Les associations membres de l’International
Planned Parenthood Federation (Ippf) se réunissent depuis hier à
Dakar autour d’un atelier de capitalisation sur les expériences
en matière de promotion de la contraception d’urgence (Cu).
Cette rencontre intervient quinze mois après les actions de promotion
de la contraception d’urgence.
Durant 4 jours, les représentants du Congo Brazzaville, du Maroc,
de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Sénégal
vont échanger leurs expériences et dégager les perspectives
pour un meilleur accès à la contraception d’urgence.
La contraception d’urgence (Cu) est une méthode de rattrapage.
Elle s’utilise en cas d’absence ou d’échec des
méthodes contraceptives habituelles. Selon Mme Dominique Pobel, chargée
de mission terrain au sein de l’Ong Equilibre et Population, la Cu
est loin d’être un avortement.
Elle ne concerne pas un embryon implanté et ne peut donc pas interrompre
une grossesse établie. Elle “ doit être utilisée
comme un produit d’appel en faveur d’une contraception régulière
”, ajoute-elle.
En Côte d’Ivoire, au Congo Brazzaville et même au Sénégal,
la Cu répond à un besoin énorme des populations, particulièrement
des femmes en âge de procréer. Selon le Dr Adama Maurice N’djore,
représentant de la Côte d’Ivoire : “ la plupart
des femmes sont pour cette initiative ”. “ La Cu est la bienvenue
dans la mesure où elle constitue une méthode supplémentaire
dans les moyens de contraception régulière. Elle doit être
prolongée, renforcée et soutenue par les autorités
”, ajoute-t-il.
Tirant le bilan des quinze mois d’expériences de sensibilisation
et de vulgarisation du produit, le docteur N’djore affirme que “
c’est une expérience prometteuse qu’il faut étendre
à toutes les régions et secteurs de distribution ”.
Au Congo Brazzaville, l’Association congolaise pour le Bien-être
familial (Acbef) a d’abord adopté une démarche de recherche.
“ Nous avons établi un questionnaire qui nous donnait des informations
sur les femmes ”, affirme M. Abel Zéphirin Moukolo, représentant
l’Acbef du Congo Brazzaville. Mais si certaines ont certes accepté
la Cu, ce n’est pas le cas d’autres “ qui ne sont pas
revenues, soit parce que le mari ne veut pas ou à cause de la religion,
ou même par crainte des effets secondaires ”, dit M. Moukolo.
Malgré toutes ces contraintes, la Cu reste bien connue au Congo Brazzaville,
d’après son représentant. Pour cela, “ il faut
que le produit soit disponible dans les centres de santé impliqués
dans le projet ”, ajoute M. Moukolo.
La contraception d’urgence est évaluée à plus
de 3 000 FCfa dans les pharmacies. Mais, pour aider les femmes qui en ont
besoin, la plupart des associations des pays concernés le vendent
à 900 FCfa. Pour sensibiliser les populations, Mme Soda Diouf, qui
est sage-femme à l’Asbef de Saint-Louis, organise des séances
de causerie pour parler du produit. Bien qu’elle se heurte parfois
aux contraintes d’ordre religieux, elle avoue que “ la demande
reste très forte ”, aussi bien au sein de l’association
que des pharmacies dont elle a un retour d’information sur la demande.
Toutefois, ajoute-t-elle, “ nous leur demandons de ne pas trop utiliser
ce produit à cause des conséquences médicales qui y
sont liées (tumeurs, saignement, irrégularité du cycle,
etc.) ”.
La contraception d’urgence entre progressivement dans les habitudes
des populations. C’est un projet novateur, le premier du genre dans
les pays africains francophones. Et, même si le programme de vulgarisation
de la Cu a suscité la curiosité des partenaires au développement,
le plus dur reste à faire, selon M. Cyril Wissocq, directeur des
opérations à “ Equilibre et Population ”. “
En plus d’assurer la continuité, elle va ouvrir la voie à
d’autres perspectives pour que les gouvernements puissent introduire
la Cu dans leur programme de santé ”, note-t-il en substance.
Quinze mois après son lancement, la Cu est en train de dépasser
la phase de défi pour atteindre son objectif final : être accessible
à toutes les populations, selon leurs moyens et les lieux où
elles se situent.
SIKIRATOU AHOUANSOU
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l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=49260&index__edition=10471