais, il n'y a pas d'épidémie à ce niveau-là. Si on arrive
à dépister tous les cas, la circulation du bacille de koch sera
contrôlée à coup sûr !
Il faut, par ailleurs, replacer les choses dans leur contexte. La
situation de Biscuiterie a été mise en exergue par une Association
qui s'active autour du poste de Santé. Elle a, en effet, décidé
de faire des journées de sensibilisation en collaboration avec le
district. C'est une bonne chose d'informer, de sensibiliser la population,
mais il n'y a pas d'épidémie à ce niveau-là. Le district sanitaire
Gaspard Camara qui se trouve au niveau de la commune d'arrondissement
de Biscuiterie est, actuellement, classé parmi les meilleurs centres
de santé de Dakar parce qu'il a les meilleurs résultats du Sénégal.
Il a presque atteint les objectifs de l'Organisation mondiale de
la santé (Oms). J'en profite pour rendre hommage à l'équipe du Dr
Omar Sarr. Quand les résultats sont bons et quand on arrive à dépister
le maximum de personnes, on tend à dépister le maximum de cas dans
la communauté. C'est ce que nous essayons de faire tout en soutenant
les actions de sensibilisation qui sont en cours avec une forte
impulsion d'une association qui travaille avec le Poste de santé
de Bourguiba.
Sud Quotidien : On parle également
de rupture du vaccin. Est ce que vous confirmer ou vous infirmez
?
Docteur Moustapha Ndir
: J'ai entendu parler d'une rupture du Bacille Calmette Guérin
(BCG) au niveau des officines. Il faut dire que le Programme national
de Tuberculose ne gère pas ce problème. C'est, plutôt, le Programme
élargi de vaccination (Pev) qui s'occupe cet aspect.
Sud Quotidien : Que faut-il
pour guérir la tuberculose et éviter la contamination ?
Docteur Moustapha Ndir
: Ce traitement dure huit mois. Il est totalement gratuit.
Il est disponible partout dans le pays. Dans tous les centres de
santé ou hôpitaux de ce pays, on peut accéder à ce traitement. Nous
avons actuellement l'un des traitements les plus efficaces au monde.
Il faut que les populations sachent que nous avons exactement les
mêmes médicaments que ceux des Etats-Unis d'Amérique, de la France
ou du Japon. C'est un traitement très efficace. Il est gratuit.
Quoiqu'il en soit, la vaccination est recommandée pour les enfants.
Tous les enfants qui viennent de naître doivent être vaccinés au
Bcg. Cela entre dans le cadre de la prévention de cette maladie.
C'est un vaccin qui protège l'enfant contre les formes les plus
graves de la tuberculose telles que la minière et la méningite tuberculose.
Cependant, ce Bcg est moins important chez l'adulte. C'est pourquoi,
ce n'est pas un élément fondamental dans les programmes nationaux
de lutte contre la tuberculose. L'hygiène dans la vie, le fait de
protéger la bouche quand on tousse pour ne pas disséminer la maladie,
de ne pas cracher n'importe où bref, le respect des règles d'hygiène
sont ce qu'il faut pour éviter la propagation de la tuberculose.
Ce n'est pas le Bcg qui est recommandé chez l'adulte, mais chez
le nouveau né.
Propos recueillis par Cheikh T. MBENGUE
Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/archives/14062004.htm
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