La qualité des analyses de laboratoires
peut, en Afrique, grandement contribuer au renforcement de la prévention
en matière de santé publique. Après avoir pris part aux travaux
des 5es rencontres africaines de biologie technique, Mme Nelly Marchal,
professeur agrégé, présidente de l'Association internationale des
techniciens biologistes, dit, dans l'entretien ci-après, sa fierté
devant le travail des laboratoires d'Afrique même si, en Afrique
et ailleurs, "la qualité totale n'existe pas".
Que représente de pareilles
assises pour les techniciens biologistes ?
C'est un événement, une référence
pour l'ensemble de l'Afrique. Ce sont les acteurs, techniciens de
laboratoires et de la biologie, qui sont à la base des analyses.
D'où l'importance du thème qui a été traité à savoir la qualité
de l'analyse. Ce qui pose le problème de la garantie des examens
qui ont été effectués ainsi que de leur fiabilité. Cela se comprend
quand on sait que, aujourd'hui, dans tous les secteurs d'activité,
la qualité est de plus en plus recherchée. Il est donc urgent pour
notre association de se doter de moyens en procédant par des tests
de niveau et surtout en développant les bonnes pratiques.
L'assurance-qualité dans les
résultats rendus est-elle réellement possible dans les pays sous-développés
?
C'est là une question difficile,
mais il faut savoir que la qualité totale n'existe pas. Nous l'appréhendons
comme un but, un objectif vers lequel il faut tendre. Dans aucun
pays au monde, on ne peut absolument garantir la fiabilité à cent
pour cent des analyses de laboratoire. Il y a toujours une part
d'impondérable, d'erreur ou d'imprévus qui pourrait tout hypothéquer.
La démarche qualité consiste ici à limiter au maximum l'impact de
ce qui relève de l'impondérable. Si le risque-zéro existait, si
la qualité totale existait, il n'y aurait pas d'accident de voitures.
Je crois qu'il faut être fier des laboratoires d'Afrique.
De plus en plus de maladies
émergentes mettent en évidence un mode de transmission qui se fait
de l'animal à l'homme. Ne pensez-vous pas que le moment est venu
d'établir un pont entre la biotechnologie et la médecine vétérinaire
?
Je travaille depuis plus de trente
ans avec les médecins vétérinaires qui sont les pionniers dans la
mise au point de techniques nouvelles. Je crois qu'il faut déplorer
le fait qu'il n'y ait pas plus de collaboration. D'ailleurs, le
dernier rapport de l'OMS a dénoncé cet état de fait. Le besoin en
techniciens spécialisés en médecine vétérinaire est encore plus
important.
Vos travaux ont également mis
à nu la question de la revalorisation de fonction de technicien
biologiste. Est-ce que vous êtes en train de réfléchir sur un plan
de carrière à proposer aux différents Etats ?
Effectivement, il y a un plan de
carrière qui existe. Les techniciens ont bien droit à un cursus.
La promotion est valable pour tout le monde. Il faut que la profession
soit ouverte vers le haut. Tout le monde y trouvera son intérêt.
Nous avons mis en place toute une stratégie pour, en rapport avec
les Etats, envisager ce problème avec toute la responsabilité requise.
À ce propos, nous avons remis à toutes les délégations la documentation
nécessaire pour qu'elles discutent avec leur Etat respectif. Mais,
il y a lieu de préciser qu'en aucun moment l'ASSITEB ne se mêlera
de cela. Nous respectons la souveraineté des Etats sur cette question.
Propos recueillis par ABDOULIE
JOHN
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=42169
|