L'actualité

Notre métier d'éditeurs de revues médicales en Afrique francophone et au Maghreb, nous amène à suivre de très près l'actualité de la santé de ces pays.
Nous lisons la plupart des journaux spécialisés et sommes en contact avec de très nombreuses associations et ONG.
Nous fréquentons aussi certains forums spécialisés.

Dans notre développement Internet, nous avons pensé que toutes ces informations que nous recueillons quotidiennement ne pouvaient que vous intéresser.
C'est la raison de cette rubrique que nous mettrons à jour le plus régulièrement possible.

Afin d'être en harmonie avec la déontologie Internet, nous vous précisons que toutes nos sources sont informées des textes que nous leur empruntons afin de les mettre à votre disposition dans cette rubrique.

Toutefois, comme elles le précisent elles-même pour la plupart, nous vous prions de traiter les informations avec la plus grande prudence et de ne pas hésiter à suivre les liens que nous plaçons systématiquement à la fin des articles, afin de lire le document original et de contacter, le cas échéant, l'auteur ou le responsable de la publication.

Si vous souhaitiez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir suivre le lien afin de récupérer le document original et vous conseillons d'en informer les responsables.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur SantéTropicale.com

Santetropicale.com

Page d'accueil de Santetropicale.com La Bibliothèque de Santé tropicale Le Kiosque des revues médicales africaines Dictionnaire Internet Africain des Médicaments Web médical africain Annuaire de la santé en Afrique Qui contacter ?

L'actualité de la santé en Afrique

Situation à l'Ouest : Dr Edie Ossohou Albert (Programme élargi de vaccination) : "Nous sommes au bord de la catastrophe humanitaire" - Le Patriote - Côte d'Ivoire - 20/09/2004

La situation sanitaire en Côte d'Ivoire inquiète. Dans cet entretien, le Directeur du Programme Elargi de Vaccination (PEV) donne les raisons et dégage les perspectives.

Le Patriote : Monsieur le Directeur Coordinateur, la Côte d'Ivoire s'apprête à entamer bientôt une grande campagne de vaccination. Avant cette échéance, est-ce qu'on peut savoir quelle est la situation du point de vue épidémiologique aujourd'hui ?

Dr Eddie Ossohou Albert : Il faut dire que le Programme élargi de vaccination de Côte d'Ivoire qui existe depuis 1978 essaie de lutter au quotidien contre les épidémies. Et nous faisons la prévention par la vaccination et surtout la surveillance des maladies à potentiel épidémique que sont la rougeole, la polio, la fièvre jaune et le tétanos chez la mère et chez l'enfant. La Côte d'Ivoire s'est engagée avec la communauté internationale à aboutir à l'éradication de la poliomyélite d'ici l'an 2005. Et cette politique a été bien suivie, dans la mesure où depuis l'année 2000, nous avons noté un cas de polio à Abengourou et on a plus enregistré de cas de polio. On était bien parti pour aller vers la certification. Malheureusement, avec les crises que le pays a connues depuis le 19 septembre 2002 qui nous ont amenés à arrêter toutes nos activités dans les zones conflictuelles, c'est-à-dire au Nord et à l'Ouest, aujourd'hui, nous nous trouvons en face d'une flambée épidémique. Même dans les zones sous-contrôle gouvernemental où nous n'avons pas arrêté nos activités, nous enregistrons dix cas de polio depuis janvier 2004. Il faut déjà dire que, en décembre 2003, nous avons enregistré notre premier cas à Duékoué. Après Duékoué, il y a un cas d'abord à Louzoua dans la sous-préfecture de Divo. Ensuite, il y a eu deux autres cas à San-Pedro, puis encore un cas à Grand-Lahou. Après ces cas nous sommes venus à Abidjan, nous avons enregistré un cas à Abobo au PK 18 et un autre cas à Yopougon au quartier Port-Bouët 2. Après ces deux cas nous sommes remontés à Daloa où nous avons enregistré encore un cas et nous sommes redescendus à San-Pédro où nous avons enregistré deux cas de polio sauvage et les derniers cas ont été retrouvés à Zénoula. Depuis hier, nous venons d'avoir deux cas dont un à Boundiali et un à Tengréla. Cela doit nous inquiéter dans la mesure où nous n'avons pas eu de surveillance épidémologique. Vous allez sans doute vous demander pourquoi vous avez enregistré des cas à Boundiali et à Tingrela alors qu'ils se trouvent dans la même zone que Korhogo, Man, Odienné. En fait, nous profitons des journées nationales de lutte contre la polio pour la surveillance active sur le terrain. Nous faisons des prélèvements suspects de tous cas de polio. Et nous envoyons ces prélèvements au laboratoire. Donc nous sommes en train de recevoir les résultats des prélèvements que nous avons eus à faire lors du dernier passage, c'était en juillet. Nous avons pour le moment, trois résultats dont la confirmation a été prononcée (un à Zuénoula et un à Boundiali et l'autre à Tengrela). C'est pour vous dire que la situation est grave. Cette année, il y a eu beaucoup d'épidémies de rougeole. Et cette épidémie a sévi un peu partout, même dans les zones sous contrôle rebelle mais, nous avons eu à mener des ripostes vaccinales. En dehors de la rougeole, nous avons même fait une intervention à Bouna pour freiner un peu l'épidémie de la méningite sans oublier la rubéole qui fait ravage. Nous sommes vraiment au bord de la catastrophe humanitaire. C'était prévisible dans la mesure où nous avons cessé toute activité. Nous ne sommes pas à l'abri. Voici un peu le profil épidémiologique de la Côte d'Ivoire.

