En raison des difficultés qui accompagnent sa mise
en œuvre, le nouveau bréviaire de santé est provisoirement retiré.
Au terme de sa réunion du mercredi 7 juillet, le Conseil d'administration
de la MUGEFCI (Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de
l'Etat) a décidé de suspendre, provisoirement, le guide thérapeutique
2004. "Nous revenons à l'ancien guide, celui de 2003, qui ne
contient pas de prix de référence afin de permettre aux fonctionnaires
d'être soignés et pour apaiser l'atmosphère…" Il avait, visiblement,
le cœur en peine, M. Bégnana Bogui, en annonçant, vendredi, cette
décision au parterre de journalistes venus au point de presse tenu
au siège de la Mutuelle au Plateau.
La polémique née autour de la mise en œuvre de
ce guide depuis le 14 juin dernier, est au cœur de cette décision.
"Les médecins, les pharmaciens, tout le monde a commencé à tirer
sur nous. La répercussion de tout cela, c'est que les fonctionnaires
ont commencé à grogner, à juste titre, parce que d'habitude, ils
payent 30% ; or, il arrive maintenant que dans des officines, on
leur fait payer 40, 50, 60% et plus. Nous-mêmes, nous n'avons pas
compris comment les pharmaciens qui nous avaient fait comprendre
qu'ils avaient compris le système, puissent en arriver là. Nous
avons compris que quelque part, il y a des incompréhensions, des
malentendus, mais il y a aussi une volonté de nuire", relèvera le
président du Conseil d'administration de la MUGEF-CI. Ce, avec dépit,
car soulignera-t-il : "Pour arriver à mettre ce guide en circulation
le 14 juin 2004, nous avons pris toutes les précautions. Nous avons
rencontré tous les partenaires médicaux. Un séminaire de validation
s'est tenu à Grand-Bassam. Des séminaires se sont tenus à Yamoussoukro
et ailleurs, des réunions ont eu lieu pour expliquer aux médecins,
aux pharmaciens et même aux responsables de la Mutuelle, à travers
le territoire national, ce que nous voulions faire. Ce guide a donc
été expliqué, présenté dans les moindres détails. Fondamentalement,
nous n'avons pas reçu de coups durant toute cette période".
M. Bégnana Bogui se montrera d'autant plus dépité
que durant toute cette période préparatoire, les différents partenaires
médicaux de la Mutuelle (pharmaciens, médecins) s'étaient montrés
favorables à ce guide. "Une désorganisation voulue", dénoncera-t-il,
a marqué leur volte-face, et a eu pour conséquences d'amener les
fonctionnaires à se demander si la MUGEF-CI avait changé sa politique
qui consiste à leur permettre de se soigner ou si elle a décidé
maintenant de les tuer".
Pour le président de la Mutuelle générale des fonctionnaires, il
n'est pas question toutefois de renoncer à ce guide, le quatrième
sous sa férule. " Ce guide a été bien conçu ", soulignera-t-il.
Il intègre des exigences que même des pays comme la France, soulignera-t-il,
se sont imposés en matière de politique sanitaire concernant les
médicaments.
Ce guide qui suscite tant de polémiques introduit
deux notions nouvelles par rapport aux précédents : les prix de
référence et le code d'affections. La palabre qu'elle suscite est
attachée à la notion des prix de référence. Avec cette notion, les
prestations de la Mutuelle se sont "enrichis" de 564 médicaments
génériques et leurs prix constituent la seule référence qui vaille
au niveau de la MUGEF-CI, l'adhérent qui se sera fait prescrire
un produit de spécialité en lieu et place devant payer toute la
différence. Cette disposition a fait jaser, particulièrement, les
cadres supérieurs de la Santé réunis au sein du SYNACSS-CI (Syndicat
national des cadres supérieurs de la Santé de Côte d'Ivoire) qui
y ont vu "une atteinte à la liberté de prescription". Leurs homologues
non enseignants du Synephadene-CI (Syndicat national des médecins,
pharmaciens, chirurgiens dentistes non enseignants de Côte d'Ivoire),
à contrario, se sont montrés favorables, "le recours aux médicaments
génériques, nous confiera le vice-président, Dr Camara Souleymane,
dans une interview parue dans nos colonnes le 15 juin, s'inscrivant
dans une politique nationale de lutte contre la pauvreté".
A quelques mots près, c'est ainsi que M. Bégnana
Bogui, expliquera ce nouveau guide thérapeutique qui, dira-t-il,
est sous-tendu par un double objectif : continuer d'amener les fonctionnaires
à se soigner tout en réduisant les charges de la Mutuelle, durement
frappée par la crise. " Avant la guerre, nous payions entre 400
et 600 millions par mois de frais pharmaceutiques. Aujourd'hui,
nous sommes à plus d'un milliard. Or, nos cotisations ont un plafond.
Nous dépassons allègrement ce plafond. Ce qui va nous amener à la
fin de l'année 2004 à un déficit de 2,5 milliards. Il est difficile
de maintenir le cap, si nous ne prenons pas certaines dispositions
", indiquera-t-il. Le Conseil d'administration de la MUGEF-CI, a-t-il
annoncé, par ailleurs, réunira tous les fonctionnaires en assemblée
générale samedi prochain, à la Bourse du travail à Treichville,
aux fins de leur expliquer le bien-fondé de ce guide.
Elvis KODJO
Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/content/detail.php?cid=375ChOccr03
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