Le nombre des malades traités sous ARV augmentera
dans les prochains mois. Après une requête introduite auprès du
Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et la malaria,
le Burkina a obtenu près de 26 millions de dollars dont 19 millions
environ seront destinés à la lutte contre le Sida sur une période
de 4 ans. Une bonne partie du fonds, qui sera gérée par le Programme
des nations Unies pour le développement (PNUD), les deux premières
années, ira dans l'achat des anti-rétroviraux. Cela permettra, au
bout des deux ans, de traiter près de 3500 malades au Burkina. D'autres
initiatives sont en train d'être prises, notamment l'initiative
Three by Five (trois fois cinq) de l'ONUSIDA et du Fonds mondial,
pour laquelle "le Burkina a déjà introduit une requête". Cette initiative
vise à traiter 3 millions de malades d'ici 2005.
Christian Lemaire, représentant-résident du Programme des Nations
unis pour le développement (PNUD) et Marc Saba, chef de la division
Sida et développement humain au PNUD, l'ont affirmé lors de la caravane
de sensibilisation sur le VIH/Sida, qui a parcouru, du 12 au 15
juin derniers, les provinces du Séno (Sempelga à 42 km de Dori et
Falagountou à 56 km de Dori), du Yagha ( Sebba) et de l' Oudalan
(sur le site aurifère de Essakane).
Plus grande prise en charge médicale
Tout au long de sa tournée, le représentant-résident
du PNUD, qui était accompagné de Mamadou Sakho, coordonnateur de
l'ONUSIDA au Burkina Faso, a indiqué que le gouvernement burkinabè
et le PNUD fourniront, dans les mois à venir, des efforts supplémentaires
dans la prise en charge médicale des malades. Selon Christian Lemaire,
le Burkina a réalisé beaucoup de progrès dans la lutte. Mais, ajoute-t-il,
"il ne faut pas baisser la garde"; "il faut persévérer dans la voie
de la prévention" et veiller à la bonne gestion des ARV. "ça ne
sera pas seulement une question de disponibilité des médicaments,
mais surtout une question de bonne gestion des ARV", a-t-il confié.
Les caravaniers ont voulu sensibiliser le maximum de personnes,
à travers les responsables coutumiers, des leaders d'opinion qui
disent connaître la maladie et s'être engagés dans la lutte. C'est
notamment le cas de la chefferie traditionnelle de Sebba, dans le
Yagha, qui a dressé un plan d'action de lutte. Le Poé Naaba, représentant
du Mogho Naaba, a confirmé l'engagement des chefs traditionnels
dans la lutte, lui qui a indiqué qu'un comité de chefs coutumiers
a été mis en place dans les 45 provinces du Burkina grâce au soutien
des autorités burkinabè.
A Falagountou, village de 13500 âmes environ, peuplé en majorité
de Sonraï et situé à une dizaine de km de la frontière du Niger,
la peur du Sida semble bien loin. Un boutiquier du village affirme
avoir arrêté la vente de capotes tout simplement parce que les "préservatifs
ne marchent pas". Mais dans les autres localités où la caravane
s'est arrêtée, les populations semblent avoir pris conscience du
mal. Boubacar Hama, un habitant de Sampelga, a une idée des manifestations
de la maladie. "Les symptômes du Sida, dit-il, ce sont la diarrhée,
la perte de cheveux et l'amaigrissement du malade". Mais comme bien
d'autres jeunes rencontrés au cours de la caravane, Boubacar Hama
n'a jamais entendu parler de test du Sida. Pas même lorsqu'il s'agit
de se marier.
"Le test, jamais entendu parler !"
Que le mal soit peu ou prou connu, Christian Lemaire
est revenu, lors de son adresse aux populations, sur les modes de
transmission, les moyens de prévention et les dangers réels que
présente la maladie. "C'est une maladie dont on ne guérit pas et
qui a déjà infecté 40 millions de personnes. 3 millions sont mortes
l'année dernière. Certains pays ont vu un tiers de leur population
ravagé par la maladie, a-t-il répété.
La lutte contre le Sida n'étant pas seulement l'affaire des chefs
coutumiers, le représentant-résidant du PNUD a insisté sur le très
important rôle de la famille dans la prise en charge des malades.
La famille ne doit pas rejeter les malades car, a-t-il insisté,
"la prise en charge sociale et psychologique n'est possible que
dans le cadre familial", ajoutant que la lutte est avant tout un
engagement personnel.
Il a par ailleurs relevé que l'offre de dépistage sera encore plus
grande. C'est dans ce cadre qu'il est prévu un centre de dépistage
du Sida à Dori avant la fin de l'année. L'autre volet de la sensibilisation
a porté sur la projection du film-documentaire Faso contre le Sida
et la remise de livrets.
Le livret est un rapport national sur le développement humain axé
sur la question du Sida au Burkina. Il est traduit en langues fulfuldé,
dioula et mooré. Baba Hama, délégué général du Festival panafricain
du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) et Bassirou
Dicko, représentant de l'émir du Liptako, participaient à la caravane.
Des responsables s'expriment
Isidore Yougma (Infirmier
au Centre de santé de Essakane) : "Nous n'avons rencontré que des
cas d'IST"
"A Essakane, nous n'avons rencontré que des cas d'Infections sexuellement
transmissibles (IST). En ce qui concerne le Sida, les populations
ne consultent pas les formations sanitaires pour ce genre de maladies.
Il y a eu ici des campagnes de sensibilisation, avec le projet Sida
II et le FNUAP. Mais depuis le départ du projet, il n'y a plus eu
de séances de sensibilisation. On peut dire que la capote est utilisée
à Essakane. Mais il n' y a pas de centre de dépistage, si bien que
pour faire le test, il faut se rendre à Gorom-Gorom".
Ly Hama Amidou (Maire
de la commune de Sebba) : "Les populations engagées"
"Il y a eu des rencontres sur le Sida, mais jamais un regroupement
d'une telle envergure. C'est la première fois qu'une rencontre s'adresse
particulièrement aux chefs traditionnels. Dans le Yagha, les populations
sont engagées dans la lutte. Un plan d'action a été élaboré, qui
concerne tous les 45 villages du Yagha. Le dépistage s'y fait volontairement.
Pas plus tard que la semaine dernière, des travailleurs ont fait
le test du Sida. Ce test se fait au Centre médical avec antenne
chirurgicale (CMA) de Sebba. Mais pour le dépistage de Sida avant
le mariage, on ne l'a pas encore introduit dans les clauses du mariage.
On craint que certains soient réticents. Sans doute que cette sortie
va encourager certains qui étaient encore hésitants. Nous avons
connu trois cas avérés de Sida à Sebba".
Lire l'article original : http://www.lepays.bf/quotidiens/select.asp?Numero=4728
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