Les médicaments à base d’artémisine,
très efficaces dans le traitement du paludisme, seront disponibles
à bas prix dès le début de l’hivernage dans le
système de santé du Sénégal, a annoncé
le Dr Moussa Thior, coordonnateur du programme national de lutte contre
le paludisme (Pnlp) du Sénégal, au cours d’une interview
qu’il nous a accordée à Dakar, à l’occasion
de la célébration de la Journée africaine contre cette
endémie.
Le paludisme tue toujours, mais il fait de moins en moins de ravages au
Sénégal grâce aux interventions diverses menées
dans le cadre du Pnlp, avec l’appui des partenaires au développement
auprès de l’Etat. Ce dernier multiplie les actions pour réduire
davantage la mortalité liée au paludisme, à défaut
de pouvoir l’éradiquer. Et le Pnlp en est, entre autres, une
parfaite illustration.
“ Nous sommes à quelques mois de l’évaluation
des acquis nationaux par rapport aux objectifs retenus en avril 2000 à
Abuja (Nigeria) par les chefs d’Etat et de gouvernement africains
et, du point de vue des actions stratégiques, nous sommes sur la
bonne voie au Sénégal ”, nous a confié au cours
d’une interview, le Dr Moussa Thior, coordonnateur du programme national
de lutte contre le paludisme (Pnlp) du Sénégal.
Rappelant les objectifs d’Abuja, le médecin a précisé
qu’ils sont constitués par les questions de prise en charge
correcte pour 60% des cas, la chimio-prophylaxie chez la femme enceinte
et l’accès aux matériaux de protection contre les piqûres
des moustiques pour les groupes vulnérables.
Combinaisons thérapeutiques à base d’artémisine
Le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) devrait donc,
a-t-il souligné, favoriser le traitement correct de 60 % des cas
de paludisme, surtout chez les couches les plus vulnérables que sont
les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Pour cela, la chloroquine
à laquelle le germe responsable du paludisme développe de
plus en plus de résistance est en passe d’être remplacée
par d’autres médicaments dans le cadre de la mise en œuvre
de la nouvelle combinaison thérapeutique.
À ce sujet, Dr Moussa Thior, coordonnateur du Pnlp révèle
: “ Le changement de protocole dans la lutte contre le paludisme nous
emmène vers des médicaments très efficaces, en l’occurrence
les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisine
(Act). “ Nous espérons en disposer d’ici le début
de l’hivernage ”, annonce le Dr Thior.
À l’en croire, la substitution de la chloroquine par un autre
remède fera l’objet d’une vaste campagne de sensibilisation
pour faire accepter ce changement de protocole par les populations et combattre
plus efficacement le paludisme.
Le Pnlp s’emploiera également à encourager l’accès
au traitement préventif intermittent (Tpi) pour les femmes enceintes.
“ Cette prise en charge s’effectue jusque-là bien avec
l’engagement du personnel traitant, particulièrement des sages-femmes
qui conscientisent en permanence les femmes enceintes, lors des consultations
prénatales, à la prise de médicaments antipaludéens
et à l’utilisation de la moustiquaire imprégnée
”, assure le médecin.
Sur ce registre, le coordonnateur du Pnlp précise que les enfants
de moins de 5 ans et les femmes enceintes ont également un accès
facile à la moustiquaire imprégnée et que le marketing
social a favorisé l’acceptation de ce moyen de protection efficace
”.
“ Il faut dire que l’adhésion des populations à
la promotion de la moustiquaire imprégnée est très
importante ”, a-t-il insisté. Comme exemple, le coordonnateur
du Pnlp a expliqué que “ dans le district de Popenguine, le
taux de couverture en moustiquaire imprégnée, qui était
inférieur à 1 % en 1999 est passé à 35 %, voire
45 % en l’espace de cinq ans ”. Il ajoute que la demande est
en ce moment plus importante que l’offre dans beaucoup de zones du
pays.
Mais, notre interlocuteur estime que les moustiquaires, vendues entre 3.500,
4.000 et 4.750 F Cfa, coûtent cher pour les populations, notamment
les familles nombreuses. “ Nous avons vu que dans les zones où
la moustiquaire est subventionnée, il n’y a pas de problèmes
”, a indiqué le médecin. C’est ainsi qu’il
a salué le système de recouvrement à long terme introduit
par des partenaires comme l’Usaid et l’Unicef.
“ Il pose moins de difficulté d’acquisition, a-t-il dit,
et permet à beaucoup de gens de s’en procurer, grâce
au paiement étalé sur plusieurs mensualités ”.
Pour ce qui est des moustiquaires appelées “ long lasting ”
(qui dure longtemps) où la tendance est à une utilisation
à grande échelle, le coordonnateur du Pnlp déplore
le fait que celles qui sont homologuées par l’Oms ne sont fabriquées
que par deux firmes. Celles-ci, dit-il, “ ne peuvent pas, pour l’instant,
satisfaire toute la demande mondiale ”. Il s’y ajoute, selon
le Dr Thior, les longs délais de livraison.
Pour vaincre le paludisme ou vivre avec sans en mourir, le Dr Moussa Thior
appelle à la mise en place partout au Sénégal de réseaux
d’appuis communautaires en faveur des activités de lutte contre
le paludisme. Cette stratégie qu’il apprécie aurait
permis, ces dernières années, de réduire de 60 % le
taux de mortalité lié au paludisme dans les districts de Bignona
et de Popenguine. “ Je connais très bien les districts de Bignona
(Région de Casamance) et de Popenguine (Région de Thiès)
où j’ai eu à servir comme médecin. Dans ces zones,
on a enregistré de grandes avancées dans la lutte contre le
paludisme, surtout avec les réseaux d’action communautaire
(Rac) ”, nous confie-t-il. “ Nous avions pu, grâce à
ces Rac, mettre à contribution les femmes, les jeunes et les guérisseurs
traditionnels auprès des personnels de santé pour développer
des initiatives à base communautaire ”, ajoute-t-il.
MOUSSA
SADIO
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l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=49236