La mise en oeuvre
des mesures gouvernementales a fait surgir d’autres préoccupations.
Il n’a pas fallu attendre deux semaines pour que les premières
difficultés jaillissent sur le terrain. Depuis le 1er octobre
dernier, les traitements ARV ne coûtent plus que 3000 F et
7000 F par mois, selon le type de protocole prescrit au malade.
De même, les examens biologiques de suivi ont été
ramenés à 18.000 F Cfa. Ces mesures, pour l’essentiel
sont appliquées dans l’ensemble des centres de traitements
du pays. Tout ne se passe pourtant pas toujours sans problème.
A l’hôpital général de Yaoundé
par exemple, 50 malades dont le traitement se situe en dehors des
protocoles concernés, avaient pensé bénéficier
des nouveaux tarifs. Ils devront payer comme avant. Il faut rappeler
que la réduction concernait les protocoles dits de "
première ligne ". Le protocole étant lui-même
une association de médicaments. Et le même problème
se pose dans d’autres centres de traitement. Comme à
l’hôpital de la CNPS, où 10% des malades font
partie de la deuxième ligne. A Bafoussam, 20% de personnes
infectées sont concernées. Elles souhaiteraient donc
également voir leur traitement subventionné.
Autre entorse à l’application de la nouvelle tarification,
les incompréhensions à propos du traitement des enfants
malades. La décision du Minsanté stipulait que tout
traitement pédiatrique était gratuit. Mais les responsables
d’hôpitaux se sont parfois heurtés à ceux
de la Centrale nationale d’Approvisionnement en médicaments
essentiels (CENAME). Et pour cause : les deuxièmes ont argué
que seuls les prix des ARV sous forme de sirop étaient réduits.
Il se trouve pourtant que les enfants à partir de trois ans
reçoivent des prescriptions sous forme de comprimés.
C’est au centre Mère et enfant de la Fondation Chantal
Biya que cette difficulté se fait le plus ressentir.
Notons également le cas des malades indigents, bénéficiaires
du programme pilote Banque mondiale, et qui payaient jusqu’ici
leur traitement à 6075 et 6150 F par mois. A l’hôpital
central de Yaoundé, on a cru qu’il fallait les faire
payer 7000 F, comme indiqué dans la décision. Ce qui
induit donc plutôt une augmentation.
Le nouveau tarif des examens biologiques de suivi ne connaît
pas toutes ces turpitudes. Les malades expriment au contraire le
vœu de voir aussi les examens pré thérapeutiques
revus à la baisse. Ces examens, réalisés sur
les séropositifs, en vue de les orienter vers le type de
traitement le plus approprié, coûtent entre 30.000
et 35.000 F Cfa. C’est pour aborder ces questions et bien
d’autres, que le ministre de la Santé publique a réuni
ses collaborateurs des hôpitaux et structures concernées
hier matin.
Yves Atanga
Lire l'article original : http://207.234.159.34/article.php?lang=Fr&oled=j19102004&idart=19745&olarch=j14102004&ph=y
Les précisions d’Urbain
Olanguena Awono, ministre de la Santé publique - Cameroon
tribune - Cameroun - 14/10/2004
Cameroon tribune : Comment appréciez-vous
globalement l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs
de traitement du sida au Cameroun ?
Urbain Olanguena Awono
: Le nouveau dispositif est effectivement entré en
vigueur le 1er octobre 2004, et je me réjouis de ce que les
rapports qui remontent de tous nos centres de traitement indiquent
effectivement la mise en œuvre de la nouvelle tarification.
A savoir : 3000 F Cfa pour un mois de traitement, pour les combinaisons
à dose fixe, et 7000 F pour les autres protocoles. Et la
réunion que je viens de présider a permis de le vérifier
et d’apporter de nouvelles clarifications tout de même,
pour améliorer la qualité de ce dispositif.
Cameroon tribune : Quelles sont
les mesures prises pour assurer la disponibilité de ces médicaments
?
Urbain Olanguena Awono
: Nous disposons actuellement de stocks suffisants. 10.000
traitements sont disponibles pour les protocoles dits "de première
ligne" et un peu plus de 2000 traitements pour les protocoles
de deuxième ligne. En outre, nous avons déjà
lancé de nouvelles commandes et le problème de la
disponibilité ne se posera pas. Nous avons d’ailleurs
décidé de renforcer la proximité de cette disponibilité,
puisque les centres d’approvisionnement provinciaux du médicament
sont désormais autorisés à distribuer les ARV.
Il ressort des rapports des responsables d’hôpitaux
que tous les malades ne bénéficient pas de ces nouveaux
tarifs, notamment ceux sous protocole dits de "deuxième
ligne"…
Les malades qui sont sous traitement sur la base des protocoles
de deuxième ligne représentent à peine 3%.
La deuxième ligne, c’est déjà la ligne
des complications de la maladie. Si les malades sous protocoles
de première ligne suivent bien leur traitement, il n’y
a pas de risque qu’ils se retrouvent dans la deuxième
ligne. Donc, la mesure bénéficie largement au plus
grand nombre. Pour les autres, je suis en train de chercher avec
mes collaborateurs, des subventions appropriées pour pouvoir
les couvrir. Je crois que ce sera fait très bientôt.
On a également relevé le problème de la subvention
des traitements pour enfants, notamment les formes autres que les
sirops…
C’était un problème d’interprétation.
Je viens de le clarifier : tous les traitements de forme pédiatrique
du VIH sont subventionnés et donc gratuits.
Cameroon tribune : Il semble
également que la nouvelle tarification, appliquée
aux malades bénéficiaires du programme pilote Banque
mondiale, entraîne plutôt une augmentation du coût.
Pourquoi ?
Urbain Olanguena Awono
: Cela ne devrait pas se faire. Je pense que là, c’était
une mauvaise compréhension du dispositif. Ceux qui sont concernés
par les protocoles de traitement à 3000 F doivent bénéficier
de cette mesure, alors que jusque-là ils payaient un peu
plus de 6000 F Cfa par mois. Et ceux qui rentrent dans les protocoles
de 7000 F, continuent à payer ce qu’ils payent actuellement.
Donc, moins de 7000F. Il n’y aura pas d’augmentation.
Cameroon tribune : Comment les
malades accueillent-ils les nouveaux prix du traitement ?
Urbain Olanguena Awono
: J’ai sur ma table, une lettre de félicitations,
adressée au gouvernement par l’une des associations
les plus importantes de personnes vivant avec le VIH au Cameroun.
Je crois que la mesure est bien accueillie par la population.
Yves Atanga
Lire l'article original : http://207.234.159.34/article.php?lang=Fr&oled=j19102004&idart=19746&olarch=j14102004
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