Depuis plus d'un mois, c'est la grande saison des
pluies à Abidjan. Une période bien critique au plan sanitaire, car
propice au paludisme. Selon Dr Memain Srado Daniel, Directeur Coordonnateur
du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) en Côte
d'Ivoire, la saison pluvieuse reste la période de "recrudescence
du nombre de cas de paludisme".
"Quand il ne pleut pas, le taux d'incidence du
paludisme varie entre 75% et 85%. Mais, en saison des pluies, ce
taux est supérieur à 85%" (statistiques de l'année 2003), explique
le chef de service de la Surveillance épidémiologique et de la formation
au PNLP, Séry Théodore. Cette légère augmentation des cas de paludisme
trouve son explication dans le mode de transmission de cette maladie
endémique.
Le paludisme ou la malaria, chez les anglo-saxons, est une parasitose
due à des hématozoaires (parasites vivant dans le sang) du genre
plasmodium. Quatre espèces de plasmodiums sont responsables du paludisme.
Il s'agit du Plasmodium falciparum, du plasmodium ovale (quasi absent
en Afrique), du plasmodium malaria (peu virulent) et du plasmodium
vivax.
La première espèce, à savoir le Plasmodium falciparum,
est la plus redoutable. Elle est responsable de la forme grave du
paludisme. Elle est la plus répandue dans le monde, surtout dans
la zone tropicale et intertropicale. Et cela est dû, selon Dr Memain,
au moustique responsable de la maladie. Pour vivre, l'anophèle (femelle
du moustique) a besoin d'un certain type de végétation, du soleil
et de l'eau. "Il lui faut une température ambiante supérieure à
22 degré et de l'eau pour sa survie", explique-t-il. L'anophèle,
poursuit-il, se développe où il y a en permanence de l'eau dans
laquelle elle pond des œufs qui vont devenir, par la suite, des
larves, puis des moustiques adultes. Avec la saison des pluies,
de nombreuses flaques d'eau se créent, favorisent ainsi la prolifération
des moustiques. Par leurs piqûres, ceux-ci transmettent à l'homme
le Plasmodium falciparum, l'agent pathogène du paludisme.
Le réservoir du parasite étant l'homme malade et l'anophèle femelle,
le cycle évolutif de la transmission se fera en deux phases. La
première consiste en la piqûre d'un homme sain chez qui le moustique
va libérer des sporozoïdes qui vont regagner le foie et secondairement
les globules rouges. Ces dernières vont libérer des glamitocides
dans le sang.
Au niveau de la seconde phase, l'anophèle, au cours d'un repas sanguin
auprès d'un malade du paludisme, va ingurgiter des gamétocytes qui
vont subir une maturation pour devenir des sporozoïdes qui se localiseront
au niveau des glandes salivaires du moustique. Ainsi, au prochain
repas sanguin, ils seront transmis à l'homme sain. Et le cycle recommence.
Selon Dr Memain, les personnes vulnérables restent
les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. "Avec
la grossesse, l'immunité au niveau de la femme diminue. Elle est
donc plus exposée à la maladie", explique-t-il. L'enfant, quant
à lui, bénéficie d'une certaine immunité jusqu'à six (6) mois. Au-delà,
il doit mettre en place sa propre immunité. Cette période fait donc
de lui un être vulnérable. Aujourd'hui, les personnes vivant avec
le VIH/SIDA constituent également, avec la perte de leur immunité,
des portes d'entrée pour les maladies opportunistes dont le paludisme.
Cette parasitose, révèle-t-il, crée assez de sinistres aux populations.
Elle constitue 28% du taux de mortalité, 60% du taux de morbidité
et 40% du taux d'hospitalisation. "Et, à mi-parcours de l'année
2004, le taux d'incidence de cette maladie est de 67%°", rappelle
M. Séry Théodore. Il est donc important, souligne Dr Memain, que
chacun comprenne la nécessité de s'impliquer dans la lutte contre
cette maladie. D'ores et déjà, le premier responsable du PNLP souligne
que les deux stratégies de lutte contre cette pandémie restent la
prévention dont l'un des moyens demeure la moustiquaire imprégnée
et la prise en charge des malades.
Touré Yélly
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