Ceux qui fréquentent le service médical public
se plaignent souvent de se voir prescrire les mêmes médicaments
pour différents malaises. "Nous avons une panoplie de médicaments
pour presque toutes les maladies recensées dans notre pays. Cependant,
c'est au médecin que revient la responsabilité de les prescrire",
déclare le directeur du Service pharmaceutique du gouvernement (SPG).
Ce service, selon lui, achète tous les médicaments génériques nécessaires.
Mais, poursuit-il, il est impossible de mettre à la disposition
des médecins et des patients toutes les variétés de médicaments
que l'on trouve dans le privé. Cela coûterait trop cher.
Le ministère de la Santé dépense près de Rs 200
à 250 millions annuellement en médicaments, ce qui équivaut presque
à 10 % de son budget annuel. Un chiffre qui devrait dépasser les
Rs 300 millions l'an prochain. Gérard Requin insiste sur le fait
que le gouvernement ne lésine pas sur les moyens pour se procurer
des médicaments. "Il y d'ailleurs des produits que l'on ne trouve
que dans le service public, tellement ils sont chers", affirme-t-il.
Et d'ajouter que des cliniques privées commandent souvent ces médicaments
à la pharmacie gouvernementale car ils leur reviendraient trop cher
de les stocker.
"Le service public est le seul, par exemple, à
offrir des médicaments destinés à ceux qui se sont fait greffer
des organes, que ce soit à Maurice ou à l'étranger. Ces médicaments
sont si chers qu'ils ne sont pas à la portée de ceux qui en ont
besoin. Même constat pour plus d'une vingtaine de médicaments anti-rétroviraux
destinés aux personnes séropositives et pour les médicaments contre
le cancer."
S'il faut une preuve de la bonne qualité des produits offerts par
le gouvernement, déclare Gérard Requin, il n'y a qu'à voir le pourcentage
de malades qui s'approvisionnent en insuline dans les pharmacies
publiques (plus de 95 % des diabétiques). Ceux souffrant d'asthme
bénéficient, pour leur part, des mêmes aérosols que ceux disponibles
dans les pharmacies privées. Il y a, enfin, certains produits qu'on
ne trouve plus dans le privé, à l'instar de la péthidine et de la
morphine, que les pharmacies et cliniques privées commandent au
SPG.
Un panel de 550 produits
Le service pharmaceutique dispose d'un stock d'environ
500 à 550 médicaments, qui sont parmi les plus utilisés par la population,
notamment contre le diabète ou l'hypertension. Le SPG passe également
commandes pour d'autres médicaments après son exercice annuel d'appels
d'offres. La liste, qui varie en fonction de la demande, est dressée
après consultation auprès des représentants des médecins (chaque
année, un total d'environ 600 produits sont commandés). De plus,
si un médecin fait la demande, en cours d'année, d'un médicament
non disponible, le SPG considère le cas et achète ce produit.
"Il est par conséquent inexact de dire que les
médicaments du service public changent souvent, affirme Gérard Requin.
En revanche, le gouvernement lance des appels d'offres internationaux
à travers le Central Tender Board tous les ans et là, effectivement,
les fournisseurs changent constamment. Le nom, la forme et la couleur
des médicaments peuvent varier, mais les molécules sont les mêmes.
Il est du devoir du médecin et du pharmacien de rassurer le patient
et de lui expliquer ce changement." Ce qui n'est cependant pas toujours
facile pour le pharmacien, lequel est souvent débordé par les longues
files d'attente devant son comptoir.
Le SPG, explique Gérard Requin, a connu de grandes
améliorations ces dernières années. La présentation de plusieurs
médicaments a ainsi beaucoup changé et un nombre important de pilules
est maintenant présenté sous scellé ou dans des sachets en plastique.
"En ce moment, l'étiquetage de ces sachets se fait encore à la main.
Mais pour éviter qu'il ne s'efface et pour qu'il soit encore davantage
lisible, le département pharmaceutique travaille sur un labelling
informatisé", dit-il. Un projet pilote, qui a révélé des résultats
concluants, a d'ailleurs déjà été initié à l'hôpital Jawaharlall
Nehru de Rose-Belle.
Autre motif d'insatisfaction pour les patients
: les files d'attente dans les officines. Gérard Requin est d'avis
qu'une solution devrait être trouvée pour réduire ce temps passé
dans les pharmacies. "Le patient qui entre dans une pharmacie après
avoir passé plusieurs heures à l'hôpital, est naturellement stressé
et voudrait un service rapide, concède Gérard Requin. Mais ce n'est
pas évident au vu du nombre élevé de patients fréquentant les services
de santé publics."
C'est cependant dans le but de réduire l'attente
que la pharmacie de l'hôpital Victoria, à Candos, a été divisée
en plusieurs sections. "La délocalisation pour des points de ravitaillement
spécifiques à la psychiatrie, à la pédiatrie, à la chirurgie orthopédique
et à la cardiologie marche à merveille et gagnerait à se poursuivre",
assure le directeur du SPG.
Une initiative louable, d'autant que la structure
de certaines pharmacies publiques, comme celle de Candos, ne permet
ni agrandissement ni réaménagement pour faciliter la tâche du pharmacien
et améliorer le confort du malade.
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