Le Patriote : Mais avec la grave crise que nous traversons, quels sont en gros les obstacles qui ont un peu freiné les retombées de votre action ?

Dr Eddie Ossohou Albert : Il faut dire qu'au début, des problèmes de sécurité se posaient. Mais avec la communauté internationale c'est-à-dire l'UNICEF et l'OMS, nous sommes allés sur le terrain et petit à petit, les Forces nouvelles ont adhéré à notre politique de vaccination des enfants, si bien qu'ils ont accepté nos éléments et depuis février où nous n'avons fait des campagnes, nous avons noté aucun cas d'insécurité. Tous nos volontaires, tous nos vaccinateurs n'ont pas eu de problème. C'est pour vous dire qu'au niveau de la santé l'adhésion est aussi bien dans la zone ex-rebelle que dans les zones sous contrôle gouvernemental. La santé peut donc être un élément catalyseur pour la réconciliation nationale. Et je pense que sur ce plan, des gens nous ont aidé pendant toute notre activité. Lorsque le ministre d'Etat, ministre de la Santé et de la Population, le Docteur Albert Toikeusse Mabri a eu à conduire une mission de mobilisation dans ces zones, lors de la campagne de vaccination contre la polio, nous avons eu à relever un certain nombre problèmes. Car nous n'avons pas assez de personnel dans ces zones-là. Au niveau des équipements, beaucoup ont été saccagés ou emportés. Et, il faut dire qu'au niveau des médicaments, surtout au niveau des vaccins, nous avions un problème de conservation puisque les chambres froides à l'époque avaient été saccagées ou les groupes électrogènes volés. Mais depuis février, où nous nous sommes rendus sur le terrain, nous avons fait le point. Et beaucoup d'améliorations ont été apportées. Si bien qu'on a pu mettre en marche toutes les chambres froides. Ce qui a permis d'ailleurs de pouvoir faire les vaccinations là-bas puisque ces chambres froides nous ont permis de conserver nos vaccins. Et aujourd'hui, avec l'UNICEF nous avons eu à mettre en place un équipement minimum au niveau de la chaîne de froid et donc des réfrigérateurs. Nous sommes en train, petit à petit, de renouveler le matériel sur le terrain. Et Monsieur le ministre de la Santé et moi-même sommes partis jusqu'au Luxembourg où nous avons eu un don 400 millions de matériels de chambres froides. Tous ces matériels sont arrivés, ils sont au Port. Quand nous aurons ces matériels, nous allons les acheminer au Nord et à l'Ouest pour essayer de remplacer la chaîne de froid. Il y a aussi l'UNICEF et l'Union Européenne qui viennent de nous donner 22 véhicules 4x4 double cabine que nous allons distribuer aux Directeurs départementaux de ces régions pour leur permettre d'être un peu plus opérationnel sur le terrain parce que depuis février, les responsables sont sur le terrain effectivement, mais il leur faut quand même des moyens de locomotion. Il faut dire que nous n'avons pas encore repris totalement toutes nos activités.

Le Patriote : M. Le Directeur, malgré la volonté politique du gouvernement et l'implication de votre ministre et des partenaires, vous donnez l'alerte. Pourquoi ?

Dr Eddie Ossohou Albert : Nous déplorons des cas de refus qui ont amené M. le ministre à faire des réunions un peu partout, même dans les Mosquées. Il est même aller en Iran et en octobre, le vice-ministre iranien sera là avec des Imams pour discuter de tous ces aspects avec nos leaders religieux parce que dans ce pays ils ont éradiqué la polio effectivement. C'est pour vous dire que tous ces refus relèvent souvent de l'ignorance. Nous avons même déploré des refus de certains intellectuels à Abidjan ici à Cocody. Certains médecins à Cocody ont aussi refusé parce que les gens estiment que leurs enfants ont été bien suivis. Ils ont eu les trois dosages nécessaires. Donc, ils ne comprennent pas pourquoi on doit leur donner une dose supplémentaire. Mais le problème qui se pose c'est que pour la polio, le vaccin est très fragile. Et les vaccins que nous utilisons ne contiennent pas la pastille de contrôle qui nous permet de voir si le vaccin est avarié ou pas.
Ces vaccins doivent être conservés à moins de 8 degré. Et cela ne tarde pas à virer.
Donc on peut vacciner les enfants, mais vous n'avez pas les moyens de savoir que ces vaccins-là sont de bonne qualité ou pas. Nous demandons au niveau des centres de santé de relever les températures matin et soir. Mais souvent, on ne le fait pas. Donc les campagnes, sont des occasions que nous donnons aux enfants de pouvoir mieux se protéger. Ça n'a aucune incidence sur la santé de l'enfant. Au contraire, ça renforce la protection de l'enfant. Ça, c'est le premier élément technique que je dois vous dire.
Le deuxième élément technique c'est que nous vivons dans un environnement parasitaire. Je ne suis pas sûr qu'en Côte d'Ivoire, les familles déparasitent leurs enfants tous les trois mois ou tous les six mois. Et vous êtes sans ignorer que le parasite dans le tube intestinal détruit une partie des aliments, y compris les vaccins. En ce qui concerne la polio, c'est peut être 1/4 du volume des gouttes qui va aller dans l'organisme. Il faut que la population préserve vraiment les enfants.

Mamadou Doumbes, Coll : Dao M. (Stagiaire)

Lire l'article original : http://lepatriote.net/lpX3.asp?action=lire&rname=Société&id=12636


Retour actualités
 
Copyright © 2004 NG COM Santé tropicale. Tous droits réservés. Site réalisé et developpé par NG COM Santé tropicale