On ne peut pas combattre efficacement le Vih/Sida
si l'on ne fournit pas davantage d'efforts dans la lutte contre
la tuberculose, a affirmé, jeudi à Bangkok, l'ancien président d'Afrique
du Sud, Nelson Mandela, à la 15e Conférence internationale sur le
sida. "La communauté scientifique mondiale fait de la lutte contre
le sida une priorité. Ceci est une bonne chose, mais la tuberculose
reste toujours ignorée", a déploré l'ancien président d'Afrique
du Sud, Nelson Mandela, à la 15e Conférence internationale sur le
sida, soulignant que "la tuberculose reste aussi une maladie mortelle
pour tous ceux qui en sont atteints".
Au nom de la fondation qu'il dirige et qui porte
son nom, Mandela s'est félicité de la décision de la fondation Bill
et Melinda Gates d'allouer une subvention de 44,7 millions de dollars,
destinée à l'évaluation de nouvelles stratégies de lutte contre
la co-infection Hiv/Sida et la tuberculose. "Depuis plus de 50 ans,
nous savons comment traiter la tuberculose, mais ce qui manque maintenant,
c'est la volonté et les ressources nécessaires pour diagnostiquer
rapidement les personnes affectées par la tuberculose et leur donner
le traitement adéquat", a déclaré Mandela devant la conférence qui
se tient dans la capitale thaïlandaise depuis dimanche.
En novembre 2003, Mandela avait lancé au Cap, en
Afrique du Sud, une campagne mondiale de lutte contre le sida, intitulée
46664, de son numéro de prisonnier sur l'île sud-africaine de Robben
Island où il avait été incarcéré pendant des années sous le régime
de l'apartheid. Mandela a rappelé qu'il avait souffert, lui-même,
de la tuberculose dans cette prison.
Winstone Zulu, de Zambie, présent à la Conférence internationale
de Bangkok pour partager son expérience dans le combat personnel
qu'il mène contre la tuberculose et le sida, a déploré le fait que
"dans beaucoup de pays africains, il existe encore des difficultés
à obtenir des médicaments anti-rétroviraux (Arv)". "Mon message
à la conférence est de souligner qu'il est plus facile de disposer
des Arv que d'obtenir des médicaments contre la tuberculose. Dans
certains pays, donner des médicaments Arv est plus facile que de
traiter réellement la tuberculose", a indiqué Zulu.
D'une durée de deux ans, le projet de la Fondation
Bill et Melinda Gates, piloté par le "Treatment Action Group" (Tag),
une organisation non gouvernementale (Ong) américaine créée en 1992,
vise à accentuer la lutte contre la co-infection Sida-Tuberculose
à travers la combinaison d'un plaidoyer qui sera mené aussi bien
au niveau communautaire que dans le secteur de l'éducation et par
la multiplicité des efforts impliquant les leaders d'opinion sur
le sida dans les pays en développement.
Selon l'Ong "Treatment Action Group", l'épidémie du Vih/Sida et
la tuberculose sont les deux plus grandes causes de mortalité mondiale.
Trois millions de personnes décèdent par an à cause du sida alors
que la tuberculose continue de tuer annuellement deux millions de
personnes, signale l'Ong. Parmi les personnes co-infectées, le taux
de prévalence du sida augmente les risques de développement de la
tuberculose. "Nous ne pouvons effectivement pas lutter contre le
sida si nous ne combattons pas d'abord la tuberculose. Les groupes
communautaires engagés dans la lutte contre le sida et la mobilisation
sociale ne sont pas utilisés comme supports dans la lutte contre
la tuberculose", reconnaît Hélène Gayle, directrice du programme
Sida et Tuberculose et reproduction de la santé de la fondation
Bill et Melinda Gates. Elle souligne que ces groupes ont pourtant
joué un rôle majeur dans la mobilisation des ressources et le développement
de la lutte menée contre le sida.
Le professeur Papa Salif Sow, chef du service des
maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire de Hann,
au Sénégal et coordonnateur de la prise en charge des malades vivant
avec le Vih/Sida, reconnaît, lui aussi, que la tuberculose est devenue
un véritable problème de santé mondiale. Selon lui, un tiers de
la population mondiale vit actuellement avec la tuberculose. "Environ
onze millions de personnes sur les 38 millions qui vivent avec le
Vih sont infectées en même temps par la tuberculose, et malheureusement
chaque année, on dénombre 350 000 cas de décès dus à la tuberculose
chez les malades qui vivent avec le Vih/Sida", souligne le Pr Sow.
En Afrique au sud du Sahara, la tuberculose est la première cause
de décès chez les malades infectés par le sida, dit-il. L'Organisation
mondiale de la santé (Oms) et le Programme conjoint des Nations-Unies
sur le Vih/Sida (Onusida) ont proposé la promotion du dépistage
de l'infection au Vih/Sida chez tous les malades tuberculeux, indique
le Pr Sow, expliquant, à ce propos, qu'il faudra désormais effectuer
un diagnostic systématique de la tuberculose dans tous les centres
de dépistage du sida.
Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=11386
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