La Centrale d'achat
des médicaments essentiels génériques et des
consommables médicaux (CAMEG) a initié une tournée
d'information sur ses activités. Débutée le
11 octobre dernier, la campagne vise d'une part, à présenter
le marché du médicament au Burkina Faso, son circuit
de distribution et d'autre part, à situer le rôle et
la place de la CAMEG sur ce marché. La première sortie
de terrain a conduit une quinzaine de journalistes dans l'Ouest
du Burkina, notamment à Bobo-Dioulasso, Banfora, Nouna et
Djibasso. La mission était conduite par le directeur ventes
et marketing, le Dr Placide Zigani et la chargée de communication
et des relations publiques, Mme Séraphine Sagnon.
En cet après-midi du jeudi 14 octobre, la ville de Djibasso,
située à près de 400 km de Ouagadougou connaît
une animation particulière. C'est jour de marché et
dans les rues grouillant de monde, des charrettes tractées
par des chevaux essayent de se frayer un chemin.
Le dépôt de médicaments essentiels génériques
du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) est pris
d'assaut par des clients "endimanchés".
"Je suis venu acheter des médicaments ici parce que
c'est moins cher. J'habite à quelques kilomètres de
Djibasso et quand je viens les jours de marché, je profite
pour acheter mes médicaments au dépôt parce
que je suis toujours sûr de trouver ici ce que je veux"
explique Abdrahamane Cissé, un client rencontré sur
le pas de la porte du dépôt. Moussa Guillogo, le responsable
du CSPS précise "les prescriptions se font surtout en
génériques, le dépôt disposant d'une
large gamme de produits pouvant faire face à la plupart des
maladies. La ville dispose aussi d'une pharmacie populaire qui vend
des spécialités en plus des génériques,
sinon notre dépôt ne propose que des médicaments
essentiels génériques".
L'exemple de Djibasso est illustratif de la réalité
de la CAMEG qui aujourd'hui, arrive à amener les médicaments
essentiels génériques (MEG) dans les hameaux les plus
reculés du Burkina à des coûts très abordables.
"Si la CAMEG n'existait pas, il aurait fallu la créer.
Le coût des spécialités est très élevé
dans les officines privées. Sans les dépôts
de vente des MEG, on allait avoir des problèmes de survie
avec les formations sanitaires", avouera le directeur régional
de la Santé des Hauts-Bassins, le Dr Mété Bonkoungou.
La région sanitaire des Hauts-Bassins compte 5 districts
avec 130 formations sanitaires pour une population de 1 350 000
habitants.
"Dans toutes ces formations sanitaires, on trouve des MEG.
Quand il n'y a pas de dépôt construit, les MEG sont
disponibles dans des armoires. Les ruptures de stocks sont pratiquement
inexistantes, ce qui est une bonne chose", assure le pharmacien
régional, le Dr Karim Sangaré.
Sur le plan national, il faut souligner qu'au premier trimestre
2000, 846 formations sanitaires disposaient d'un dépôt
de MEG fonctionnel, soit 92% des formations sanitaires existantes.
Pour approvisionner les formations sanitaires, la CAMEG a mis en
place 54 dépôts répartiteurs. Trois dépôts
régionaux installés à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso
et Fada N'Gourma sont chargés d'approvisionner les dépôts
répartiteurs. Un quatrième dépôt régional
est en voie d'ouverture à Ouahigouya.
Améliorer les conditions de stockage
Le district sanitaire du secteur 15 de Bobo qui a la particularité
d'être semi-rural couvre 29 formations sanitaires. Son dépôt
répartiteur se montre aujourd'hui exigu pour contenir ses
besoins en MEG. "Les locaux n'ont pas suivi le développement
des activités de notre DRD (dépôt répartiteur
de district). Nous avons des commandes mensuelles, d'environ 10
millions de francs. Les CSPS ne se ravitaillent qu'aux DRD, cela
en raison du contrôle de qualité des médicaments",
explique le médecin-chef, Moussa Ouédraogo, le responsable
du DRD du district sanitaire du secteur 15, le Dr Flore Ouédraogo,
insistera sur le contrôle de qualité qui doit être
rigoureux. "Les contrôles de qualité contribuent
à lever les doutes des médecins dans la prescription
des MEG". Ce souci de la qualité se ressentira dans
toutes les formations sanitaires visitées. Au CSPS de Yéguérésso,
Alassane Zida, le responsable, explique le fonctionnement du dépôt.
