Hier, en milieu de matinée,
le Professeur Pape Salif Sow du service des maladies infectieuses
du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Fann avait quinze cas
de choléra à traiter sur les bras. Ainsi, la maladie
se propage à Dakar. Leur traitement ne lui pose pas problème.
Ce sont plutôt les accompagnants des malades qui constituent
une grande équation au niveau de la prévention.
La maladie du choléra gagne du terrain dans
la capitale. On parlait de six cas, vendredi dernier. Hier, au niveau
du service des maladies infectieuses de l'hôpital Fann, quinze
cas étaient recensés. "Je suis débordé
en ce moment, j'ai quinze cas de choléra à traiter",
nous annonce le Professeur Pape Salif Sow, visiblement préoccupé
par le sort de ces malades qui augmentent chaque jour en nombre.
Hier, dès les premières heures de la matinée,
le service des Maladies infectieuses du Chu de Fann reçoit
des personnes malades du choléra. "Le problème,
souligne le professeur Sow, c'est que cela commence à se
disséminer dans les autres quartiers. On parle maintenant
de Pikine, de Yoff, de Médina, de Yeumbeul et Keur Massar.
Mais pas de cas signalés à Rufisque".
"Depuis trois jours, j'ai la diarrhée et je vomis souvent.
Je crois que j'ai attrapé le choléra, c'est pourquoi
je suis venu pour me faire soigner", raconte un malade chez
qui des prélèvements de selles ont été
faits. L'homme est âgé de 61 ans, il habite la Médina.
Au début de son malaise, il s'était rendu à
la Fondation Elisabeth Diouf où lui seront prescrits des
médicaments, mais son état ne s'est pas amélioré.
L'homme avait jeûné, mais il lui sera demandé
d'interrompre son jeûne. Les prélèvements de
selles faits, il attend, au même titre que les accompagnants
des malades, d'être édifié sur son sort.
L'un de ces accompagnants est, depuis samedi dernier, au Chu de
Fann où est hospitalisée sa fille âgée
de 18 ans. Elle vient de la banlieue dakaroise, précisément
de Pikine. Elle raccompagnait sa mère à l'hôpital
Abass Ndaw quand elle a été aux prises avec des vomissements
et des diarrhées. "On la suit actuellement, j'attends
d'être édifiée sur son sort", explique
son parent qui l'accompagne.
Les agents des services des maladies infectieuses du Chu de Fann
et les agents du service d'hygiène qui y ont été
affectés le temps de l'urgence, semblent débordés
en ce début de matinée du lundi. L'arrière-cours
du hall du service sert de salle d'attente aux accompagnants des
malades. Les malades installés dans les salles et au niveau
des couloirs du bâtiment sont séparés de leurs
accompagnants par une bâche sur laquelle il est mentionné
: "Visite interdite dans cette salle".
A l'intérieur, les agents accélèrent l'offre
de soins sous la houlette du Professeur Pape Salif Sow. Par moment,
une infirmière d'Etat sort pour procéder à
un appel nominatif. L'accompagnant de ce malade se présente
et il lui est demandé soit d'acheter des médicaments
ou d'apporter des habits de rechange au malade. Les habits que portait
celui-ci à son arrivée, sont désinfectés
par les agents des services d'hygiène, avant d'être
remis aux accompagnants des malades.
En général, note le Professeur Sow, le traitement
est très simple. "Il faut leur remettre de l'eau. Ce
sont des sujets qui se déshydratent et il leur faut en même
temps codifier des antibiotiques pour tuer le microbe". Des
cas identifiés hier matin et qui n'étaient pas sévères
ont pu regagner leur domicile. "Pour le moment, malgré
la propagation, aucun cas de décès n'a été
enregistré", se félicite le Pr Pape Salif Sow.
Seulement, s'inquiète-t-il, "nous avons énormément
de problèmes au niveau de la prévention avec les accompagnants
des malades". Un malade draine quatre à cinq accompagnants,
alors que les risques de contamination de la maladie sont très
élevés. Le Pr Pape Salif Sow travaille avec le direction
et les services de sécurité de l'hôpital pour
que chaque malade ait un seul accompagnant. Ainsi, garantit le professeur,
"avec les règles d'hygiènes véhiculées,
même ceux qui sont restés à la maison pourront
être épargnés".
Pour la circonstance, les agents des services d'hygiène au
niveau de l'hôpital redoublent d'efforts. "On est organisé
en deux équipes. Une travaille le matin et l'autre, le soir.
Depuis le début où des cas de choléra ont été
signalés, on désinfecte matin et soir dans les salles
d'hospitalisation et aux alentours du Service des maladies infectieuses",
indique un agent du service d'hygiène. "Même les
voitures qui amènent les malades sont désinfectées
pour protéger les chauffeurs et les futurs clients s'il s'agit
des taxis".
Issa NIANG
Lire l'article original : http://www.walf.sn/actualites/suite.php?rub=1&id_art=13846
Après Rebeuss et
Colobane, des cas signalés à la Médina, à
Pikine, aux Parcelles Assainies, à Guédiawaye...
