En Afrique, il y a une montée en flèche des cas
de tuberculose et l'explication est à chercher dans la progression
du sida à travers le continent qui, par certains aspects, porte
la "maladie de poumons" comme un corollaire. Comment faire face
à cet épineux problème de santé et ses implications ? Les Programmes
nationaux de lutte contre la tuberculose de six pays ouest-africains
ont décidé d'unir leurs efforts.
Six pays d'Afrique de l'Ouest francophone ont décidé
de sceller un pacte d'alliance sacré pour lutter contre la tuberculose.
A l'issue d'une rencontre tenue à Saly, des délégués et responsables
des programmes nationaux de lutte contre cette maladie au Sénégal,
au Mali, en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso et Niger se
sont engagés à constituer un front comment pour barrer la route
à la progression de cette maladie dans la sous-région.
Le constat fait sur le terrain est qu'il y a un résurgence de la
tuberculose lié malheureusement à l'émergence de l'épidémie du sida,
regrettent les spécialistes. Tenez par exemple en Côte d'Ivoire,
la tuberculose est devenue un véritable problème de santé publique.
On a dépisté en moyenne entre 12 et 16 mille cas de tuberculose
par année. Pire, la situation risque de s'aggraver dans les prochaines
années à cause de la guerre dans ce pays, s'inquiète le délégué
de ce pays à ses assises.
Toujours dans ce pays, le taux de prévalence du sida est jugé très
élevé. En effet, ce taux est de 2 %. Dans certaines régions surtout,
ce taux s'élève à 14,6 %. En 2001, on a enregistré 450 à 500 cas
de tuberculose dans certaines localités de ce pays signale le docteur
Paul Kouamé. Au Sénégal, en l'an 2000, 8 934 cas de tuberculeux
ont été dépistés pour un taux de guérison estimé à 65 %, selon le
docteur Awa Hélène Diop du Programme national de lutte contre la
tuberculose. Le taux de perte de vie est estimé en l'an 2003 à 17
% ajoute Dr Diop. Au Burkina Faso, les statistiques donnent 2 800
cas dépistés en moyenne chaque année. Dans ce pays, le taux de guérison
est de 75 % tandis que celui de perte en vie est de 12 %. Au Niger,
on a notifié en 2003, cinq cas de formes contagieuses de tuberculose.
Au Mali, on a enregistré 3000 cas. Au Bénin, une enquête menée sur
les risques d'infections situe le taux d'incidence à 24 % pour 100
mille habitants. "Soit un tableau pas du tout reluisant de la situation
de la tuberculose en Afrique de l'Ouest Francophone", se désole
docteur Ibrahima Seck chercheur principal à l'institut de santé
de développement de Dakar.
Ainsi, après cinq jours de discussions fructueuses,
les six pays se sont accordés sur l'élaboration d'un projet de recherche
action en direction des patients. L'intérêt de ce programme est
d'organiser la lutte au niveau de l'espace géographique de ces pays
pour consolider la qualité des prestations de soins à travers un
processus basé sur une recherche action explique Jacques De Wilde
représentant résident de la Coopération technique belge maître d'œuvre
de ce programme avec l'appui de l'Union européenne.
Concrètement, il s'agit d'une dynamique pour améliorer les soins
aux patients tuberculeux qui passera par une méthode de travail
nouvelle entre les différents prestataires à un niveau différent,
médecins, infirmiers et malades, renseigne docteur Seck. Les deux
défis à relever sont d'augmenter le taux de détection de tuberculeux
et de réduire le taux de pertes de vie et d'abandon. Selon Dr Maxime
Drabo chercheur principal au niveau du programme national contre
la tuberculose. "Ce que nous voulons est que chaque médecin, infirmier
ait suffisamment de sympathie pour que celui qui vient avec son
problème, qu'on l'aide convenablement. Ainsi, on pourrait espérer
réduire les taux de pertes de vie", analyse Dr Awa Hélène Diop.
Au Sénégal comme ailleurs, le problème est le même. A savoir que
les malades obligés de bouger interrompent souvent leurs traitements
même s'ils ne sont pas totalement guéris, se désole notre interlocutrice
"ils viennent gentiment vous dire qu'ils doivent partir pour gagner
leur vie même si le traitement n'est pas fini". Il s'agit maintenant
de donner au malade la possibilité de se traiter là où il est pour
y finir son traitement. A défaut, il faut organiser son transfert
là où il veut aller pour finir son traitement, explique Dr Diop.
Karim LO
Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=11179
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