"Nous avons ouvert le dépôt en 1999, auparavant
nous ne disposions que d'une armoire. Nous avons actuellement des
commandes mensuelles de 400 000 ou 500 000 francs. Le coût
des produits est très abordable et notre comité de
gestion est dynamique. Nos marges bénéficiaires sont
équilibrées car tantôt nous avons 50% de bénéfice
tantôt 0%. Nous ne sommes pas une boutique pour faire de l'argent
mais nous devons quand même arriver à supporter nos
charges de fonctionnement". Ouvert en 1995, le dépôt
régional de Bobo-Dioulasso dessert 14 districts sanitaires
à travers 15 dépôts répartiteurs de district,
un Centre hospitalier universitaire (CHU) et 30 officines. Le dépôt
dispose de deux magasins, un de vente et un de stockage. "Nos
approvisionnements sont mensuels et nous livrons directement nos
clients qui sont les DRD, les officines et le CHU. L'exiguïté
de notre magasin de vente a nécessité la construction
d'un autre magasin", explique le Dr Félix Ilboudo, le
responsable du dépôt régional de Bobo. La fin
des travaux de construction du nouveau magasin de 2000 km2 et des
bureaux de l'administration du dépôt régional
est prévue pour la fin de l'année.
A Banfora, la visite de la direction régionale de la santé,
du District sanitaire de Banfora et du Centre hospitalier régional
de Banfora, a confirmé l'implantation des MEG dans la région.
"Avant, il y avait des ruptures mais actuellement, le problème
a été réglé. La CAMEG nous livre également
à domicile. Nous voulons que les CAMEG soit plus visible
dans le contrôle de qualité. Cela va faire la différence
avec les autres intervenants, dans les MEG. Devant toute chlororésistance,
les gens pensent d'abord à la mauvaise qualité des
MEG. La visibilité dans le contrôle de qualité
va dissiper cette suspicion", fait remarquer le pharmacien
régional, le DR Jean Chrysostome Kadéba.
Combattre les médicaments de rue
"La CAMEG doit insister sur la communication avec le grand
public et s'impliquer davantage dans la lutte contre les médicaments
de rue", dira le directeur général du CHR de
Banfora, Adama Compaoré. Quant au dépôt répartiteur
du district de Banfora, il se présente actuellement comme
un leader en termes de commandes mensuelles avec 12 millions de
francs environ.
La ville de Nouna a cette particularité que la médecine
traditionnelle y est très répandue. "90% des
patients passent par les tradipraticiens d'abord avant de venir
dans les formations sanitaires", reconnaît le médecin-chef
du District sanitaire de Nouna, le Dr Maurice Yé. Les produits
du Dr Dakuyo trônent d'ailleurs en bonne place dans le dépôt
répartiteur qui commande des MEG de 16 millions environ tous
les 2 mois. "C'est selon la qualité de la pathologie
et la disponibilité du médicament que je prescris
les spécialités. Nous adaptons nos prescriptions aux
moyens du malade", reconnaît le Dr Ourohiré Millogo.
Les prescriptions des MEG atteignent 95% à Nouna, et 100%
dans les CSPS, assurent les responsables sanitaires de la Kossi.
Si dans les grandes villes, la connaissance des MEG ne se limite
souvent qu'au paracétamol et à la chloroquine, il
faut aller dans les villages pour réaliser l'importance de
l'éventail des MEG. Actuellement, la CAMEG dispose de près
de 430 produits dont la moitié en médicaments essentiels
génériques et le reste en consommables médicaux,
en petits matériels médico-techniques, en matériels
et réactifs de laboratoire, en produits dentaires, en contraceptifs
et en antirétroviraux.
En une dizaine d'années d'existence, la CAMEG peut s'enorgueillir
d'avoir réussi à rendre les MEG disponibles sur les
plans géographique et financier pour la plus grande majorité
de la population. Il lui faut aujourd'hui se jeter dans la bataille
pour gagner le pari de la visibilité dans le contrôle
de la qualité.
Hamado NANA
Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidwaya_quotidiens/sid2004_19_10/sidwaya.htm
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