- Walfadjri - Sénégal
- 26/10/2004
La liste des zones de Dakar
touchées par le choléra risque de s'allonger dans
les jours à venir. Même si aucun cas n'a été
détecté jusqu'ici dans les autres régions du
Sénégal, la propagation de la maladie dans la région
de Dakar est d'une rapidité inquiétante au point qu'en
plus de temps qu'il n'en faut pour en parler, elle a débordé
des frontières de Rebeuss et Colobane pour toucher la Médina,
les Parcelles Assainies, Pikine, Guédiawaye, Yoff... Malgré
tout, la prévention s'organise.
La liste de cas du choléra ne cesse de s'allonger dans la
région de Dakar. Au nombre de six vendredi dernier, elle
porte sur une vingtaine de cas recensés. La situation est
alarmante, quoi que les autres régions de l'intérieur
n'aient pas été touchées par l'épidémie.
Malgré une vaste politique de prévention déployée
au Sénégal avec l'existence de deux directions en
charge sur la question, cette maladie diarrhéique a réussi
à s'installer dans la capitale. Cette situation est liée
"aux mouvements de populations" et "aux moyens de
communications", informe le docteur Johnson, de la section
de surveillance épidémiologique à la Direction
de la prévention sise au ministère de la Santé.
Selon lui, "le Sénégal est dans une zone où
il ne pouvait empêcher la pénétration de la
maladie car, depuis trois ans, tous ses pays limitrophes vivent
avec l'épidémie du choléra".
Saluant la rapidité avec laquelle le système de surveillance
sénégalais a détecté le premier cas
de la maladie, le docteur Johnson situe le "combat" à
mener à l'heure actuelle dans le domaine de la prévention
et y invite tout le monde. C'est ainsi qu'un important dispositif
de matériel accompagné d'une vaste campagne de communication
a été déployé dans les structures de
santé du pays, explique-t-il.
Créé il y a trois ans, le comité de gestion
de la prévention se charge des cas détectés
avec l'aide en son sein de différentes sections, notamment
la section d'hygiène, la section de surveillance épidémiologique,
la section de communication entre autres. Ces sections travaillent
en synergie et de façon permanente pour faire face, au-delà
même du choléra, aux autres maladies qui peuvent menacer
la quiétude des populations. Ainsi une fiche technique est
distribuée au corps médical pour chaque district afin
de permettre à ces acteurs de savoir ce qu'il faut faire
en cas d'apparition des premiers signes du choléra, explique
M. Johnson. Toujours par mesure de sécurité, les malades
sont traités sur place dans les hôpitaux de la localité
afin de réduire la propagation de la maladie. A l'en croire,
le simple fait de transporter le malade a engendré quatre
contaminations dont le premier cas a été noté
à Colobane. Selon le docteur Johnson, la vente d'aliments
et d'eau dans les rues commence à subir un contrôle
régulier avec l'appui des agents du service d'hygiène.
Mais l'accent doit être mis sur la conscientisation des populations
d'autant plus qu'il n'y a pas de "vecteur" de la maladie.
"Le réservoir du virus; c'est l'homme, le grand risque
c'est la population; car la bombe du choléra est entre ses
mains", renseigne le médecin. Selon lui, "il est
impératif aujourd'hui d'inculquer dans la conscience des
individus que ce sont eux-mêmes qui causent la maladie".
Absente du Sénégal depuis 1996, la maladie du choléra
due à une bactérie qui vit dans l'eau affecte les
intestins chez l'homme. Cette infection entraîne une diarrhée
accompagnée de vomissements chez le sujet et lui fait perdre
deux à quatre litres d'eau par jour. Seule une mesure d'hygiène
bien suivie peut en épargner les populations, martèle
le docteur Johnson.
Amadou NDIAYE
Lire l'article original : http://www.walf.sn/actualites/suite.php?rub=1&id_art=13847
Professeur Pape Salif Sow
(Maladies infectieuses au Chu Fann) : "La dernière épidémie
remonte au 31 octobre 1996" - Walfadjri
- Sénégal - 26/10/2004
"Officiellement, la dernière épidémie
de choléra remonte au 31 octobre 1996", explique le
Professeur Pape Salif Sow du service des maladies infectieuses au
niveau du Chu de Fann. D'après lui, cette réapparition
de la maladie est liée à un certain nombre de problèmes
d'insalubrité. Il y a, d'abord, la promiscuité et
l'absence d'assainissement dans les quartiers. Le Pr Sow se fait
même plus précis : "Si on regarde la configuration
des quartiers où la maladie a fait son apparition, ce sont
des quartiers où il y a une absence d'égoûts
et une mauvaise gestion des ordures ménagères".
A cela s'ajoute la précarité sociale. En effet, certaines
familles vivent dans des conditions de promiscuité qui favorisent
la prolifération des microbes et des vecteurs de transmission
des maladies.
Selon le professeur, cette épidémie de choléra
doit être considérée comme un problème
national. "Que chacun en ce qui le concerne s'y mette : les
imams, les pères de famille, les chefs de quartiers, etc.,
pour sensibilser les personnes sur les méthodes préventives
sur la maladie". Ces méthodes consistent à se
laver les mains aux sortir des toilettes ou en contact avec des
personnes atteintes, à éviter de consommer de l'eau
de boisson suspecte, et à désinfecter constamment.
I.NIANG
Lire l'article original : http://www.walf.sn/actualites/suite.php?rub=1&id_art=13848
|